Utilisation de la calculatrice au bac
Bonjour
Suite au couac monumental qui a fait acheter à au moins deux classes d'âge déjà des calculatrices avec "mode examen", et qui me scandalise vu la vétusté que m'inspirent ces calculatrices et vu aussi le monopole (quasi) de deux grandes marques sur ce marché ;
suite aussi à tout ce que je constate sur le terrain au niveau de la faiblesse inouïe des élèves en calcul mental et quant aussi au sens (à l'absence de sens) donné au calcul ;
j'en viens à une opinion assez radicale, c'est que la calculatrice devrait être interdite au bac. Personnellement, je l'interdis à mes élèves de seconde en classe, pendant tout le début de l'année scolaire (de septembre à avril...).
J'aimerais avoir votre avis là-dessus.
Vincent
Suite au couac monumental qui a fait acheter à au moins deux classes d'âge déjà des calculatrices avec "mode examen", et qui me scandalise vu la vétusté que m'inspirent ces calculatrices et vu aussi le monopole (quasi) de deux grandes marques sur ce marché ;
suite aussi à tout ce que je constate sur le terrain au niveau de la faiblesse inouïe des élèves en calcul mental et quant aussi au sens (à l'absence de sens) donné au calcul ;
j'en viens à une opinion assez radicale, c'est que la calculatrice devrait être interdite au bac. Personnellement, je l'interdis à mes élèves de seconde en classe, pendant tout le début de l'année scolaire (de septembre à avril...).
J'aimerais avoir votre avis là-dessus.
Vincent
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Réponses
Par contre je trouve assez dégueulasse de ne pas faire apprendre les tables, les nombres, les procédés de calcul sur les fractions, les racines carrées, etc. et de dire aux gens « fais le calcul avec ta tête ».
Et pour moi c’est ce qui se passe.
Une image : c’est comme si on ne faisait plus utiliser de stylo, crayon, feutre à une classe d’âge depuis le début de la scolarité (3 ans), et que cette classe d’âge avait appris à « écrire » (la langue) avec des tablettes et claviers et qu’on décidait d’interdire les claviers au BAC en leur fournissant un stylo. C’est d’ailleurs quasiment ce que l’on est en train de faire : « comme les élèves n’aiment pas écrire, je donne des polys » confient certains (beaucoup) professeurs.
Autre image : on fait grandir un gamin en Asie et on le fait manger avec des baguettes puis pour ses 18 ans, on lui demande s’il sait manger et on lui donne une fourchette pour le prouver.
On peut inverser et choisir un occidental qui apprend avec ses couverts et à qui on demande de prouver qu’il sait...se servir de baguettes.
Pas de polémiques sur ces métaphores, je vous prie, ce ne sont que des illustrations.
C’est ce que l’on ferait si l’on interdisait la calculatrice alors que des calculs sont nécessaires pour réussir.
On a « interdit » (J’exagère, ce n’est pas explicitement écrit comme ça) de faire apprendre les tables « bêtement », on encourage à ne plus faire de calcul trop difficiles avec des fractions, on conseille de manipuler les puissances sur des exemples simples (surtout pas théoriques), on demande d’éviter de développer des expressions littérales, on a retiré les propriétés sur les racines carrées (phrase exacte d’un inspecteur qui justifie ce retrait : « on n’arrivait pas à le faire faire à tous les élèves »).
C’est pour cela que je ne saurais être catégorique sur l’utilisation de la calculatrice.
Par contre, on pourrait tout écrire sans effectuer les calculs.
On pourrait demander aux élèves d’écrire par exemple : AB=(2-1,2)x(8/4+5).
Les élèves gagneraient de l’aisance en calcul littéral (disons calcul symbolique) sans même utiliser des lettres.
On pourrait aussi proposer des nombres pour AB (-7 ; 5,6 ; 4 ; 123).
Cette dernière étape demanderait du calcul mental (ordre de grandeur à minima) mais ne pénaliserait pas complètement le candidat qui n’a pas eu le droit aux exigences s’il y a 30 ans.
Bien entendu, dans certaines zones aisées, aucun problème, les élèves sont confrontées à ses exigences et n’opposent aucune résistance. Ils s’ennuient tout autant mais acceptent. Les parents, eux-mêmes, exigent ces choses jugées « bêtes » par nos rédacteurs des programmes.
Je n'ai aucune espèce d'idée sur la source du problème : le primaire ? le collège ?
En tous cas, la non-connaissance des tables de multiplication lèse bon nombre d'élèves.
