Agrégation / École d'ingénieur

Bonjour,
Je suis étudiant à l’École Nationale des Ponts et Chaussées en première année. Pour l'instant je ne trouve aucun plaisir dans l'enseignement que je reçois (théorie et rigueur totalement négligées, des profs qui ne se donnent point à fond en classe et qui ne donnent aucune envie à suivre leurs cours), et ayant une grande nostalgie vis à vis de mes deux années en prépa je voudrais bien faire après de la recherche/enseignement en maths (pourquoi pas des maths théoriques) et j'ai plusieurs questions (j'espère ne pas être trop lourd) auxquelles j'espère trouver la réponse sur ce forum.
1- Repasser les ENS en candidat libre est une bonne idée ? (surtout commencer à préparer à ce stade de l'année)
2- Quelles sont les étapes pour devenir un enseignant en CPGE Scientifique à part faire agrég (en détail, et si-possible pour les étrangers) ?
3-Peut-on passer l'agreg après une école d'ingénieur (sachant que dans mon cas je me retrouverai après 3 ans avec des notions en analyse fonctionnelle, EDP, Proba et Optimisation) ?
4-Peut-on passer l'agreg et devenir prof en CPGE scientifique après avoir travaillé quelque part avant (ingénieur par exemple) et dans ce cas quelle est la limite d'âge possible ?
Je vous remercie d'avance pour vos réponses.

Réponses

  • Pour les question 3 et 4 la réponse est oui.

    Pour la question 2 : actuellement avoir fait une thèse au préalable est fortement recommandé, mais ce n'est pas nécessaire. A part l'agrégation il n'y a pas vraiment d'étape spécifique. La thèse est un plus, le bon classement à l'agreg l'est aussi, l'expérience d'enseignement dans le secondaire et le supérieur est un plus...

    À noter : tout le monde peut passer le concours de l'agrégation, mais pour être recruté par l'éducation nationale il y a des conditions sur la nationalité. En gros il faut être citoyen de l'union européenne ou suisse.
  • Bonjour.

    Si c'est pour "faire après de la recherche/enseignement en maths", la voie recherche n'est pas l'agrégation, mais la thèse. Et cette fois sans condition de nationalité.
    Il est même possible que ton école ait une voie pour passer un M2 recherche en même temps que le diplôme d'ingénieur.

    Cordialement.
  • L'ENPC a un département maths, peut-on suivre en parallèle le cursus maths avec L3 , M1 en parallèle avec la fac ?
    Certainement oui.
    Surtout que l'école est réputé dans le domaine des mathématiques / finance.
    Il doit y avoir une fac pas loin de Disneyland ...
  • Je ne suis vraiment pas d'accord avec la 3, en tout cas pas si la question est "directement". Il y a des pans entiers du programme de l'agrégation qui ne sont pas abordés ni en prépa, ni en école d'ingénieurs. Il suffit de jeter un coup d'oeil au programme officiel.

    A mon avis, après une école d'ingénieur il faut au moins un ou deux ans de préparation.
  • Salut,
    Petit témoignage sur mon cas personnel qui s'approche fortement du tien. Comme toi, j'ai réalisé en entrant en école d'ingé que je ne pensais pas être fait pour les métiers auxquels elle préparait.
    En parallèle de mes deuxième et troisième année, j'ai suivi une L3 puis un M1 de maths en enseignement par correspondance avec Paris 6. Puis pendant ma troisième année, j'ai passé le second concours d'entrée de l'ENS Paris-Saclay, qui porte sur un programme de maths niveau L3/M1 et permet de rentrer directement en troisième année du cursus normalien... donc en prépa agreg. Et je l'ai eue avec un bon classement. Je ne suis pas - encore - prof en prépa mais j'ai bon espoir d'avoir un poste à la fin de ma thèse.
    Donc c'est tout à fait possible, sans avoir à renoncer à ton diplôme d'ingénieur (qui, d'après ce que m'a dit un inspecteur général, est aussi apprécié au moment de faire les affectations en CPGE). Je ne te cache pas que ça demande un peu de boulot quand même (:D
    En tout cas si tu as des questions sur la formation par correspondance de Jussieu et/ou le second concours des ENS (que je te recommande tous deux fortement), n'hésite pas !

