Reconversion ingénieur / prof

Bonjour,

Nouveau sur le forum, je me permets de poster un message sur la sujet de la reconversion ingénieur / professeur bien que le sujet ait déjà été abordé à plusieurs reprises (j'ai lu avec attention les différents témoignages que j'ai trouvés) car ma situation est un peu spécifique.

Sans rentrer dans le détail : j'ai 29 ans, après 2 ans de prépa, j'ai intégré l'ENTPE (école d'ingénieur d'Etat) et j'ai travaillé 6 ans en collectivité jusqu'à maintenant sur des questions d'aménagement (donc bien éloignées des sciences), j'ai passé un concours interne l'année dernière de A+ (avec une épreuve de maths de prépa, et cela m'a beaucoup plu de me replonger dans cette matière) que j'ai obtenu et suis cette année une formation d'un an pour reprendre un poste à la rentrée.

Cette année de formation a été l'occasion pour moi de prendre le temps de me questionner sur ce que j'ai envie de faire professionnellement parlant, chose que je n'avais pas vraiment faite jusqu'à maintenant (je trouve que choisir à 18 ans sa voie est beaucoup trop tôt !) ...
J'avais un bon niveau de prépa mais pas exceptionnel (18 à l'écrit de maths des mines mais 6 à l'oral ...) et surtout aucune idée de ce que je voulais faire plus tard et un gros manque de confiance en mes capacités ce qui m'a orienté vers l'ENTPE car je trouvais le côté fonctionnaire rassurant. En école j'ai beaucoup regretté ce choix et le fait de ne plus faire du tout de sciences.

Bref, je m'interroge sur une possible reconversion vers le métier de prof et idéalement en classes prépa (comme beaucoup, j'imagine .. car c'est là qu'on a le plus de chance d'avoir à faire à des élèves motivés et pour ma part je garde un très très bon souvenir de mes années prépa) donc avec un passage par l'agrégation. Je ne suis qu'au tout début de ma réflexion mais me pose déjà un certain nombre de questions sur lesquelles vos avis me seraient grandement utiles :
- Je sais que la tâche ne sera pas aisée mais est-ce que celle-ci vous semble un minimum réaliste ? J'ai bien conscience que déjà obtenir l'agreg sera très difficile et nécessitera une grosse quantité de travail ; et qu'ensuite, il est plus que probable que mon profil ne convienne pas pour enseigner en prépa ; je ne suis a priori pas fermé pour enseigner à d'autres niveaux mais plutôt comme plan B
- Je n'ai pas d'expérience en enseignement, ce qui me fait peur : le meilleur parcours serait sûrement de commencer par passer le CAPES qui demande un investissement moins important et qui me permettra de jauger mon niveau, mon envie et ma capacité à pouvoir enseigner .. mais j'ai peur ensuite de ne pas avoir de temps pour préparer un concours comme l’agrégation ;
- Étant fonctionnaire, je n'ai pas le problème du boulot que je pourrai toujours retrouver après si cela ne fonctionne pas ;
- Mon profil suffira-t-il à rejoindre une préparation à l'agreg ?
- ...

N'hésitez pas à être francs,

Merci !
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Réponses

  • Bonjour.

    "Mon profil suffira-t-il à rejoindre une préparation à l'agreg ? " Si tu es ingénieur ou même cadre A de la fonction publique, tu peux passer l'agreg. Donc une prépa agreg t'accueillera.
    "Je n'ai pas d'expérience en enseignement". Comme tu ne vas pas démissionner de ton poste, devenir enseignant vacataire n'est possible que en heures supplémentaires. C'est possible en supérieur, tu peux candidater dans les facs, IUT et écoles d'ingénieurs du secteur. Même si c'est pour faire des séances d'exercices (TD) en L1 non scientifique ou première année d'IUT, tu verras comment tu réagis. Enseigner est la seule façon de savoir si on est "fait pour ça".
    Pour la prépa, c'est une question de niveau (être dans les premiers à l'agreg) ou de chance (avoir été repéré par lIG et un poste est vide en septembre à côté de chez toi, par exemple). Tu verras quand tu passeras l'agreg, et te feras alors connaître à l'inspection.

    Bonne réflexion !
  • En effet la grande incertitude, ou plutôt la grande certitude est de ne pas être pris pour enseigner à des classes prépa.
    Le lieu (distance) d’affectation peut aussi être peu ragoûtant.

    Pour tout le reste, tu as toutes tes chances (être pris en prépa agreg, être reçu).
    Je connais mal ces oraux (où tu as eu 6) mais ça ne veut pas dire grand chose en général.
  • Wimbly a écrit:
    Bref, je m'interroge sur une possible reconversion vers le métier de prof et idéalement en classes prépa

    Attention tout de même aux désillusions qui te guettent....

