Les arêtes d'un polyèdre

Bonjour,

Il semble que la propriété suivante soit vraie (je n'arrive pas à trouver de contre exemple) :

"Soit $n$ et $N$ deux entiers naturels, si on considère un polyèdre constitués de $N$ faces qui sont toutes des polygones à $n$ côtés alors le nombre d'arêtes de ce polyèdre est $\frac{N\times n }{2}$."

Est-ce que ce quelqu'un peut démontrer ce résultat ou donner un contre exemple ?

Bien cordialement,

Réponses

  • Bonjour,

    La démonstration est facile, tu vas la faire toi-même !

    Voici un autre problème plus difficile:
    si $5$ personnes se rencontrent, chacune d'elles serre la main de $4$ autres.
    Mais le nombre total de poignées de main n'est pas $5\times 4$. Pourquoi ?
    Comment faut-il corriger ?
  • Bonjour,

    Si $n$ personnes se serrent la main le nombre total de poignées de main est $\sum_{k=1}^{n-1} k = \frac{n(n-1)}{2}$ , ceci est ma façon naturelle de compter. Un autre raisonnement est de se dire qu'au lieu de compter les poignées de main nous allons compter les "actions de tendre la main vers une personne", il y en a alors $n(n-1)$ puisque chaque personne doit tendre la main vers $n-1$ autres personnes, l'ensemble des "actions de tendre la main vers une personne" peut être modélisé par les couples de $1,n^2$ qui ont deux coordonnées distinctes noté $A$ tandis que l'ensemble des poignées de main peut être modélisé par l'ensemble des parties de cardinal 2 de $1,n$ noté B, l'application $(i,j)\mapsto \{i,j\}$ est une surjection de $A$ vers $B$ notée $f$ telle que chaque image a exactement deux antécédents, en considérant une partition on obtient $|A|=\sum_{y\in B} |f^{-1}(\{y\})|=2|B|$ puis $|B|$ vaut la moitié de $|A|=n(n-1)$.

    Revenons au problème des polyèdres, on peut voir le polyèdre comme un assemblage de polygones chaque polygone étant collé à un autre par un seul de ses côtés, on peut encore faire la distinction entre "l'action de coller l'un de ses côtés à un polygone" ce sera notre ensemble $A$ et les recollements de deux polygones (ou arêtes) qui sera notre ensemble $B$, pour dénombrer $A$ on remarque que chacun des $N$ polygones doit se coller à $n$ polygones donc $|A|=N\times n$, cette fois l'ensemble $A$ peut être modélisé par une partie de l'ensemble des couples de $1,N^2$ qui ont deux coordonnées distinctes tandis que l'ensemble $B$ peut être modélisé par une partie de l'ensemble des parties de cardinal 2 de $1,N$, on peut à nouveau utiliser la surjection $f$ et conclure comme précédemment.

    Je ne crois pas que ces explications puissent être comprises dans l'enseignement secondaire mais elles me semblent satisfaisantes (qu'en pensez vous ?). C'est le fait d'avoir effectivement replacé cette situation dans un cadre plus simple qui m'a débloqué.

    Merci
  • Du coup (c'est souvent mieux de compter les faces) on peut énoncer plus généralement : si $P$ est un polyèdre et si pour tout entier naturel $n$ on note $N(P,n)$ le nombre de polygones à $n$ côtés qui constituent $P $ alors le nombre d'arêtes de $P$ est $\frac{1}{2}\sum_{n\in \mathbb{N}} n\times N(P,n)$.
  • Bonjour aito,
    Ton analyse est très précise.
    Dans le problème des poignées de main, il y a bien deux façons de compter.
    La première est récursive ($\displaystyle \sum_{k=0}^{n-1}k$), l'autre plus globale.

    Si $n $ personnes arrivent l'une après l'autre la première façon de compter est assez naturelle.
    Si on sert l'apéro et que les gens trinquent, la deuxième est plus pratique pour compter les bruits des verres qui s'entrechoquent.

