Distance minimale entre deux avions...

Bonjour à tous,
on admet dans le contrôle aérien que la distance minimale entre deux avions sur des trajectoires rectilignes,peu importe leur vitesse (qu'on considèrera constante) et "d'où ils partent" est toujours atteinte après que l'un des deux avions ait atteint le point de croisement des deux trajectoires. Ma question est donc la suivante :
cette application est-elle issue d'un théorème plus général ? Si oui,lequel ? Sinon,est-il possible,avec des outils de Math Sup/Spé,de démontrer cette affirmation ?
Bien cordialement.

Réponses

  • Et si les trajectoires ne se croisent pas? ( Droites non coplanaires)
  • Bonjour jacquot,
    j'aurais effectivement dû préciser qu'il s'agit de droites coplanaires,les avions étant verticalement séparés sinon,ce qui nous suffit.
  • Bonsoir,

    Le pire des cas, en coplanaires, ils arrivent ensemble et il y a crash.
    En non coplanaires, ensemble sur la verticale du point d'intersection.

    Si à la distance la plus courte aucun des deux n'a atteint le point de croisement, ils continuent à s'en rapprocher et la distance se réduit, contradiction.
  • Ca m'a l'air bien :) Merci et bonne fin de journée.
  • Voici un traitement analytique ou mécanique.

    Pour obtenir des calculs simples, je choisis mon repère comme suit:
    L'origine sera le point d'intersection des trajectoires rectilignes
    L'unité de distance sera la distance des deux avions lorsque le deuxième passera à l'origine, (instant initial),
    L'unité de temps sera la durée séparant les passages à l'origine des deux avions.
    Le premier axe du repère (orthonormé) sera la trajectoire du 1er avion orientée dans le sens de son parcours.
    Soit $y=ax$ l'équation de la 2e trajectoire dans ce repère.

    On a alors $x_1(t)=t+1$ ; $ x_2(t)= kt$ ; $y_2(t)=ak.t $
    $k$ et $ak$ sont les composantes de la vitesse du deuxième avion, éventuellement négatives.

    Si l'on note $d$ la distance des deux avions, on a $$ d^2(t)=((k-1)t-1)^2+(ak)^2t^2=[(k-1)^2+a^2k^2]t^2-2(k-1)t+1$$
    La dérivée de cette expression du second degré par rapport au temps est:
    $$2[(k-1)^2+a^2k^2]t-2(k-1)$$
    Elle s'annule en changeant de signe pour $t= \dfrac {k-1}{(k-1)^2+a^2k^2}$
    C'est à cet instant-là que la distance des deux avions est minimale, d'accord?

    Eh bien, prenons le paramétrage $a=1$ (trajectoires à 45°) et $k= 0,4$
    on trouvera $t\approx -1,15$ ce qui signifie que la distance est minimale avant le passage du 1er avion au croisement des trajectoires et invalide par conséquent le "théorème d'Iknazeon", sauf erreur dans mes calculs que vous voudrez bien rprendre...

    Maintenant il faut reconsidérer l'argument de Félix
    ils continuent à [se] rapprocher [du point de croisement] et [donc] la [leur] distance se réduit,
    Attention, si deux côtés d'un triangles diminuent, le troisième peut augmenter lorsque la déformation n'est pas homothétique...

    Avant de calculer, je m'étais laissé enfumer...B-)-
    Qu'en pensez-vous?

    Amicalement. jacquot
  • Bonjour Jacquot.

    Comme la discussion a très mal commencée, j'ai joué, comme à mon habitude, au chat et à la souris. Je remarque qu'Iknazeon parle "d'avions verticalement séparés" et qu'en conséquence les trajectoires sont, localement assimilables à deux droites non coplanaires, mais que l'auteur considère leurs projections sur un plan.

    Ne sachant plus à quel saint me vouer, je me suis abstenu. En un mot, la distance minimale est supérieure ou égale à la distance des trajectoires et la plus courte distance est obtenue en minimisant la somme des carrés distances des avions à la perpendiculaire commune.+

    Bruno
  • Oui, j'avoue avoir visualisé en coplanaire, triangles semblables qui "rétrécissent", sans aller plus loin.