    Tu peux être affecté au collège où le niveau a dégringolé depuis la "réforme" NVB...(en réalité, le niveau avait déjà dégringolé bien avant mais NVB a probablement porté le coup fatal)
    Beaucoup de notions importantes ont disparu des programmes (Identités remarquables, factorisations, règle du produit nul, systèmes d'équations, la démonstration en géométrie...sans parler de ce qui avait déjà disparu avant NVB: vecteurs, équations de droites et j'en oublie.....)
    Tu as intérêt à aimer SCRATCH, SCRATCH, SCRATCH, SCRATCH, SCRATCH, SCRATCH, SCRATCH, SCRATCH.....

    Tu peux être affecté au lycée...malheureusement, cela n'est guère mieux car une partie non négligeable de ton service consistera à "enseigner" des "disciplines" gadgets où la part des maths est microscopique ("sciences" du numérique ainsi que enseignement "scientifique") et qui relèvent davantage de "C'est pas sorcier" ou de "E=M6"....mais sans le salaire d'un animateur TV....
    De plus, le niveau global est nullissime car EDNAT par son laxisme bien pensant ne filtre presque plus les admissions en seconde.... Quand un élève te demandera: "ça veut dire quoi démontrer ?" tu comprendras....
    D'autre part, n'oublie pas que les maths sont devenues une matière jetable en fin de seconde et en fin de 1ère...Dès le deuxième trimestre, tu risques de trouver dans tes classes une forte proportion d'élèves qui n'en aura ranafout des maths......(Tu peux lire les témoignages de l'excellent @Badiste 75 et du non moins excellent @SchumiSutil sur ce qu'ils vivent tous les jours dans leurs classes, par exemple...)

    En principe, avec ton niveau, tu as toutes les chances de ton côté pour être admis...il ne faut pas oublier que certains agrégés sont incapables de redémontrer sans indications que:$ \sum_{n > r} \frac{1}{n^2} \leq \frac{1}{r}$où r est un entier naturel non nul (d'après un témoignage accablant de l'excellent @SchumiSutil....bis repetita placent)
    Au royaume des aveugles, les borgnes sont sourds.....

    BON COURAGE TOUT DE MÊME....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Et il faut avoir de l’humour !
  • Ne le découragez pas il n'y a si peu de candidats, si ça continue comme ça on risque d'avoir la situation des lettres classiques où il y a moins de présents à l'écrit que de postes !!!!
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Bonjour Wimbly,

    Je suis un ingénieur qui après 8 ans dans l’industrie a passé le CAFEP. Le métier d’enseignant est beaucoup plus créatif que celui d’ingénieur, personnellement je suis entièrement satisfait de mon changement d’emploi. Cependant, pour aimer le métier d’enseignant il est nécessaire d’avoir une véritable affection pour les élèves en tant que personnes humaines. Les difficultés que rencontrent tous les professeurs débutants sont celles de ce qu’on appelle la gestion de classe. Tout le monde n’est pas disposé à relever ce défi permanent. Je te conseille de demander à des amis d’école devenus enseignants d’assister à des cours pour te faire une idée plus précise de ce qu’est le métier d’enseignant. On dit que c’est le plus beau métier du monde, je n’apporte pas la contradiction.
  • Merci pour vos retours !
    Ramon Mecader a écrit:
    [Inutile de recopier un message présent sur le forum. Un lien suffit. AD]

    Pour l'instant, cette question là ne me fait pas peur plus que cela (cela viendra peut être ..) - même si cela conforte mon attirance pour l'enseignement en prépa ; ce qui m'attire avant tout dans ce métier est de pouvoir transmettre des connaissances. Le point qui me fait plus peur est d'être face à des élèves qui n'en veulent pas et d'avoir à faire énormément de discipline, comme tu le dis Philou22 (je me souviens de l'une de mes profs de SVT au lycée qui était constamment chahutée dans son cours alors que j'étais dans un bon lycée parisien donc a priori avec des élèves peut-être plus faciles à gérer qu'ailleurs .. bref, cela devait être horrible à vivre pour cette dame !).

    Un autre point d'inquiétude est d'atteindre le niveau requis, n'ayant pas fait de maths pendant un long moment et n'étant pas allé plus loin qu'un niveau prépa (pas complètement maîtrisé).

    Savez-vous quels sont les critères pour obtenir une classe de prépa ? J'habite à Paris et j'ai l'impression qu'il y a très peu de rotation sur ces postes ...
  • Bonjour,
    Wimbly a écrit:
    Savez-vous quels sont les critères pour obtenir une classe de prépa ?

