Le cerf-volant de Tamvakis

Bonjour,
On appelle petit quadrilatère une figure à quatre côtés dont la plus grande distance entre deux sommets est égale à 1. En 1987, un certain Nikolaos Tamvakis, trouva, apparemment de façon élémentaire, lequel de ces petits quadrilatères a le plus grand périmètre (il n'y en a qu'un seul, voir ci-dessous). Comment a-t-il pu faire ?

source : Pour la Science, avril-juin 2016102162

Réponses

  • Bonjour,
    Cordialement102182
  • Il faut bien entendu prendre $AB=1$, auquel cas le périmètre du cerf-volant vaut $ \sqrt{2}( \sqrt{3}-1) + 2$.
  • Je n'ai pas envoyé le bon fichier. C'est rectifié.
    Cordialement
  • Pour l'expression du périmètre, et afin d'éviter des calculs compliqués avec des cosinus ou des racines carrées, je propose le petit raisonnement suivant.

    Remarquons tout d'abord que $CE = \sqrt{3}$ (le double de la hauteur d'un triangle équilatéral de côté 1)
    et par conséquent $DE = \sqrt{3}-1$. De plus on a $\widehat{ADB}= 150°$ (calculs d'angles élémentaire).

    Soit $O$ un point d'intersection du cercle de centre $D$ passant par $B$ avec celui de centre $A$ passant par le même point. Comme $AB = AO$ et $DO = DB$ la droite $(AD)$ est la médiatrice du segment [OB]. On a donc $\widehat{ADO}=150°$ et par conséquent $\widehat{ODB}=60°$. Ce qui implique que le triangle $ODB$ est équilatéral.
    Appelons $DEFG$ un carré de côté $[DE]$ (voir figure). On montre sans problème que $\widehat{BAO}=30°$, ce qui prouve que $(AO)$ est la médiatrice de $[BE]$. Ainsi $OB = OD = OE$ et O est le centre du carré $DEFG$. La somme des longueurs $AD$ et $AB$ est égale à celle de la diagonale de ce carré, qui vaut $\sqrt{2}×DE = \sqrt{2}×(\sqrt{3}-1)$.
    Le périmètre du cerf-volant de Tamvakis est donc égal à $\sqrt{2}×(\sqrt{3}-1)+2$.102200
    102202
    102204
  • Bonjour à tous,
    Merci beaucoup, Ludwig, pour ce fil et surtout pour la référence au numéro spécial de "Pour la science" où j'ai enfin trouvé le cadre général dans lequel placer mon "étude" sur les polygones partageant un même cercle circonscrit (voir le fil "suite de polygones inscrits conjugués" que j'ai récemment fait remonter). Je vais lire attentivement l'article en question !
    Pour ce qui est de ce cerf-volant, c'est en effet un cas intéressant !
    Bien amicalement
    JLB
  • Merci Tonm ! Grâce aux références du premier livre cité par ta recherche google, j'ai retrouvé l'article original de Tamvakis. Reste à décortiquer le texte (la preuve est en 4.1)..
    Mais tout de suite, une remarque : $\sqrt{2- \sqrt{3}}=$$ \frac{\sqrt{2}(\sqrt{3}-1)}{2}$.
  • Joli problème, en effet.
  • C'est curieux, cette figure est aussi une des solutions d'un autre problème, de je ne sais plus quelle vieille olympiade, que j'avais posé dans Le Petit Archimède en mars 1977 : trouver toutes les configurations de quatre points du plan tels que leurs six distances mutuelles n'aient que deux valeurs. Il y a aussi le carré, le triangle équilatéral avec son centre, quatre sommets d'un pentagone régulier, et deux autres encore.
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • Ci-joint un problème relatif au cerf-volant de Tamvakis. En admettant que $\ \cos(75°)\times\cos(15°)= \frac{1}{4}$ (cette valeur est donnée par la calculatrice), il est faisable dès la 4ème.
  • Les deux définitions du "petit polygone" données par le Pour la Science ne sont pas équivalentes ou je ne comprends plus rien ?
    Pour mon quadrilatère IJKL les deux diagonales sont de longueur 1, et pourtant la longueur d'un de ses côtés est supérieure à 1 :102288
    def.jpg 418.6K
  • Bonjour Ludwig,
    Où se trouve la deuxième définition d'un "petit polygone" ?
    J'ai bien trouvé celle que tu reproduis, mais pas l'autre ...
    Bien cordialement
    JLB
  • @jelobreuil
    définition 1 : un "petit polygone" est un polygone convexe dont la distance maximale entre deux sommets est égale à 1.
    définition 2 : un "petit polygone" est un polygone convexe dont la longueur de sa plus grande diagonale est égale à 1.
  • Bonsoir Ludwig,