Anecdotiquement, je me souviens d'un élève de MP en colle (je suis colleur), tout le problème reposait sur le nombre 56 (c'était un exo sur les groupes je crois, je ne me souviens plus), et à la fin il trouvait 7x8 et il a passé 20 minutes (montre en main) à revérifier tous ses calculs depuis le début, quand, à la fin, il s'est aperçu que 56 était égal à 7x8 et il a dit à tout le monde dans le couloir qu'il s'était trompé sur une multiplication (véridique)...
Un élève qui a sa calculatrice bien remplie avec des programmes que les élèves se donnent entre eux (cours, méthodes sur exercices types etc) et qui sait un minimum raisonner (oui il y a au moins cela et pour beaucoup c'est suffisant! ) pourra toujours s'en sortir dans les épreuves actuelles même si cet élève ne sait rien faire de lui même!
On voit bien d'aileurs que les tests d'évaluations poussent de plus en plus à cette tartufferie organisée. Désormais un élève moyen en maths qui ne sait pas utiliser sa calculatrice aura une moins bonne note qu'une buse totale qui a appris toutes les astuces avec sa calculatrice et qui saura grapiller les points...
Je ne suis pas un anti calculatrice à la base mais son utlisation actuelle n'est prétexte qu'à une forme de tricherie.
Autoriser la calculatrice à un élève en pensant "il saura se limiter dans son utilisation" c'est comme demander à un gamin de ne pas trop jouer en lui mettant une manette dans la main et en le laissant tranquille...
Il y a encore quelques années, les élèves de TS avaient un formulaire de 4 pages autorisé à chaque épreuve. Les élèves ont maintenant moins que ces 4 pages dans la calculatrice (ou tellement mal écrits qu'ils ne s'y retrouvent pas...).
Et aussi dans les dépenses que cela représente pour les familles.
Après ce n'est pas si simple car en physique, ils en ont besoin il me semble.
Ça viendra un jour avec des tablettes intégrées dans les tables de compositions.
Bon, personne n’attend cela avec impatience...
-- Schnoebelen, Philippe
Et les pannes à gérer (:D
Les piles que le gestionnaire a oublié de commander X:-(
Parce que vous les connaissez vos élèves? Vous croyez peut-être qu'ils vont vous montrer fièrement tout ce qu'ils ont dans leurs calculatrices?
Le formulaire cela fait un moment qu'il n'existe plus et dans le formulaire il y avait quelques formules ou théorèmes du cours (pas tous d'ailleurs!) et certainement pas la marche à suivre pour résoudre des exercices types.
A l'époque du formulaire il y avait encore des questions pas toujours types justement où un mauvais élève ne pouvait pas répondre même avec l'aide de ce formulaire alors qu'aujourd'hui presque tout est calibré pour l'utilisation de ces pompes de manière presque invisible et c'est cela le plus dramatique à mon avis.
Ce que je dénonce, mais apparemment je suis le seul, c'est le fait que dans la pratique, au quotidien, dans les cours de maths, les élèves ont les yeux braqués sur leur calculatrice pour le moindre calcul, et qu'ils n'ont aucune espèce de bon sens pour les opérations du type 0/2, 2/0, 3/0,1, 4^2, 3/(1/2) etc
pour cette raison, et vu le niveau catastrophique en calcul face au très faible gain pédagogique apporté par les calculatrices, je serais réellement favorable à leur interdiction en classe de seconde.
En première STI comme j'ai eu cette année, c'est différent, ils aiment bien avoir des valeurs approchées de f(3), un résultat comme 1,732 a plus de sens pour eux que $\sqrt{3}$, qui dans leur esprit ne signifie rien.
On pourrait objecter que ces élèves ont été en seconde et que donc en seconde aussi la calculatrice donnerait du sens à $\sqrt{3}$. Pourtant il me semble justement que ce sens-là aussi peut exister sans l'appareil : il suffit de donner aux élèves en cours et en contrôle les valeurs approchées nécessaires.
Cela me frappe toujours que des élèves puissent comprendre les $\sqrt{2}/2$ et $\sqrt{3}/2$ des tables trigo sans avoir la moindre idée de la valeur approchée de ces réels là
il faudrait faire un grand travail sur les nombres eux mêmes
je vois aussi les résultats (plutôt bons le plus souvent ) d'élèves de terminale S m'affirmant haut et fort que 0/5 n'est pas possible , que (a+b)/a=b (je ne vois pas le problème...), incapable sans leur béquille de faire des calculs même simplissimes (-3-5? heu...) , de factoriser , de développer , ne connaissant pas les formules de trigonométrie etc et pourtant ces élèves "sauront" vous mettre sur une copie grâce à leur calculatrice la forme exponentielle de 3-3i par exemple...non pas seulement la réponse directe car bien entendu on sentira l'entourloupe mais grâce à son petit programme "maison" qui lui indiquera l'étape intermédiaire en factorisant par le module...Ces élèves sont techniquement totalement nuls mais ils savent à peu près raisonner et utiliser au mieux leur calculatrice et en général cela suffit largement pour avoir la moyenne...
