Bon matheux, mauvais pédagogue

Dans le cadre de l'enseignement des mathématiques au lycée, pourquoi beaucoup de chefs d'etablissements et beaucoup d'inspecteurs d'ailleurs, croient-ils que si un prof est très bon en maths ( bonne maîtrise de la matière + connaissance assez large des mathématiques) est forcément mauvais en pédagogie.
Que pensez-vous?
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Réponses

  • Une première remarque.
    La pédagogie repose sur la relation professeur-élèves. Une fois décrit le profil du professeur : "très bon en maths , bonne maitrise de la matière+ connaissance assez large des mathématiques", il reste à décrire le profil de l'élève pour savoir si cette relation sera féconde.
    Ce n'est pas spécifique aux mathématiques. Un professeur qui aime sa matière, qui l'a étudiée durant des années et qui la maîtrise, comme il a été dit, s'il se retrouve dans un établissement d'une zone dégradée avec des élèves quasi-illettrés, violents, en état de rupture avec nos références culturelles et civilisationnelles, s'il est lâché dans la fosse aux fauves, cela ne donnera rien.
    Dans la relation professeur-élève une communauté de références culturelles et de respect du savoir est nécessaire.
    C'est pourquoi la litanie qu'on entend souvent et qui consiste à affirmer qu'il faudrait placer les "meilleurs professeurs" dans les zones à problèmes, n'a aucun sens.
    C'est un début, continuons le débat.
    Bonne journée.
    R.
    NB. Et de grâce corrigez l'intitulé de ce fil. On écrit "matheux". Merci.
    [ C'était fait. jacquot ]
  • Bon, le mauvais pédagogue, il voit un élève en difficulté, il va l'aider. Tandis que le bon pédagogue, il voit un élève en difficulté, il va l'aider, mais c'est un bon pédagogue. Enfin c'est ce qu'on dit au lycée de Pitibon-sur-Sauldre, dans le Bouchonnois.
  • La question n'est pas d'UN élève en difficulté. La question c'est la définition du métier de professeur et des conditions d'exercice de ce métier en fonction des diverses situations.
    Pour la définition, professeur, ce n'est pas nounou, ce n'est pas animateur de centre aéré, ce n'est pas assistante sociale, ce n'est pas "grand-frère", ce n'est pas curé prêcheur de Charlie-vivrensemble, c'est transmetteur de connaissances. Reste à étudier les conditions de cette transmission dans les diverses situations.
    Bien cordialement,
    R.
  • Rouletabille laisse entendre que ce lieu commun du "Bon matheux, mauvais pédagogue" est né avec (de ?) la dégradation de l'enseignement secondaire; je ne le crois pas.
    Déjà dans les années 80, quand les parents venaient se plaindre d'un prof de math incompréhensible ou bordellé, l'administration répondait que c'était un très bon matheux. Je reconnais qu'il y a parfois un glissement: le fait d'être un bon matheux n'est plus considéré comme une circonstance atténuante (votre enfant va souffrir, mais il va apprendre des maths et c'est important), mais comme une circonstance aggravante, voire la cause. Mais je pense que ce glissement de sens (lié à la dégradition du système) s'est fait sur le terreau d'un lieu commun existant.

    C'est également un discours en creux: le bon matheux bon pédagogue, on n'en parle pas, quant aux mauvais matheux, il ne saurait exister: ce serait reconnaître une défaillance de l'institution, alors que parler de mauvais pédagogue renvoie à une défaillance individuelle.
  • Moi j'avais l'impression que contrairement à ce qui est dit dans le premier message la supposition était exactement le contraire:
    Bon matheux, bon pédagogue.
    Vous connaissez sans doute cette maxime (imbécile):
    "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement".

    Je suis d'accord sur la première remarque de Rouletabille: La pédagogie repose sur la relation professeur-élèves.

    Mais les élèves ne choisissent pas d'aller à l'école, l'enseignement est obligatoire jusqu'à 16 ans, sauf erreur de ma part.
    Et la solution la plus simple pour s'acquitter de cette obligation pour les parents est d'envoyer leur enfants à l'école.
    (ce qui est sans doute une bonne chose à priori).