    Personnellement, je ne vois pas deux définitions distinctes, mais plutôt deux façons de dire la même chose : pour cet auteur, je pense que "distance entre deux sommets" exclut le cas de deux sommets adjacents, car un diamètre n'est pas un côté. Le tiret devant les mots "ou encore" indique bien cette pensée, et ces mots sont ici un peu superflus car redondants avec l'utilisation des tirets, indiquant comme ceux-ci une explication, et non pas une opposition. Dans ce dernier cas, il n'y aurait que le mot "ou" : "la distance maximale entre deux sommets de ce polygone ou la longueur de sa plus grande diagonale est égale à 1". Dans cette dernière version, on considèrerait effectivement les deux possibilités : ce serait soit l'une, soit l'autre, et la distance maximale entre deux sommets pourrait être la longueur d'un côté.
    Bien amicalement
    JLB
  • Non je ne crois pas que pour cet auteur "distance entre deux sommets" exclut le cas de deux sommets adjacents. D'ailleurs la définition habituelle du diamètre $F$ d'une figure est ${\rm diam}(F)=\sup\;\{d(a,b)\mid a\in F ,~b\in F\}$. Mais d'accord sur le fait que l'expression entre tirets est une explication qui ne s'oppose pas au début de la phrase.
  • Nouveau fichier pour nos petits collégiens. Ajout de deux questions, l'une portant sur le carré de diagonale unité (qui est un petit quadrilatère d'aire maximale), l'autre portant sur un quadrilatère dont les diagonales sont perpendiculaires et de longueur 1 (un petit calcul littéral intéressant pour montrer que son aire est toujours égale à 1/2).
  • Ludwig, excuse-moi d'insister : l'explication entre tirets contient, entre parenthèses, une définition de ce que l'auteur entend par "diagonale", qui exclut qu'il puisse s'agir d'un côté ...
    Bien cordialement
    JLB
  • Mais je ne dis pas le contraire, je dis juste que, pour l'auteur, la distance entre deux sommets n'exclut pas le cas de deux sommets adjacents. Le diamètre d'un polygone peut très bien être un de ses côtés.
  • Amélioration du fichier collégien :
    - l'ancienne question 6 est maintenant traitée avant celles liées au cerf-volant, c'est plus naturel;
    - suppression du calcul de l'aire du cerf-volant par la trigonométrie : son résultat devait être admis et de plus ce cerf-volant n'est qu'un cas particulier des quadrilatères du 3°) actuel;
    - ajout de références.
  • D'accord avec Ludwig, je ne vois pas pourquoi le diamètre d'un polygone serait la longueur de sa plus grande diagonale.
    Dans un espace métrique, le diamètre d'une partie bornée non vide est la borne supérieure de l'ensemble des distances des couples de ses éléments.
    Dans le cas particulier d'un espace normé de dimension finie, le diamètre d'une partie bornée fermée (= compacte) non vide est la distance maximum des couples de ses éléments.
    Dans le cas encore plus particulier d'un espace euclidien, pour une partie bornée fermée convexe ayant au moins deux éléments, cette distance maximum est atteinte en deux points extrémaux.
    Ainsi, dans un plan euclidien, le diamètre d'un quadrilatère convexe est la distance maximum des couples de ses sommets. Dans l'article très intéressant de Tamvakis communiqué plus haut, il considère des polygones convexes, je ne vois pas bien cette notion reprise dans les messages précédents, mais peut-être ai-je mal lu.
    Maintenant, les deux sommets réalisant cette distance maximum peuvent très bien être deux sommets consécutifs. Vous pouvez bricoler par exemple un trapèze isocèle dans lequel la distance maximum des sommets est atteint à la grande base. Le rédacteur de Pour la Science a des problèmes de comprenette.
    Bonne après-midi.
    Fr. Ch.
  • Merci, Chaurien, de m'avoir remis les idées en place !
    Je pensais que le rédacteur de "Pour la science" savait ce qu'il disait ... Bien que ce fût un peu beaucoup surprenant, je le reconnais volontiers, mais j'ai simplement tenté d'entrer dans son raisonnement ...
    Ceci prouve que face à quelque chose de foireux, rien ne sert d'essayer de le rattraper, sauf à s'enferrer davantage !
    Encore merci pour cette leçon, qui vaut bien plus qu'un fromage !