    Quelques éléments de réponse ici et là.
    Actuellement, la grande majorité des premières nominations en CPGE concerne des normaliens avec thèse classés dans les 100 premiers à l'agrégation externe.

    Bien à vous,
  • Merci pour ce deuxième lien que je ne connaissais pas Bbidule.

    J'y lit :
    IG math a écrit:
    Première affectation : l'Inspection Générale a donné des conseils aux candidats à une première affectation en CPGE concernant les vœux :
    - on ne fait pas de vœux de filière,
    Pour avoir essayé, il est nécessaire de faire un vœu de filière, sans ça l'application ne vous laissera pas saisir votre vœu jusqu'au bout.
    IG math a écrit:
    L'Inspection Générale est très indisposée par les candidatures pour une première affectation qui comportent des vœux très étroits.
    Là j'avoue que j'ai du mal à comprendre, si le dossier est le meilleur parmi tous les candidats à un même poste il faut le prendre et sinon le refuser, qu'est ce que l'étroitesse des vœux peut bien avoir à faire là dedans... Un candidat serait-il meilleur s'il est envoyé loin de l'endroit où il souhaiterait être ? Bon en fait je suppose que l'inspection générale serait heureuse de pouvoir disposer des candidats en prépa comme bon lui semble afin d'optimiser leur placement indépendamment de leurs envies personnelles.

    Bon courage pour ton projet wimbly, si tu veux une prépa à Paris il semblerait que tu doives sacrément cartonner à l'agreg, c'est tout le mal qu'on te souhaite.
  • Je ne sais pas s'il y est encore, mais il y a même eu un major à l'agreg qui officiait dans le secondaire en établissement difficile dans l'académie de Créteil. A moins d'un dossier béton (top 20 ou top 40 + thèse), mieux vaut effectivement avoir des voeux très larges, tant sur les aspects géographiques que sur les choix de classe. Il est arrivé que les inspecteurs n'arrivent pas à trouver des remplaçants en prépa sur certains postes, et pourtant c'est une porte d'entrée naturelle ... Il arrive également que l'on obtienne une prépa après un nombre certain d'années dans le secondaire.
  • Quoi que des vœux très larges ne garantissent rien non plus...
  • math2 a écrit:
    Je ne sais pas s'il y est encore, mais il y a même eu un major à l'agreg qui officiait dans le secondaire en établissement difficile dans l'académie de Créteil.

    Et après, on s'étonne de la désaffection croissante envers ce métier.....
    C'est comme si on avait proposé à Cristiano Ronaldo de jouer à Saint Maur Lusitanos.....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • @RM à l'époque pas si lointaine où les ens avaient un rôle important dans les enseignements primaires et secondaires c'était la règle que les normaliens fassent quelques années dans l'enseignement secondaire ou dans les écoles normales d'instituteurs. S'il subsiste encore un semblant de service effectif dans des établissements au public défavorisé c'est tant mieux.

    Personnellement j'en ai connu un, hélas décédé, qui avait mis un point d'honneur à servir uniquement en ZEP.
    "J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
  • Mais, si affecté en REP +, il sera mieux payé à l'heure qu'un "grand frère de thèse" d'environ 50 ans, faisant un cours de M2 recherche de 30h payé en heures équivalent TD (qui lui a nécessité 2 mois complet de préparation, soit finalement un taux salarial horaire inférieur à un emploi chez "Kentucky Poulet Frit").
    Et le pire c'est que certains collègues de lycée disent à propos des enseignants/chercheurs "ils n'ont que 192 heures de cours par an !" ou alors "oui mais c'est plus intéressant un cours de M2".
    C'est comme si on payait Cristiano Ronaldo comme un joueur de Saint-Maur Lusitanos en lui disant "jouer la demi-finale de ligue des champions, c'est plus intéressant quand même !"
  • CAPES ou agreg, on est censé enseigner en collège-lycée. Pour les prépas, c'est de plus en plus compliqué...
  • @wimby
    Bref, je m'interroge sur une possible reconversion vers le métier de prof et idéalement en classes prépa (comme beaucoup, j'imagine .. car c'est là qu'on a le plus de chance d'avoir à faire à des élèves motivés et pour ma part je garde un très très bon souvenir de mes années prépa)
    Et non... si tu veux que des élèves motivés, le métier du professeur n'est pas pour toi. Les élèves motivés c'est la conséquence de ton aptitude à enseigner dans la plupart des cas. ;-)
  • Toujours le même refrain :

    Dire « le major de l’agreg ne devrait pas être dans un collège du 9-3 » c’est dire en filigrane « les gamins du 9-3 sont des blaireaux et ne méritent pas de bons enseignants ».
    C’est de l’idéologie.