    PS sur ton point 4 : le site des inspecteurs généraux indique, sur la page Comment devenir enseignant en CPGE ?,
    "Les affectations seront réalisées en tenant compte de plusieurs critères parmi lesquels figurent notamment : [...]
    — les autres expériences professionnelles"
    Donc je dirais qu'avoir travaillé comme ingé avant est même un avantage par rapport au jeune agrégé/docteur qui n'a jamais mis le nez en dehors de sa fac.
  • @olafgrossebaf : tu dis "qu'avoir travaillé comme ingé avant est même un avantage par rapport au jeune agrégé/docteur qui n'a jamais mis le nez en dehors de sa fac", qui m'amène quelques réflexions :

    - il est clair qu'avoir travaillé quelques années dans l'ingénierie amène un recul général (très utile pour répondre aux questions des étudiants sur le métier d'ingénieur), qu'il n'est pas anormal de valoriser. J'ai plusieurs exemples en tête de telles reconversions, et pas qu'en maths, et qui sont de parfaites réussites. Par contre, il s'agissait le plus souvent de trentenaires qui s'étaient bien épanouis dans leur école d'ingénieur puis dans leur travail, mais qui avaient voulu voir autre chose.

    - le cas d'un entrant de 20 ans en école d'ingénieur qui découvre en septembre/octobre que les maths qu'on y fait ne sont pas assez rigoureuses et que seul l'enseignement attire, est souvent (mais pas toujours) lié à deux causes : la non-information et la pression sociale. Dans toutes les prépas qui voient passer un peu de monde, ce profil d'étudiant est certes rare mais revient régulièrement. Les enseignants lui conseille souvent d'envisager une formation universitaire, via une entrée sur concours ou sur dossier dans une ENS, ou candidater à un magistère (il y en a plusieurs d'excellents). Il s'agit également du profil type d'étudiant à qui l'on conseille une 5/2, puisque pour eux ce n'est jamais une année de perdue, puisque c'est une année qui va servir à consolider durablement le programme de prépa. Mais il arrive souvent, et c'est bien dommage, que les a priori sur les facs reprennent le dessus avec le raisonnement "je n'ai pas fait une prépa pour rentrer en L3 en fac après, nom d'une pipe", et ces élèves se persuadent eux-mêmes (et contentent leur famille par la même occasion) une rentrer en école d'ingénieur n'est pas plus mal et qu'ils continueront à faire des maths malgré tout : la douche n'en est que plus froide après, les maths d'école d'ingénieur ne sont pas les maths universitaires !