    Bien cordialement
    JLB
  • Les rédacteurs de cet article de Pour la Science (ils sont trois) savent très bien de quoi ils parlent. le problème se situe ailleurs : ils n'ont pas pris le temps de rédiger correctement, ce qui est presque aussi grave qu'une mauvaise compréhension. J'ai relevé plus loin dans l'article d'autres approximations voire même des erreurs. Exemple page 23, dans l'encadré sur les "petits quadrilatères", il est écrit : on montre en effet qu'une condition nécessaire pour qu'un quadrilatère soit d'aire maximale est que les diagonales se coupent en angle droit. Il aurait fallu faire précéder le nom "quadrilatère" de l'adjectif "petit", ou bien parler de quadrilatères dont les longueurs des diagonales sont fixées, sinon ça ne veut pas dire grand chose. De plus il s'agit bien de ses diagonales à ce quadrilatère, le pronom possessif aurait été plus approprié.
    Mais il ne faut pas se leurrer : ce genre d'erreurs est courante dans la littérature scientifique. Partout, à commencer par ce forum (et je ne m'exclus pas des fautifs). Il s'agit de reconnaître qu'il y a un vrai travail à faire pour que ce que nous écrivons soit reçu correctement, sans ambiguïté. Par exemple, dans mon fichier Tamvakis version 2 posté plus haut, j'ai écrit pour introduire la question 6 : un quadrilatère a ses diagonales perpendiculaires et de longueur 1. Voilà une phrase toute simple en apparence, mais qui peut en fait être comprise différemment, selon les élèves. Car un élève perdu peut très bien la prendre pour une définition ! Il vaut mieux écrire : on considère maintenant un quadrilatère dont les diagonales sont perpendiculaires et de longueur 1. Les exercices des manuels scolaires sont remplis de telles phrases problématiques. Qu'elles aient précipité la géométrie dans le néant, il n'y a aucun doute à avoir la-dessus.
  • Il est facile de construire les quadrilatères de diamètre 1 dont les diagonales sont perpendiculaires et de longueur 1 : en partant d'un point $O$ à l'intérieur d'un carré de côté 1 on trace des parallèles aux côtés qui passent par $O$ pour obtenir les diagonales du quadrilatère. Reste alors à réduire la zone de déplacement de $O$ : il s'agit de l'intersection (en rouge) de 4 disques de rayon 1 centré sur les sommets du carré (on peut encore réduire cette zone d'aire $ \frac{\pi}{3}+1- \sqrt{3}$ si on raisonne à symétrie près).
    Mais comment obtenir, simplement, tous les quadrilatères de diamètre unité ? Avec deux points variables cela doit être faisable.102850
  • Bonsoir Ludwig,
    Je suis entièrement d'accord avec ce que tu dis dans ton avant-dernier message : il faudrait que nous soyons tous conscients que ce que nous écrivons doit être clair pour tous les lecteurs, et que nous prenions chacun la peine de nous relire attentivement en nous mettant à la place d'un éventuel lecteur lambda, et ce, plutôt sept fois qu'une (comme tourner la langue dans sa bouche avant de parler ...)
    Malheureusement, notre époque nous pousse à nous contenter d'à peu près, pour gagner du temps, en considérant qu'il est superflu de peaufiner ...
    Bien cordialement
    JLB
  • Pour la langue, $7^2$ d'après le texte.
  • Même s'il faut garder en tête que la perfection n'existe pas, je pousserais bien le vice jusqu'à la tourner $7^3$ fois. Un second manifeste des 343 en somme.
  • Bonjour,
    Correction du fichier collégien pour faire intervenir la convexité, propriété indispensable à la notion de petit quadrilatère, comme l'a fort justement rappelé Chaurien. Le texte était loin de la perfection donc...
    J'ai aussi allégé la consigne de la question 3. Et demandé question 4 quelle est l'aire du cerf-volant : il serait dommage de ne pas faire remarquer qu'il est un cas particulier des quadrilatères définis à la question précédente. J'aurais bien d'ailleurs changé la façon de le construire, ce cerf-volant, de façon à faire intervenir la médiatrice d'un segment et les propriétés qui vont avec. Mais cette autre construction est beaucoup plus lourde, car elle nécessite plusieurs cercles. Trop d'inconvénients donc par rapport au gain.