    En effet c’est même dire que le major de l’agreg externe est un meilleur enseignant que le 100e reçu au CAPES.
    C’est complètement faux.

    La différence avec le foot c’est que personne ne fait prof pour gagner de l’argent et que quel que soit l’établissement la grille de salaire est la même.

    Ce que rappelle kioups est très important : l’agrégation est D’ABORD un concours de recrutement d’enseignant du second degré. Ce que l’on appelle second degré, c’est : 6e-Tale.
  • Dom a écrit:
    La différence avec le foot c’est que personne ne fait prof pour gagner de l’argent.

    Ah ?
  • Gagner beaucoup d’argent voulais-je dire.

    Évidemment je comprends parfaitement de vouloir être prof en dehors du 9-3 (pour désigner un département sinistré) mais il y a d’autres endroits en France qui sont similaires.
  • Dom a écrit:
    Gagner beaucoup d’argent voulais-je dire.

    Oui, j'ai toujours rêvé d'être pauvre !
  • Rassure-toi Besicovitch : comme le point d’indice n’augmente pas, tu vas rejoindre le SMIC un jour ou l’autre.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Nicolas.Patrois a écrit:
    comme le point d’indice n’augmente pas, tu vas rejoindre le SMIC un jour ou l’autre.

    Apprenez à jouer d'un instrument* cela risque de vous être utile à la retraite avec la retraite miséreuse qui attend les profs nés après 1975.

    *Pour doper les dons recueillis quand vous ferez la manche dans le métro ou ailleurs pour boucler les fins de mois.
  • Dire « le major de l’agreg ne devrait pas être dans un collège du 9-3 » c’est dire en filigrane « les gamins du 9-3 sont des blaireaux et ne méritent pas de bons enseignants ».
    C’est de l’idéologie.
    Bof, je ne pense pas que le major de l'agreg devrait être dans "un collège difficile".
    1) parce que la citation suivante n'est pas fausse dans ce cas.

    2) Je crois avoir estimé à de maintes reprises que "les gamins du 9-3 ne sont pas des blaireaux". J'étais pour ainsi dire le seul (le seul au collège, nous étions 3 peut être au lycée) à noter correctement les élèves selon leur niveau. Mais je crois, Dom, que nous partageons un avis commun sur ce point-là.

    3) Parce que c'est méconnaitre le quotidien d'un collège en banlieue. Petit extrait malheureusement "ordinaire" : http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/stains-le-cri-d-alarme-des-profs-du-college-neruda-mine-par-les-violences-04-04-2019-8046777.php
    Franchement, vu le peu de moyens dont on dispose face à la quantité de problèmes dans ces "zones de non-droits de la République" (c'est pas un fantasme quand on constate l'omni-présence du trafic de drogue notamment).
    Petit reportage : https://www.bfmtv.com/societe/seine-saint-denis-a-bondy-la-maire-s-inquiete-du-recul-progressif-de-l-etat-et-du-service-public-1797115.html
    Honnêtement, je pense que payer un agrégé (qui coute plus cher qu'un certifié) n'es pas justifié. J'avais, vis-à-vis de mes collègues, du mal à me justifier que je gagnais en moyenne 500 € de plus par mois alors que j'avais moins d'heures, surtout au vu du résultat de mes élèves en fin d'année.
    En effet c’est même dire que le major de l’agreg externe est un meilleur enseignant que le 100e reçu au CAPES.
    C’est complètement faux.

    SI tu veux faire le programme de maths de lycée 1ere/TS/future Term Spé + "Expertes" dans un lycée où l'on maintient un niveau, je pense qu'il vaut mieux le major de l'agreg que le 700ème au CAPES, vu le niveau actuel du CAPES.
  • En effet, j’ai mal dit les choses.
    C’est le raccourci « Premier à l’agrégation externe » = « bon prof » (voire « meilleur prof ») que je souhaite démentir.
    Bien entendu je dis à chaque fois que « bon prof » ne veut rien dire. C’est le slogan soi-disant évident qui m’agace.

    Ce que tu dis sur les zones de non-droit (je suis d’accord avec ce terme) : « ne mettons pas un agrégé car ça coûte cher et ça ne sert à rien ». À la limite, c’est un discours très crédible et sans langue de bois.
    Je peux y adhérer.

    Le constat est qu’on trouve des gamins dans ces zones là qui trinquent parce que personne ne veut intervenir pour rendre sereins les enseignements et la vie quotidienne. C’est à ce titre que je comprends les évitements et j’estime que ce n’est pas cela que j’entends quand on serine le slogan idiot « premier reçu » = « meilleur prof ».
  • Dom a écrit:
    Dire « le major de l’agreg ne devrait pas être dans un collège du 9-3 » c’est dire en filigrane « les gamins du 9-3 sont des blaireaux et ne méritent pas de bons enseignants ».