    - évidemment, comment un étudiant qui après une 3/2 entre en école d'ingénieur, fait des maths de son côté ou par une formation à distance peut-il attaquer une prépa agreg avec les mêmes chances que l'étudiant au même profil qui lui a choisi de faire 5/2, puis est rentré sur dossier dans une ENS où il a travaillé les maths à plein temps ? Il est de plus évident que le premier, indépendamment de ses résultats à l'agrégation, aura un bagage général en mathématiques inférieur au deuxième. Fera-t-il un moins bon prof de prépa ? Pas sûr car les connaissances seules ne font pas tout, mais il reste tout à fait normal de privilégier le deuxième au premier pour un premier poste.
  • Sans être en total désaccord avec toi @NicolasM, j'ai quand même quelques doutes :
    - Sur le premier point : j'ai du mal à imaginer des ingénieurs épanouis dans leur travail qui acceptent de sacrifier des mois voire des années à la préparation du concours et de diviser leur salaire par deux juste pour "voir autre chose"
    - Sur le second point : "les maths d'école d'ingénieur ne sont pas les maths universitaires", ça dépend. Dans de nombreuses écoles dont les Ponts, il est possible de faire de belles maths (appliquées, certes) lorsqu'on avance dans le cursus (en 2è et 3è année). De plus comme l'a dit gerard0 il y a souvent des accords passés avec des universités pour pouvoir préparer un M2 recherche en bénéficiant d'un aménagement du cursus ingénieur.
    - Sur le troisième point : "Il est de plus évident que le premier, indépendamment de ses résultats à l'agrégation, aura un bagage général en mathématiques inférieur au deuxième" Il me semble justement que les IG se basent sur les résultats à l'agrégation pour juger du bagage en mathématiques des candidats...
  • Deux points qu'il me semble important de préciser :
    -les affectations en CPGE se font à la main, ce n'est pas un algorithme. Cela peut donner un côté un peu obscur mais tant qu'on n'a pas mis les mains dans le cambouis, il y a sûrement un grand nombre de choses qui nous échappent! Tout ça pour dire qu'il est dangereux de tout miser sur un poste en CPGE, on peut avoir un dossier très bon mais pas de poste au mouvement (même dans les 20 premiers à l'agreg avec une thèse qui va être soutenue).
    Il faut donc te demander si enseigner en collège ou au lycée te plairait. De plus, étant matheux tu as certainement fait MPSI puis MP* ou MP. Or en enseignant en prépa tu n'auras probablement pas ces classes là (pas tout de suite voire pas du tout). Il ne faut pas l'oublier.
    -comme le précise Héhéhé les maths en école d'ingénieur et le programme de l'agreg, ce n'est vraiment pas la même chose! Il y a quand même toute l'algèbre à découvrir puis maîtriser! Et même en analyse il y a des choses à voir. De plus les cours en école d'ingénieurs ont souvent pour but que les élèves savent utiliser des outils plutôt que les maîtriser. J'ai préparé à l'agrégation un ami en thèse qui avait fait l'ENSTA, on a essentiellement fait de l'algèbre.
  • Il faut aussi avoir en tête que ce sentiment de non-rigueur et de "n'importe quoi" des cours est systématique en sortie de prépa, car l'enseignement dispensé là-bas est ultra formaté et calibré. Quand j'étais à Orsay en L3, beaucoup de gens se plaignait de la soit-disante non rigueur des profs, car ils s'autorisaient des abus d'écriture, des raccourcis qui sont des crimes infâmes en prépa. Pourtant ce sont des mathématiciens de premier plan !

    Bref à un moment il faut accepter que la façon d'enseigner post-prépa ne soit pas comme en prépa. Ca ne veut pas dire que les cours sont moins bien ou moins rigoureux, mais l'enc***** de mouche, nécessaire à un moment de l'enseignement pour former les élèves, doit disparaitre car ca finit par freiner plus qu'autre chose (je me rappelle encore des gens qui se plaignaient que certains profs d'Orsay osaient mettre des quantificateurs après "car ca n'est pas rigoureux", genre $f(x ) =0,\ \forall x \in \R$...).
  • Je vous remercie beaucoup pour vos réponses qui m'ont grave éclairé la situation
  • Je te conseille de sortir de l’école d'ingénieur avec le diplôme en poche. De faire quelques années dans un job/formation M2 finance ou ce que tu veux... le temps que tu termines une procédure de naturalisation.

    Une fois que tu as la nationalité française, tu passes l'agrégation en passant par une prépa agrég (il te faut de l'argent de côté pour financer une année ou 2). Je te signale que l'écrasante majorité des admis sont soit passés par des prépas agrég soit des élèves de l'ENS.

    Sans nationalité française, tu seras comme moi, poussé vers le capes privé, pour travailler en collège et éventuellement en seconde. Et encore, il faut justifier le titre de séjour avec permis de travail... Sur tous les admis agrégation, seul 15 sont professeur certifiés. D'ailleurs je n'ai pas le temps de préparer l'agrégation avec toute cette paperasse, les réunion pédagogiques, conseil de vie lycéenne, réunions parents profs, corrections, les ap...
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