    Bonne journée.
  • Coplanaire ou non coplanaire, le probnlème n'est pas là:
    J'affirme, calculs à l'appui, que l'affirmation d'Iknazeon:
    << la distance minimale...est toujours atteinte après que l'un des deux avions ait atteint le point de croisement des deux trajectoires>>
    est fausse, de même que ton raisonnement sur les distances.
    Je peux faire un dessin si nécessaire

    Amicalement. jacquot
  • As-tu remarqué que le résultat est plus que sensible à la position de k par rapport à 1 ? Autrement dit, si tu fais le calcul en te basant sur les paramètres de l'avion le plus lent le résultat d'Iknazeon est juste (ce qui se comprend aisément). Il y a donc un théorème d'Iknazeon dont les hypothèses sont à préciser.

    Dans un problème de contrôle aérien, en régime de croisière des transporteurs, le facteur k = 0,4 est irréaliste, les avions volent tous entre 750 km/h et 1000 km/h. Va donc voir sur ce site. ; en comparant les vitesses des avions qui s'affichent, lorsque tu cliques sur une silhouette, tu trouveras une fourchette réaliste de celles-ci.

    Au fait, Après cela, je songe cependant à annuler le vol que je dois faire ce printemps.

    Bruno
  • (tu) Super, le lien, mais attention, Bruno,

    Mon k n'est pas le rapport des vitesses.
    Sur mon exemple si k=0,4 et l'angle des trajectoires est 45°, le rapport des vitesses sera 0,4 rac2 = 0,56

    Par ailleurs, il existe bien des petits coucous à hélice que les contrôleurs du ciel ont intérêt à surveiller de près!
  • Bruno, je te répondais pendant que tu modifiais ton message.
    Voudrais-tu donner ta formulation du théorème de Bruno-Iknazeon?:D
  • Timide comme la violette, je me contente de fournir des idées aux prochains lauréats du prix Abel, mais je ne revendique rien :D.

    Reprenons un peu. Ta méthode ne fonctionne pas si les trajectoires sont perpendiculaires (ou orthogonales) car alors $k = 0$ et $y_2(t) = 0$ ; par ailleurs dans ce cas, il est clair que la distance minimum est obtenue au passage de l'avion le plus rapide au point de concours des trajectoires avec leur perpendiculaire commune. Si $k \neq 0$, alors ta méthode tient la route et je pense que le théorème est exact en se fondant sur le passage de l'avion le plus rapide à l'origine.

    Bruno
  • Ne suffit-il point de prendre le problème brutalement : Si on a un avion en $A(t)$ et un autre en $B(t)$, alors $\frac{d}{dt}\|A(t)B(t)\|^2=2(AB(t)|AB'(t))$. La distance est stationnaire ssi $AB$ est orthogonal à $AB'$, c'est-à-dire que le vecteur qui joint les avions doit être orthogonal à leur vitesse relative. Si les avions se déplacent à vitesse constante sur deux droites, la vitesse relative est constante et on peut poursuivre le calcul si on a le courage. Comme c'est symétrique par rapport aux deux avions, je ne vois pas comment un théorème pourrait privilégier le plus rapide (notion qui dépend du repère de toutes façons*). Par contre, la distance des deux droites est visiblement un minorant de la distance minimale, et c'est sans doute en ce sens-là qu'il faut comprendre le théorème du contrôle aérien.