    Non. Comme si « bon enseignant » voulait dire quelque chose ! Ça n'est pas parce qu'on enseigne bien en prépa qu'on enseigne bien au collège (et réciproquement). J'ai enseigné au collège, mal. Je l'avoue. J'ai été un très mauvais prof, comparé à des collègues certifiés qui pourtant n'avaient pas mon "pedigree". Par contre, maintenant, je suis prof en prépa. Et vu le niveau en maths de certains collègues, je pense que c'est nettement mieux pour mes élèves que ce soit moi et pas ces collègues qui soient en face d'eux.
    Bref, pour les profs comme pour les élèves, il vaut mieux mettre chacun là où il fera le mieux le job. Et mettre un major d'agreg en collège dans le 93 n'est pas très judicieux de ce point de vue.
  • On ne me mélange pas les torchons et les serviettes, n'est-ce pas?
    Il faut un prof' qui ressemble à ses élèves pour que le travail soit bien fait n'est-ce pas? :-D



    Pourquoi n'y a-t-il pas de concours pour enseigner en classe prépa au lieu d'un processus de recrutement opaque?
    Pourquoi l'éducation nationale débauche des gens qui ont obtenu un concours pour enseigner dans l'enseignement secondaire pour aller enseigner dans l'enseignement supérieur?

    Surtout si on en croit Guego: on peut mal enseigner en collège mais bien enseigner en classe prépa'.
    D'accord, on enseigne mieux en apprenant de ses erreurs, mais je ne suis pas sûr du tout que c'était le sens de son propos.
  • Capésien ou agrégé, quand on enseigne plusieurs années en collège, on perd très vite ce que l'on a pu faire en licence-mastère...

    Fdp : le public n'est de toutes façons pas le même. J'étais stagiaire avec des collègues agrégés, certains étaient absolument incapables de se remettre en question dans leurs cours face à des collégiens. Ils auraient peut-être été mieux en lycée ou en prépa (j'en doute quand même pour un ou deux...), mais ils ont fini par démissionner.
    Au contraire, j'ai eu une collègue très bien placée à l'agreg qui a enseigné toute sa carrière en collège, en laissant un profond souvenir à ses élèves.

    Bref, y a de tout. Capes ou agreg, c'est collège-lycée. Après, les individus sont différents.
  • kioups a écrit:
    Capésien ou agrégé, quand on enseigne plusieurs années en collège, on perd très vite ce que l'on a pu faire en licence-mastère...

    Malheureusement pour moi, ce n’est pas mon cas.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Surtout si on en croit Guego: on peut mal enseigner en collège mais bien enseigner en classe prépa'.

    C'est l'évidence même. Ce n'est pas du tout la même chose d'avoir affaire à des jeunes de 12-15 ans dont une minorité sont vraiment intéressés par la discipline et des jeunes de 18-20 ans qui sont là par choix personnel ! De plus, s'occupper d'ados en pleine puberté ou s'occupper de jeunes adultes ça n'a RIEN à voir !

    On peut effectivement avoir un bagage moins élevé en maths mais l'autorité et le charisme qui conviennent à des collégiens. Inversement, pour enseigner en prépa, pas tellement besoin d'user en permanance d'autorité (du moins pour ce qui est des questions de disciplines), en revanche être crédible auprès des étudiants, c'est-à-dire, convaincre qu'on domine sa matière c'est indispensable. Et pour cela, ben, y a pas trop le choix : il faut effectivement dominer sa matière !

    Je ne vois pas quoi ce qu'il y a d'étonnant à cela !
  • Gimax a écrit:

    C'est l'évidence même. Ce n'est pas du tout la même chose d'avoir affaire à des jeunes de 12-15 ans dont une minorité sont vraiment intéressés par la discipline et des jeunes de 18-20 ans qui sont là par choix personnel

    Il faut s'entendre sur sens du mot enseigner. En collège il y a beaucoup de dressage (pour ce que j'ai pu constater) si c'est une part du sens du verbe enseigner alors en effet, ce n'est pas la même chose d'enseigner à des 12-15 ans qui ne sont pas volontaires (pour beaucoup) et des adultes de 18-20 ans qui ont oeuvré pour se retrouver en classe prépa'

    Quand tu es capable de faire comprendre des notions à un public de gens qui ont peu d'affinités avec les mathématiques j'imagine que tu peux arriver à faire comprendre des notions à gens qui sont volontaires et qui ne sont pas complètement dénués de culture mathématique.La réciproque ne me semble pas aller de soi.
  • En effet, « on perd très vite » est faux dans le sens où c’est lié à une certaine volonté.