    Les enseignants, pour beaucoup (les profs' de prépas' choississent dans une certaine mesure qui sont leur étudiants par exemple), ne choisissent pas non plus leur élèves et le contrat qui les lie à l'Etat ne stipule pas qu'ils ont un droit de regard sur qui s'assoit en face d'eux dans leur classe donc le métier des enseignants de l'enseignement public est de donner un enseignement à tous les élèves qui leur sont confiés..

    La difficulté est de savoir comment recrute-t-on des femmes (majoritaires dans les collèges et les écoles primaires sauf erreur) et des hommes qui vont être capables de mener cette mission (celle décrite sur le beau papier du ministère), qui est de plus en plus difficile (la parole de l'enseignant est décrébilisée et est noyée dans le flot déversé par les médias publicitaires et la bêtise ambiante qui se substituent à toute transmission du savoir et des connaissances collectées par des dizaines de générations d'êtres-humains)?

    Aux concours de recrutement de l'enseignement publics du secondaire, il y a surtout des épreuves théoriques qui ne permettent pas de savoir quelle sera l'attitude d'un candidat face à des élèves.
    Il y a l'année de stage. Le professeur-stagiaire dont le ministère ne sait rien de son aptitude à créer une relation professeur-élèves favorable à enseigner quelque chose n'a pas des classes fictives en responsabilité: il a les mêmes responsabilités qu'un enseignant titulaire.
    Je ne sais pas si c'est une bonne nouvelle d'apprendre que son gosse a pour prof' un stagiaire.

    Autant dire qu'à l'éducation nationale, le recrutement ressemble à cela:
    Pour voir si tu sais nager, on te conduit en bateau jusqu'à 5km de la côte la plus proche, on te balance à l'eau sans bouée et on te demande de regagner le bord. Ceux qui regagneront le bord auront montré qu'ils avaient des capacités pour la tâche demandée, les autres, ils seront remplacés par de la viande fraîche au prochain concours qui subira le même sort.

    J'ai subi ce sort, il y a 20 ans, je pense que je ne m'en suis jamais remis totalement tellement cette période a été cauchemardesque et à cette époque, il y avait un semblant de considération pour les professeurs-stagiaires du point de vue de la formation (qui ne m'a pas aidé sur la gestion de classe)

    PS:
    L'éducation était conçue à une certaine époque comme un préalable à s'engager sur le chemin de l'émancipation, un prélable à l'exercice de la citoyenneté.
    Qu'est devenue l'éducation? L'antichambre de l'entreprise ou de Pôle-emploi. Je comprends que des élèves ne tiennent pas spécialement à aller se faire endoctriner pour être un bon petit travailleur modèle, bien obéissant.
  • pourquoi beaucoup de chefs d'etablissements et beaucoup d'inspecteurs d'ailleurs, croient-ils que si un prof est très bon en maths est forcément mauvais en pédagogie.

    Parce qu'ils pensent qu'un tel prof sera élitiste, et que l'élitisme est mal vu ?

    Ou bien ils sont conscients que les profs bons en math sont de plus en plus rares, donc pour éviter d'avoir à reconnaître que la situation est problématique ils donnent un mauvais argument pour pouvoir conclure que ce n'est pas grave si les profs sont moyens en maths, voire carrément non qualifiés pour enseigner les maths (cas de vacataires ou de profs certifiés dans une autre discipline que les maths) ?
  • Le constat est axé sur le bon sens : quelqu'un d'excellent aura du mal à se mettre à la portée pédagogique d'autrui; car non confronté à l'erreur donc n'ayant pas réfléchi aux divers moyens existants pour l'éradiquer et expliquer les chemins directs et indirects du raisonnement menant aux résultats.
  • Pas évident. Quelqu'un de pas excellent peut comprendre facilement quand des élèves commettent les mêmes erreurs qu'il a commises dans le passé, mais pas nécessairement d'autres types d'erreurs.

    D'autre part, être excellent en maths n'empêche pas d'être capable de faire un effort pour comprendre la manière dont les autres personnes pensent.