Le formulaire d'antan ne contenait qu'un résumé très grossier du cours et c'était le même pour tout le monde (adieu l'égalité actuellement avec les différentes calculatrices!) tandis que certaines calculatrices sont gavées non seulement de cours mais aussi de programmes et de méthodes comme par exemple comment étudier le sens de variation d'une suite? petite recherche sur la calculatrice et hop on a les 4 ou 5 méthodes différentes en version très détaillées...(avec exemples si possible...)
Bien entendu que certaines questions leur poseront problème , les qcm seront une rigolade pour eux , les vrai/faux ou affirmations avec justifications beaucoup moins...(sauf si ils ont la chance que cela soit faux et de trouver un contre exemple) , la géométrie dans l'espace leur posent aussi des problèmes mais uniquement en général dans les dernières questions qui demandent un peu plus de "vision".
Je suis bien d'accord qu'un élève qui a sa calculatrice remplie mais qui ne sait rien et qui n'a pas appris à s'en servir ne sortira rien de bon mais beaucoup réussissent à dompter leur cheval de course et à faire suffisamment illusion .
Dans tous les cas je ne me fais aucun souci pour ces élèves me déclarant que 0/5 n'est pas possible , ils auront leur bac S et peut-être même avec mention...
je ne partage pas Biely quand tu affirmes que les élèves s'en sortent avec la calculatrice
Je ne partage pas non plus quand tu dis qu'ils ne savent rien faire. Ils peuvent faire un module, un argument sans fautes mais ça n'empêche pas qu'ils sont handicapés par non de petits calculs
C'est cela que je dénonce, l'inconfort total qu'ils éprouvent sur des petits calculs.
Je réfléchis aussi à l'interdiction totale ou partielle (avec des temps d'utilisation réservés, par un marqueur sur les exercices qui le nécessitent par exemple). Il y en a qui ont testé ça en 1ere ?
quant aux sujets avec "marqueurs", pourquoi ne pas laisser la calculatrice posée et fermée pendant 40mn, puis l'autoriser à moins vingt ? Comme ça ils attaquent l'exo calculatrice, et si ma foi ils veulent utiliser la calculatrice pour vérifier leurs 2x4 et leurs (-1)^2 du reste du sujet, grand bien leur fasse...
pour en revenir à l'exemple de trouver la forme exponentielle de 3-3i, le premier souci est qu'en général ils ne connaissent pas parfaitement (ou plutôt ne savent pas retrouver avec le cercle trigonométrique) les valeurs exactes des cos et sin des angles les plus utilisés. Imaginons un instant: on leur enlève leur calculatrice et, soyons positifs, admettons qu'ils connaissent ces valeurs et qu'ils sachent la formule pour calculer le module et que cos@=Re(z)/module de z et sin@=Im(z)/module de z. Que va t-il se passer? l'élève va se retrouver avec un module égale à racine carrée de 18 et ne saura pas quoi en faire...
Avec son programme "maison" il ne se posera même pas la question , il ne verra même pas que graphiquement la réponse était évidente surtout si il sait que la longueur de la diagonale d'un carré est égale à la longueur d'un côté multiplié par racine carrée de 2...
Je n'ai pas dit qu'ils ne savent rien faire, j'ai dit qu'ils sont totalement nuls en calculs au sens large du terme mais qu'ils savent un minimum raisonner (pas tous bien entendu...). Savoir se servir de sa calculatrice cela demande aussi du travail mais on s'éloigne de plus en plus à mon sens des mathématiques. Penser qu'un élève qui ne sait pas que 0/5=0 aura son bac S cela me dérange un peu beaucoup personnellement...
quand ils sont bien entraînés, les miens, reconnaissent les valeurs du cos et du sin.
Par cotnre il y a des erreurs systématiques, par exemple, dans la formule $\sqrt{a^2+b^2}$ appliquée à $z=2+3\rm{i}$, certains prennent $3\rm{i}$ pour $b$ au lieu de prendre $b=3$...
Personnellement j'essaye qu'ils évitent au maximum d'utiliser ces formules de manière automatique mais de reconnaitre des "carrés" dans des formes comme -5+5i ou alors de voir par quel nombre positif il faut factoriser pour faire apparaitre des valeurs "sympas".
Avez-vous pris connaissance des attendus des maths dans la série technologique ?
J'ai la chance (:P) de devoir concevoir un sujet pour la banque nationale... il y a:
- une première partie de questions rapides sans calculatrices.
- une seconde partie que nous devons rendre réalisable avec une calculatrice collège...