    Je me souviens d’un reçu au CAPES dire à ses potes de promos : « enfin, terminé tout ça. Ces espaces vectoriels, là, j’en avais trop marre ». Il est certain que ce prof ne fait plus de maths du supérieur.

    Cependant beaucoup de profs de collège-lycée font encore des maths du supérieur. Éventuellement ils n’ont pas exactement le même niveau ou les réflexes aussi rapides que pendant le concours mais ils sont encore au niveau du supérieur.
    Ils seraient capable à nouveau d’obtenir le concours.

    Là où tu as raison, c’est que statistiquement (majoritairement je pense) les profs ont perdu le niveau qu’ils avaient : mais c’est par choix. « J’en avais marre de me prendre la tête », en gros.
  • Mouais... après 10 ans de collège, on peut vite oublier les IPP...
  • Par choix ;-)
    Chacun a ses propriétés : handball ou IPP ? piano ou arithmétique ? Etc.
    Les priorités sont des choix. C’est ce que je veux dire.
    « Bah j’ai plus le temps car je vais au théâtre deux fois par semaine et je m’occupe de mes enfants ».

    J’en connais qui, le soir avant de se coucher, font des maths comme ça. Cherchent des preuves différentes, font des exercices, en composent de nouveaux. Zyeutent des forums pour chercher et aider des intervenants ;-)
    D’autres font des mots fléchés ou des sudokus.

    C’est tout cela que je résume par « faire des choix ».
  • Ce n'est pas faux... J'avais oublié les IPP mais je participais régulièrement au championnat des jeux mathématiques. Une autre forme de handball !
  • On trouve aussi des profs de MP-MPSI qui ne savent rien démontrer au niveau collège (Pythagore, Thalès, concours des médianes, des bissectrices etc.)
  • kioups a écrit:
    J'étais stagiaire avec des collègues agrégés, certains étaient absolument incapables de se remettre en question dans leurs cours face à des collégiens.
    Pardon mais ce discours me semble dangereux. J'ai entendu souvent, même au lycée, des collègues me dire : "As-tu remis en question tes pratiques pédagogiques ?" dès que je relatais le moindre incident avec un saboteur outrageux. Mais peut-être ne l'entendais-tu pas vraiment en ce sens.
    Fin de partie a écrit:
    Quand tu es capable de faire comprendre des notions à un public de gens qui ont peu d'affinités avec les mathématiques
    Mais c'est le discours de l'Inspection ! Faire évoluer ses pratiques pédagogiques pour développer l'appétence des élèves aux mathématiques ! L'IPR m'a sorti cette dernière expression textuellement et sans rire.
    Fin de partie a écrit:
    j'imagine que tu peux arriver à faire comprendre des notions à gens qui sont volontaires et qui ne sont pas complètement dénués de culture mathématique. La réciproque ne me semble pas aller de soi.
    Il me semble, au contraire, que si tu achètes la paix au collège en vendant des escape games, travaux de groupes, etc. (et des bouchons d'oreille discrets), tu n'auras pas la paix en faisant cela à des jeunes adultes visant les concours d'entrée aux grandes écoles.

  • FdP a écrit:
    Quand tu es capable de faire comprendre des notions à un public de gens qui ont peu d'affinités avec les mathématiques j'imagine que tu peux arriver à faire comprendre des notions à gens qui sont volontaires et qui ne sont pas complètement dénués de culture mathématique.

    Pas si tu ne maîtrises pas ces notions. Et il y a un fossé énorme entre les maths du collège et celles de la prépa. Avoir de la bouteille face à des ados de 12-15 ans et maîriser le programme de maths du collège ne garantit en rien le fait de maîtriser celui de prépa !

    A contrario quelqu'un qui maîtrise très bien le programme du supérieur peut très probablement faire un très bon cours de prépa, car il n'aura pas à gérer les aspects disciplinaires ni à motiver ses élèves à travailler. En revanche, la même personne devant des collégiens qui n'en ont rien à cirer et sont habitués à foutre le bordel peut être démunie.

    Ce sont vraiment deux choses différentes, et je ne crois pas qu'il puisse y avoir une implication dans un sens ou dans l'autre.

    Dans un autre registre, mais pas si éloigné, j'ai connu un éducateur spécialisé qui me disait avoir travaillé avec des collégiens et avec des lycéens et il disait avoir beaucoup plus de facilités avec les + de 15 ans, mais me disait aussi que ce n'est pas du tout général et qu'il a des collègues qui, à l'inverse, s'en sortent mieux avec les 10-14 ans.