  • Professeur est une profession sérieuse, en principe, dont le fondement est d'apprendre aux autres. Dans la formation d'un enseignant, il devrait y avoir une partie, apprendre à apprendre aux autres et cette formation devrait être obligatoire (je ne perds pas de vue que ce savoir est empirique).
    Un prof' n'est pas rémunéré, en principe, pour montrer à des béotiens comment il comprend bien les mathématiques.
    Bref, enseigner est une vraie profession, pas un truc de frimeurs qui valorisent leur égo aux dépens des élèves.
  • Pour l'avoir vécu, aucun prof qui se respecte n'a été en mesure de dire pourquoi un rang alternait entre 4ème et 30ème sur 45 d'un contrôle à l'autre.

    Si la qualité de l'enseignement était aussi bonne qu'on la raconte, en classes préparatoires, on ne se confronterait pas à l'émergence d'innovations.

    Il m'est d'avis qu'un pédagogue accompli a forcément buté face à la pluralité des sens. "Avant: j'avais des principes et aujourd'hui, j'ai des enfants"!
  • J'ai oublié peut etre de préciser une chose dans la problèmatique. Dans l'enseignement d'aujourd'hui on parle de la "pédagogie inversée" les profs du second degré ont entendu parlé certainement. Dans cette nouvelle pédagogie, c'est l'élève qui construit son savoir ( a partir des situation probleme ) et le prof est juste un encadrant contrairement à "l'ancienne " pédagogie où c'est le prof qui transmet le savoir ( cours magistral). Je vais etre un peu méchant en disant que pour moi pédagogie inversée= pédagogie de l'enfant roi de l'enfant gaté.
    Quelque profs que je connais " dans mon lycée" qui sont de tres bon matheux et en plus anciens dans le métier sont jugés mauvais pédagoges parce qu' ils n'intègre pas cette pedagogie dite inversée.
    Par expérience j' ai essayé de partir sur des situations problèmes pour introduire telle ou telle notion ( pour donner le cours apres) et a chaque fois je sens que les élèves sont perdus car : ils ont beaucoup de lacunes ( un accumul des années précédentes), ils sont pas tous passionné par la " recherche", donc resultat: les élèves déccrochent, ils baissent les bras, ils ont plus envie de travailler, et je constate effectivement que cette pedagogie inversée leur a inversée le cerveau plutot que de les aider à apprendre.
    Qu''est ce que vous en pensez de tous ça,
  • pde a écrit:
    pourquoi beaucoup de chefs d'etablissements et beaucoup d'inspecteurs d'ailleurs, croient-ils que si un prof est très bon en maths ( bonne maîtrise de la matière + connaissance assez large des mathématiques) est forcément mauvais en pédagogie.

    C'est quoi beaucoup ? Personnellement, je connais trois chefs d'établissement et aucun ne croit cela. Je reconnais que trois c'est très peu mais j'aimerais savoir sur quoi tu te bases-tu dans cette affirmation sous-jacente à ta question.
    J'imagine en effet que tu n'as pas interrogé TOUS les chefs d'établissement de lycée de France et d'outre-mer. Alors que quel échantillon te bases-tu ? Et sur quelle expérience ? Par exemple, ces personnes t'ont-elles dit explicitement qu'elles pensaient que très bon en maths => mauvais pédagogue ? Ou bien est-ce une déduction que tu fais toi-même suite à d'autres événements (personnes recrutées sur des postes que toi-même tu n'estimes pas bonnes en maths par exemple...).
  • Ton dernier post est très différent de ta question intitiale, il ne s'agit pas d'être très bon en maths ou pas, mais d'appliquer des méthodes préconisées actuellement par l'EN. Ça n'a rien à voir !
    On peut être très bon en maths et adepte de la pédagogie inversée et pas très bon et adepte du cours maristral, ou très bon et adepte du cours magistral et pas très bon et adepte de la pédagogie inversée. Bref, tout peut arriver et ça n'a rien à voir avec le niveau en maths de l'enseignant.
    A la question plus précise de ton dernier post que je comprends comme "pourquoi prône-t-on la pédagogie inversée" et qui je le répète lourdement n'a rien à voir avec être bon en maths ou pas, je n'ai pas la réponse. Comme je l'ai dit plus haut, c'est à la mode en ce moment, c'est ça qui est bien noté par les inspecteurs et on peut imaginer que les chefs d'établissements aiment avoir des profs bien notés par l'IG...
  • Je ne vois pas bien le rapport entre "les situations problèmes" et ce que (à ce que je crois) on appelle la pédagogie inversée.