    J'allais te demander le nombre de coutures d'un ballon de foot à panneaux hexagonaux et pentagonaux, mais tu as un peu anticipé.
    Alors disons juste que ce ballon présente 12 panneaux pentagonaux. Les autres sont des hexagones.
    Combien y a-t-il d'hexagones ?
    Combien de coutures (arêtes) ?
  • Bonjour jacquot,

    Considérons un polyèdre $P$ qui n'est constitué que de pentagones (on note $p$ leur nombre non nul) et d'hexagones (on note $h$ leur nombre non nul), remarquons que l'angle formé par deux côtés du pentagone à l'intérieur est de 108° tandis que celui de l'hexagone est de 120°, on déduit que les sommets de $P$ ne peuvent être que de degré 3 (il y a 3 arêtes qui partent de chaque sommet) car on a $2\times 108 + 120 <360$ et $2\times 120 +108<360$, ainsi les sommets de $P$ ne peuvent être que deux types, le premier type est une rencontre de 2 pentagones et d'un hexagone tandis que le deuxième type est une rencontre de 2 hexagones et d'un pentagone.

    Supposons à présent que le polyèdre $P$ est un "ballon", appelons "ballon" un polyèdre qui possède tous ses sommets identiques (localement isométriques), on note $s$ le nombre de sommets de $P$, par hypothèse les sommets de $P$ sont tous du premier type ou tous du second type, supposons qu'ils sont tous du premier type, en s'épargnant le formalisme et les surjections on peut écrire que le comptage des pentagones en écrivant $2s$ est tel que chaque pentagone est compté 5 fois (puisqu'il est à coté 5 sommets) d'où la relation $2s=5p$, de même le comptage des hexagones en écrivant $ s $ est tel que chaque hexagone est compté 6 fois (puisqu'il est à coté de 6 sommets) d'ou la relation $s=6h$, on déduit que $ h=\frac{5}{12} p $.

    Dans le cas ou tous les sommets de $ P $ sont du second type, on obtient de même les relations $2s=6h$ et $s=5p$ donc $h=\frac{5}{3}p$, utilisons à présent l'hypothèse que le ballon possède 12 pentagones, le nombre d'hexagones est alors 5 si tous les sommets sont du premier type ou bien 20 si tous les sommets sont du second type, on peut ensuite utiliser la propriété énoncée dans mon post précédent, si tous les sommets sont du premier type on obtient $(12\times 5 + 5\times 6)/2=45$ arêtes et si tous les sommets sont du second type on obtient $(12\times 5 + 20\times 6)/2=90$ arêtes.

    Notons que le ballon du premier type ne contredit pas le théorème de Descartes-Euler car 30-45+17=2 donc à priori il peut exister. J'ai essayé de dessiner son patron sans aboutir pour l'instant ... (rien à voir mais il y a des barres qui apparaissent à côté de certains caractères écrits en LATEX et je ne sais pas pourquoi)
  • Je crois que le ballon du premier type n'est pas possible, je commence par dessiner un patron qui possède tous les hexagones puis je n'arrive plus à placer de pentagones en conservant l'hypothèse des sommets localement isométriques.73962
    fig.jpg 211.7K
  • Bonjour aito,
    De nouveau, tu réponds par une étude bien précise. Tes relations $h=\frac 5{12}p$ ou $h= \frac 5 3 p$ montrent que tu as vite compris le dénombrement.
    Je n'avais pas envisagé le ballon du premier type qui sans doute n'existe pas. dans le cas contraire, ce serait un quatorzième solide d'Archimède ! Mais je n'ai pas d'argument-massue pour justifier son impossibilité :-S.

    Ton exigence de sommets "localement isométriques" est raisonnable pour la vocation d'un polyèdre à être adopté par les footballeurs. Je crois que c'est le critère exigé pour les polyèdres semi-réguliers.

    Amicalement. jacquot
  • Supposons que chaque sommet est adjacent à deux pentagones et un hexagone. Regardons ce qui se passe pour un pentagone fixé $P$. Chacun de ses sommets est adjacent à un et un seul hexagone, et un tel hexagone a une arête commune, donc deux sommets communs avec $P$. Ceci imposerait à $P$ d'avoir un nombre pair de sommets, ce qui est un peu trop demander à un pentagone.
  • (tu) Le voilà, l'argument-massue. Merci GBZM.
  • Merci chers amis des mathématiques pour ces réflexions, bravo pour l'argument massue GBZM, une illustration imagée ci-dessous : impossible de placer un hexagone ou un pentagone en conservant l'hypothèse des sommets localement isométriques.74006
  • Bonsoir à tous,
    une autre piste intéressante est celle du fullerène C60, et des autres molécules de ce type ...
    https://www.google.com/search?q=fullerène&amp;ie=utf-8&amp;oe=utf-8&amp;client=firefox-b

    Cordialement
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