    Bref pour en revenir à ce que dit Guego, tout le monde ne sera pas performant au même endroit.
  • En effet Sato : se méfier de ces discours.
    La remise en question doit avoir lieu quand on constate que deux heures (par exemple) n’ont pas suffit à ce qu’au moins un élève parvienne à utiliser ce que l’on a vu.
    Ce n’est qu’un exemple, pas « une règle ».
    Attention au mauvais discours : « ça n’a pas intéressé les élèves donc je dois revoir ».
    C’est intéressant de se demander comment « fédérer » mais à un moment donné l’effort doit venir de celui qui apprend.
  • Se remettre en question, c’est vaste. Ce qui fonctionne très bien avec une classe ne fonctionnera peut-être pas du tout avec une autre. Et un truc qui ne fonctionne pas une première fois peut très bien fonctionner avec une petite amélioration.

    Mais globalement oui, je pense qu’il faut savoir se remettre en question. Juste pour pas ne pas s’encroûter.
  • @wimbly Vaut mieux rester ingénieur de monter en responsabilité , salaire et de faire des maths en loisirs.
  • Gimax a écrit:

    Pas si tu ne maîtrises pas ces notions. Et il y a un fossé énorme entre les maths du collège et celles de la prépa. Avoir de la bouteille face à des ados de 12-15 ans et maîriser le programme de maths du collège ne garantit en rien le fait de maîtriser celui de prépa !

    Je pense qu'il est plus facile d'apprendre à maîtriser ces notions que d'intéresser une classe de collège aux mathématiques.
    Sato a écrit:
    Mais c'est le discours de l'Inspection ! Faire évoluer ses pratiques pédagogiques pour développer l'appétence des élèves aux mathématiques ! L'IPR m'a sorti cette dernière expression textuellement et sans rire.

    Tu voudrais entendre le contraire dans la bouche de ces gens? B-)-
    Ce cap à tenir n'est pas mauvais mais comment le tenir est une autre paire de manches.
    Sato a écrit:

    A contrario quelqu'un qui maîtrise très bien le programme du supérieur peut très probablement faire un très bon cours de prépa, car il n'aura pas à gérer les aspects disciplinaires ni à motiver ses élèves à travailler. En revanche, la même personne devant des collégiens qui n'en ont rien à cirer et sont habitués à foutre le bordel peut être démunie.

    Un prof' de collège doit faire beaucoup de dressage, il enseigne moins les mathématiques qu'il a un rôle d'éducateur* (veiller au respect de règles). Tout du moins c'est l'impression que j'ai eue lors de mon bref passage à l'éducation comme enseignant (2 ans). En prépa' les étudiants sont des adultes qui ne sont plus soumis à l'obligation scolaire et qui ont oeuvré pour se trouver assis là: il y a 0% de travail d'éducateur dans le métier de prof' de prépa'.

    *: il vaut mieux en être conscient quand on embrasse cette carrière pour éviter les déconvenues et les malentendus.

    PS: Par ailleurs, les élèves qui sont des êtres humains ne laissent pas leur problèmes et leur mal-être en franchissant le seuil d'un collège ou d'un lycée ou de tout autre établissement d'enseignement.
  • Ah ben si on veut faire des maths, prof, ce n'est pas franchement la meilleure voie...
  • -Le major d'agreg qui enseigne en collège difficile de l'académie de Créteil, il me semble que c'est un choix de sa part.
    -Vouloir se reconvertir pour enseigner en prépa, c'est très risqué (c'est un peu comme se reconvertir dans la cuisine pour devenir étoilé, en plus ça fait un peu naïf ou prétentieux...). Je ne dis pas que c'est impossible, je connais plusieurs exemples, mais les chances de réussite sont très minces : pour améliorer ses chances, il faut bien réussir l'agreg, ce qui n'est déjà pas évident lorsque l'on a arrêté les études. En faisant des études d'ingénieur, il te manque un nombre non négligeable de chapitres (essentiellement en algèbre, géométrie, mais aussi en analyse et peut être en proba). Et ensuite il faut être nommé en prépa, or le mouvement se fait à la main par l'Inspection générale, il y a beaucoup de bonnes candidatures et pas de critères suffisants ou nécessaires.
    -Autre point très important : il ne faut pas idéaliser le métier, même celui de prof en prépa. Il ne faut pas confondre sa prépa (bon lycée? classe scientifique), avec toutes les prépa où il y a un enseignement de mathématiques. Connais-tu les ECT? TB? ...
    Dans mon ancien établissement, en ECS, j'ai eu des élèves qui avaient 7-8 de moyenne en mathématiques en TS et pas dans des lycées d'élite, certains ont eu 4-5 au bac... J'ai déjà eu à sortir un élève du cours. On peut être amené à faire de la discipline ou avoir des élèves qui ne sont pas motivés. J'ai déjà donné la même interrogation (même valeurs numériques!) trois mardis consécutifs, la moyenne de la classe était inférieure à 10/20.
    Dans mon établissement actuel, pourtant renommé, j'ai des élèves qui confondent soustraction et division, qui écrivent : donc "hypothèse de l'énoncé", ou aussi : or "résultat souhaité".
  • Etienne a écrit:
    Dans mon ancien établissement, en ECS, j'ai eu des élèves qui avaient 7-8 de moyenne en mathématiques en TS et pas dans des lycées d'élite, certains ont eu 4-5 au bac...