    EDIT : ben finalement j'ai aussi fait une version avec la construction du cerf-volant basée presque uniquement sur des cercles (fichier n°5). Elle n'était pas si lourde que ça.. et elle est plus "pure". De plus elle a l'avantage de forcer le réinvestissement de la notion de médiatrice d'un segment pour le calcul de l'aire question 4. Et ne fait plus intervenir l'expression "petit arc de cercle" du n°4. J'ai aussi changé d'unité (5 cm) pour que la figure soit visible dans sa totalité sur une feuille A4.

    Laquelle préférez-vous ?
  • Bonsoir Ludwig,

    J'aime bien les deux.
    Es-tu d'accord pour une utilisation de ton problème en classe ?
    D'ailleurs, si tu as une quatrième, je peux t'envoyer en message privé ceux que j'ai donnés récemment à la mienne.

    Cordialement,
    Swingmustard
  • Swingmustard bonjour,
    Tu peux utiliser ces fichiers sans aucun problème, ils sont ici pour ça. Et ce ne sont pas mes fichiers, car tu vois bien que j'aurais raconté des bêtises si par exemple Chaurien ne m'avait pas signalé qu'il y manquait la connexité.
    Un forum c'est l'outil roi pour créer des activités. C'est indépassable, et malheureusement inutilisé.
  • Amélioration de la figure GeoGebra correspondant à la question 3 : l'outil PointDans (région) du logiciel posant quelques problèmes lorsque la région n'est pas simple (si ce n'est pas une ellipse ou un polygone, le point reste souvent collé au bord, saute... etc), la région (une intersection de 4 disques) limitant le déplacement du point de façon à ce que le quadrilatère obtenu reste un petit quadrilatère a été remplacée par une très bonne approximation polygonale. Merci à rami du forum GeoGebra.
    bis.ggb 14.4K
  • Dans la preuve de Tamvakis comme quoi son cerf-volant est le petit quadrilatère de périmètre maximal (§ 4.1), quelque chose m'échappe. Il nomme $A$, $B$, $C$ et $D$ les sommets d'un quadrilatère convexe de diamètre $1$ et de diagonale $AC = 1$. Il pose alors $2\alpha_1=AB + BC$ et $2\alpha_2=AD + DC$ et affirme :
    "En admettant que $\alpha_1$ est constant, le point $B$ est sur l'ellipse de foyers $A$ et $C$ et de somme $2\alpha_1$."
    Cet "En admettant" est ma traduction de son "Assuming that". Que veut-il dire exactement ? Il suppose que $\alpha_1$ est constant et regardes alors ce qu'il se passe, ou bien cette constance est-elle une conséquence de la maximalité du périmètre ?

    EDIT : ah mais oui c'est une conséquence de la maximalité du périmètre : si on note $P$ cette valeur maximale alors $2\alpha_1=P - (AD + DC)$. Il doit vouloir dire que si $D$ est fixé alors, pour que le périmètre soit maximal, $B$ doit être sur une ellipse.

    EDIT n°2 : en fait ce n'est pas la maximalité du périmètre qui compte ici, c'est simplement que, pour un périmètre donné, le point $B$ peut être sur cette ellipse.103390
  • Pour un entier $n$ notons $d_n$ le plus petit des nombres $x$ tel qu'il existe une partition du triangle équilatéral unité en $n$ parties, chaque partie ayant un diamètre inférieur ou égal à $x$.

    R. L. Graham a déterminé les $d_n$ pour $1\leq n \leq 15$.

    Ci-dessous une belle partition du triangle équilatéral unité en 15 parties, chacune de diamètre $d_{15} = \frac{1}{1+2\sqrt{3}}$.
    Un petit cerf-volant de Tamvakis dans chaque coin.103690
    p15.jpg 96.9K
  • Merci Ludwig, c'est très intéressant, surtout avec tous ces pentagones ...
    JLB
  • Correction grammaticale (commentaires figure 1).
    La formulation "il n'est pas convexe : en effet... " n'est pas correcte. Ou bien on remplace les deux points par un point, ou bien on supprime le "en effet".
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