    * Edit, bon ça c'est un argument un peu idiot, puisqu'on considère que les droites sont fixes...
  • Apparemment, personne n'a eu le courage, alors je termine. Si $A(t)=A+tv$ et $B(t)=B+tw$, on a $AB(t)=AB+t(w-v)$ et $AB'(t)=w-v$. Si on suppose que $w\neq v$ (sinon c'est pas drôle), on trouve
    $$0=(AB+t(w-v)|w-v)=(AB|w-v)+t\|w-v\|^2$$
    d'où l'instant optimal
    $$t_0=-\frac{(AB|w-v)}{\|w-v\|^2}.$$
    A cet instant
    $$AB(t_0)=AB-\frac{(AB|w-v)}{\|w-v\|^2}(w-v)=AB-(AB|z)z$$
    en posant $z=\frac{w-v}{\|w-v\|}$ vecteur unitaire dans la direction de la vitesse relative. La distance minimum est
    $$\|AB(t_0)\|^2=\|AB\|^2-(AB|z)^2.$$
    Il n'y a collision (dans l'avenir ou le passé) que si la vitesse relative est colinéaire à la direction d'un avion à l'autre (en supposant les avions ponctuels). Cette valeur peut évidemment être strictement plus grande d'autant qu'on veut que la distance des deux droites.
  • Merci Remarque. C'est plus amusant de laisser l'analyste calculer sans approximations :D.

    Bruno
  • Si ya pas d'approximation, c'est que c'est pas de l'analyse ! :D

    Sinon, on voit aussi que la distance minimale est la longueur de la projection de la différence de position des deux avions à l'instant initial sur l'orthogonal de la vitesse relative. Et donc que cette longueur reste donc constante au cours du temps, ce qui est rigolo (mais sans doute bien connu des grands anciens...).
  • Bonjour,
    Voici un fac simile de l'écran d'un contrôleur du ciel rélaisée à l'aide du tableur de Geogebra :

    contre-exemple présenté plus haut.
    Il apparaît clairement que la distance est minimale avant que l'un des deux avions ne soit passé à l'intersection de leurs trajectoires.

    Si les deux avions volent à des altitudes différentes, ça ne change rien, puisque ça revient à ajouter la constante $(\Delta h)^2$ au carré de la distance, ce qui ne modifie pas sa dérivée.

    Maintenant, il serait intéressant de retrouver l'énoncé original d'un hypothétique "Théorème des contrôleurs du ciel" que, visiblement, Iknazeon a énoncé de façon incorrecte dans son message initial.
    Bruno et remarque s'y sont essayés.

    Pour ma part, je pense qu'il s'agit de quelque chose du genre:
    "Sitôt que l'un des avions a dépassé le point d'intersection des trajectoires, on peut relâcher la surveillance, même si la distance relative des avions peut encore décroître un peu au-delà..."

    Amicalement. jacquot27218
  • jacquot a écrit:
    Bruno et remarque s'y sont essayés.

    Il me semble qu'au moins l'un d'entre eux a plus ou moins entièrement déblayé le terrain, non ? :D
  • Pardon, remarque,
    Je me suis mal exprimé.
    Tu as parfaitement analysé le problème et tes considérations sur la psition initiale et la vitesse relative donnent un point de vue intéressant.

    Simplement, je me demandais quelle est la loi qu'Iknazeon a lue ou entendue quelque part, et qu' il a énoncée fallacieusement dans son message initial...
    Là, nous ne pouvons faire que des hypothèses.

    Amicalement. jacquot.
  • En fait, tu as raison et mon commentaire était un peu idiot. J'avais mal lu le message initial où il était question d'après. Je n'ai pas regardé si effectivement la distance minimale est toujours atteinte après le croisement par un des avions, mais ça me semble raisonnable. Si les deux avions n'ont pas encore atteint leur croisement (au sens du point de distance minimale des deux trajectoires), il semble raisonnable de penser que leur distance décroît. Il faut juste regarder les formules.

    Edit : d'ailleurs c'est plus ou moins ce que dit Felix vers le haut de la page. Y'a pas à dire, ça paye de lire les fils en entier...:o
  • remarque a écrit:
    ..Si les deux avions n'ont pas encore atteint leur croisement (...), il semble raisonnable de penser que leur distance décroît

    Ben non, justement, c'est ce que je me suis appliqué à mettre en évidence avec mon contre-exemple, illustré par la figure ci-dessus. ;)
  • Oui, tu as deux fois raison. :D C'est d'autant plus évident qu'il suffit de prendre un avion à vitesse nulle (mais avant de rejoindre le croisement) et un autre à vitesse supraliminique pour voir que le minimum peut être atteint avant le croisement.
  • Bonsoir,

    Oui, c'est avec un petit dessin de ce genre que je me suis convaincu de mon idiotie.

