Vidal et le localisme
dans Concours et Examens
J'avais déjà lu que l'actuelle ministre le l'ensup était déjà parvenue au tour de force de faire l'unanimité contre elle https://fr.wikipedia.org/wiki/Frédérique_Vidal#Loi_de_programmation_de_la_recherche_pour_les_années_2021_à_2030 (je me rappelle que même Allègre n'avait pas réussi ce Grand Chelem).
Un article du Canard de cette semaine indique qu'elle a supprimé les barrières au recrutement local, en faisant croire qu'il n'y avait pas de problème éthique, ce que le journal illustre du cas d'un protégé de Vidal (elle-même localo-locale MdC et Prof) qui avait pour son recrutement rédigé lui-même sa fiche de poste. Bien qu'à cette occasion ayant été rappelée à l'ordre par la Conseil d'État, Vidal s'était assise sur l'avis de la juridiction.
D'après vous quelle conséquence en général ? En particulier pour les maths ?
Un article du Canard de cette semaine indique qu'elle a supprimé les barrières au recrutement local, en faisant croire qu'il n'y avait pas de problème éthique, ce que le journal illustre du cas d'un protégé de Vidal (elle-même localo-locale MdC et Prof) qui avait pour son recrutement rédigé lui-même sa fiche de poste. Bien qu'à cette occasion ayant été rappelée à l'ordre par la Conseil d'État, Vidal s'était assise sur l'avis de la juridiction.
D'après vous quelle conséquence en général ? En particulier pour les maths ?
"J'appelle bourgeois quiconque pense bassement." Gustave Flaubert
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.
Réponses
Je précise qu'il s'agit de questions sincères, pas rhétoriques.
En ce qui concerne la nouvelle loi adoptée le 20/11/2020, le Canard indique clairement qu'il s'agit d'une promotion du localisme et que le passif de F. Vidal à ce sujet est un signal.
Quand on parle de recrutement local, il y a beaucoup de confusion entre les quantificateurs $\forall$ et $\exists$.
Si on lit honnêtement la loi, s'agissant du recrutement des professeurs d'université, les choses semblent semblent assez simples
- l'essentiel des postes doivent être pourvu par l'article 46.1, qui autorise toutes les candidatures;
- l'articles 46.3, limité en nombre, est réservé aux MCF avec de l'ancienneté. Il n'est pas formellement dit que cela est fait pour favoriser les locaux, mais c'est ce que tout le monde comprend
- l'article 46.4, limité en nombre, est réservé aux personnes réalisant ou ayant réalisé une mobilité, ce qui exclut beaucoup de candidatures locales.
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000039330943
En bref, il semble assez difficile de prétendre ne recruter que des locaux ou aucun local sur l'article 46.1 sans violer l'esprit de la loi, puisque de telles restrictions sont légales...tant qu'elles sont contingentées.
Quant à la lettre de la loi, c'est un sujet controversé, qui se règlera sans doute un jour devant les tribunaux.
Mais quand même:
- ça facilitera un peu les candidatures étrangères (même si elles pouvaient déjà se faire dispenser de qualification)
- ça changera peut-être des choses là où le ratio candidat/poste est faible, je pense à la didactique des mathématiques.
De ce que je comprends, il n'y a aucun texte de loi disant "on ne peut pas recruter un maître de conférence dans l'université où il a fait sa thèse" ou "on ne peut pas recruter un PU dans une fac où il est déjà MCF/CR". Il me semble que les mathématiciens se sont infligés eux-même cette contrainte même si je ne comprends pas "qui" a pris cette décision ou comment cela a été fait. En tout cas j'ai l'impression que c'est fait quasi unanimement dans les universités françaises (pour les écoles d'ingés et IUT je crois que c'est plus souple).
Je crois de plus que faire de la discrimination à l'embauche sur la provenance des candidats (car c'est ce dont il s'agit) est illégal. Tu as écrit des textes sur la mobilité Aléa donc je suppose que tu pourras confirmer/infirmer ce que je dis mais actuellement le recrutement local des MCF dans les fac de math en France est à peu près nul voir littéralement nul en fonction des années. Certaines fac n'ont pas fait de recrutement local depuis de nombreuses années. Mais comme tu le dis il appartient aux tribunaux de trancher si ce qui se fait actuellement est légal ou non... à condition que quelqu'un les saisisse un jour.
La mobilité académique devient alors une obsession, comme en témoigne par exemple ce texte:
http://emath.fr/debat/mathematiques-en-france.pdf
Au même moment, l'Opération Postes (site d'information sur les recrutements, géré par des bénévoles, j'en ai fait partie pendant 8 ans) est incitée à afficher l'AMI, indice de mobilité académique, que les labos s'empressent de calculer.
Bien plus tard apparaîtra l'IPA, indice de parité académique, qui n'aura pas le même succès.
Quand la vie de famille et les enfants importent, on est bien embêté. Du reste il s'agit comme d'habitude d'un transfert du pouvoir de choix des intéressés (l'université et les chercheurs) vers des tiers (le politique/l'administration/les idéologues) qui ne paient pas les conséquences de ce choix.
Quel est le bénéfice de ces mesures à part une satisfaction idéologique?
Parce que le poste de PR vient avec un jet privé?! J'hésitais justement à candidater en 2021.
Bon si la mobilité avec femmes et enfants est plus compliquée, sur un premier recrutement je suppose que c'est peut-être plus sain.
Après il y a les micros climats : là où je travaille la prospection commerciale a été supprimée dans 2 départements, le Var et les Alpes Maritimes à cause de problèmes de difficultés dus au climat certainement ... mais ce beau temps profite à F. Vidal, c'est le sens de l'article du Canard je suppose.