    Comment peut- on admettre en prépa des élèves qui ont un niveau aussi pitoyable ?????
    En ouvrant les portes à n'importe qui, on dévalue totalement les CPGE....mais peut- être est- ce le but recherché ?????
    Ces classes devraient être réservées aux meilleurs et il devrait être impossible d y entrer sans avoir un niveau solide dans toutes les disciplines....
    C'est une preuve supplémentaire que la France saborde son enseignement supérieur.... En 2020, la gangrène est généralisée et il est trop tard pour revenir à un niveau correct....Tout ce qui fonctionnait correctement en France doit être détruit avec la bénédiction des pédagogos bien pensants jouant le rôle d'idiots utiles du mondialisme et de l'europeisme béat....
    La mission assignée à la France est de former des clowns d'hôpital, des livreurs de pizza et des caissiers chez Kentucky Poulet Frit....voilà tout ce dont sera capable l'enseignement supérieur français en 2025.....
    Les postes qualifiés seront réservés aux chinois, indiens, coréens, turcs et les français titulaires d'un M2 seront leurs valets de pied....
    Liberté, égalité, choucroute.
  • Ramon a écrit:
    La mission assignée à la France est de former des clowns d'hôpital, des livreurs de pizza et des caissiers chez Kentucky Poulet Frit....

    Quelle découverte ! Tu n'avais pas encore compris qu'on n'avait pas besoin de cohortes d'ingénieurs, de plombiers...
    Les gosses des CSP+ suffisent à pourvoir les postes d'ingénieurs et autres emplois de proximité avec le patronat/oligarchie. Les autres, ils vont devoir apprendre à faire du vélo, de la musique, à conduire une grosse voiture noire, à apprendre à s'occuper des vieux riches etc ::o
  • @Ramon
    Je confirme, les propos d'Étienne. J'enseigne en TS et je suis colleur en prépa...
    Beaucoup de mes élèves demandent des prépas en ayant à peine la moyenne et ils sont pris!
    Le niveau mathématiques de beaucoup d'étudiants en prépa est inquiétant...

    Il faut savoir que les prépas (pas tous mais beaucoup) doivent ratisser large sinon il y aura simplement la fermeture de la section... Et le prof de prépa de se retrouver au collège ou lycée...
    C'est triste...
  • Fin de partie écrivait :
    > Quelle découverte ! Tu n'avais pas encore compris qu'on n'avait pas besoin de cohortes d'ingénieurs, de plombiers...

    Euh... Si, on ne forme pas assez d'ingénieurs (et plus généralement de bac+5 scientifiques). Mais il y a une désaffection pour les sciences, qui se retrouve dans les concours de l'enseignement mais aussi là...
  • FdP a écrit:
    Je pense qu'il est plus facile d'apprendre à maîtriser ces notions que d'intéresser une classe de collège aux mathématiques.

    Pour toi sans doute. Pour moi aussi d'ailleurs. Mais pour tout le monde je ne crois pas.
    J'ai connu des gens, dans les années 2000, qui avaient galéré pour obtenir leur CAPES. Ça a été dur pour eux les maths du supérieur... Mais aujourd'hui ils sont profs au collège (depuis une bonne quinzaine d'années) et ils semblent plutôt bien gérer (et pourtant l'un d'eux au moins est dans une zone vraiment difficile).
    Je ne pense pas qu'on puisse faire de généralités dans un sens ou dans l'autre.
  • Tenuki a écrit:
    Euh... Si, on ne forme pas assez d'ingénieurs

    Tu peux me dire d'où tu tiens cette certitude? (source?)

    Ce que je peux te dire, c'est qu'un certain syndicat patronal se plaint chaque année sur le même refrain mais eux, on sait pourquoi ils se plaignent: plus il y a de monde dans une profession plus on peut écraser les salaires. B-)-
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