    Vu l'heure où tu avais envoyé ton message de réfutation, j'espère ne pas t'avoir causé une nuit blanche, Jacquot !
  • Rassure-toi, Félix,
    Je dors de temps en temps...

    Voici un autre crobard, qui illustre cet intéressante remarque de remarque:
    la distance minimale est la longueur de la projection de la différence de position des deux avions à l'instant initial sur l'orthogonal de la vitesse relative


    En bleu, le vecteur vitesse relative. On voit bien que la distance est minimale quand la droite joignant les positions des deux avions est orthogonale à ce vecteur.27225
  • Bonjour
    supposons qu'à un instant donné les avions soient en $B$ et en $C$ et se dirigent tous les deux vers le point $A$ à vitesses constantes $v_{1}$ et $v_{2}$ avec $k=\dfrac{v_{1}}{v_{2}}<1$; supposons en outre que $\alpha =\widehat{BAC}$ soit aigu et que leur distance minimale soit atteinte quand ils sont respectivement en $B_{m}$ et $C_{m}$.
    Sauf erreur de ma part, on a, si $\mu =\dfrac{AB}{AC}$,
    $\dfrac{\overline{AB_{m}}}{\overline{AB}}=\dfrac{1}{\mu }\dfrac{\left( k-\mu \right) \left( k\cos \alpha -1\right) }{k^{2}-2k\cos \alpha +1}$
    $\dfrac{\overline{AC_{m}}}{\overline{AC}}=\dfrac{\left( k-\mu \right) \left( k-\cos \alpha \right) }{k^{2}-2k\cos \alpha +1}$
    ce qui d'ailleurs colle bien avec $\overrightarrow{B_{m}C_{m}}\perp \left( \overrightarrow{V_{2}}-\overrightarrow{V_{1}}\right) $.
    Du coup aucun des deux n'aura dépassé le point $A$ quand leur distance sera minimale si et seulement si $\dfrac{\overline{AB_{m}}}{\overline{AB}}$ et $\dfrac{\overline{AC_{m}}}{\overline{AC}}$ sont tous les deux $>0$, soit si et seulement si $\dfrac{v_{1}}{v_{2}}<\min \left( \cos \alpha ,\frac{AB}{AC}\right) $ ce qui est parfaitement possible, même avec des vitesses voisines, pourvu que $\alpha $ soit assez petit
    Cordialement. Poulbot
  • Puisque, après tout, c'est un forum de Géométrie, faisons un peu de géométrie.
    Si $B\left( t\right) ,C\left( t\right) $ sont les positions des avions à l'instant $t$, la droite $B\left( t\right) C\left( t\right) $ enveloppe la parabole tangente aux droites $AB,AC,BC,B^{\prime }C^{\prime }$ où $\overrightarrow{BB^{\prime }}=\overrightarrow{V_{1}},\overrightarrow{CC^{\prime }}=\overrightarrow{V_{2}}$. (évidemment, on peut remplacer $\left[ B^{\prime },C^{\prime }\right] $ par n'importe quel couple de points $\left[ B\left( t_{0}\right) ,C\left( t_{0}\right) \right] $)
    La distance $B\left( t\right) C\left( t\right) $ sera minimale quand la droite $B\left( t\right) C\left( t\right) $ sera la tangente au sommet de la parabole. D'où une construction facile :
    le foyer $F$ de la parabole est le deuxième point commun aux cercles $ABC$ et $AB^{\prime }C^{\prime }$; les points $B_{m},C_{m}$ réalisant la distance minimale sont les projections orthogonales de $F$ sur les droites $AB$ et $AC$.
    Cordialement. Poulbot27279
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