    A ce que j'en ai compris, la pédagogie inversée consiste plutôt à mettre le cours à disposition de l'élève avant la rencontre avec l'enseignant.
  • La relation entre le premier et deuxieme poste , c'est que souvent un bon matheux refuse d'integrer la pedagogie inversee c'est pour ca qu'il est jugé mauvais en pedagogie. Pour l'oubserver il suffit de comparer le niveau des classe prepa avant et mnt. et puis comment veux tu qu'un élève de second qui ne sait pas additionner deux fractions à la main, puisse construire un savoir par lui meme!
  • @aléa : ne confonds-tu pas avec la classe inversée ?

    Maintenant, est-ce que pédagogie inversée = classe inversée ?
  • pde a écrit:
    La relation entre le premier et deuxieme poste, c'est que souvent un bon matheux refuse d'integrer la pedagogie inversee c'est pour ca qu'il est jugé mauvais en pedagogie.

    Ta logique fait un peu peur... Tu sembles dire :

    1) Il esiste des bons matheux qui refusent d'intégrer la pégagogie inversée
    2) Toute personne qui n'applique pas la pédagogie inversée est jugée mauvaise pédagogue
    3) Les bons matheux sont donc jugés mauvais pédagogues.

    Tu ne trouves pas qu'il y a un problème ? Même si on remplace 1) par "70 % des bons matheux refusent d'intégrer la pédagogie inversée" (le 70 % serait une manière de traduire ton "souvent") le raisonnement est quand même toujours très bancal et ton premier post en est un raccourci très discutable.

    Par ailleurs, ton expérience ne semble basée que ce qui se passe dans ton lycée, donc je ne vois pas non plus comment tu passes du chef d'établissement de ton lycée à "beaucoup de chefs d'établissement".

    Si j'étais méchant... Mais je vais m'abstenir.

    Ceci mis-à-part, la débat pédagogie inversée/cours magistral est intéressant.
  • Peut être, mais alors je ne suis pas le seul.

    http://lewebpedagogique.com/blog/la-pedagogie-inversee-bouleversons-nos-manieres-denseigner/


    Bon, évidemment si on fait une variante en enlevant la phase de travail à la maison, ça va être compliqué...
  • vidéos en ligne ou fournies par l’enseignant, podcast d’émissions, tutoriels, diaporamas, fichiers PDF. L’élève arrive donc en classe le lendemain ou le surlendemain « chargé » de questions, d’interrogations et d’envies aussi.

    J'imagine déjà le genre des questions "t'en es où de wow* ?"
    Selon les chiffres, en 1 an, 41% des membres sont devenus « avancés et compétents » en maths contre 23% un an plus tôt.

    Bien sûr! C'est comme les 80% d'une classe d'âge qui ont le bac...
    Henri Lebesgue a écrit:
    Le seul enseignement qu’un professeur peut donner, à mon avis, est de penser devant ses étudiants.
    :-D

    * http://eu.battle.net/wow/fr/
  • @soleil_vert, certes mais tout le monde n'est pas Henri Lebesgue :-P (heureusement ou malheureusement ?).

    Bruno
  • Bonjour,

    C'est toujours le même débat. On a :
    - d'un côté les adeptes de la pédagogie traditionnelle, qu'on appelle parfois les républicains,
    - de l'autre les adeptes des pédagogies nouvelles, qu'on appelle parfois les pédagogistes.

    Je n'essaierai pas ici de répondre à la question "qui a raison ?", mais à la question "de quel côté sont les inspecteurs et les chefs d'établissement ?".

    Pour cela je regarde les résultats des dernières élections professionnelles disponibles ici : http://www.education.gouv.fr/pid31640/resultats-des-scrutins-nationaux-et-deconcentres-des-elections-professionnelles-2014.html?election_n=Nationaux&election_d=#result

    Le principal syndicat considéré comme "pédagogiste" est l'UNSA. Voilà ses scores chez différentes catégories de personnels, en pourcentage des suffrages exprimés :

    Agrégés : 5 %
    Certifiés : 10 %
    Professeurs des écoles : 25 %
    Personnels de direction : 67 %
    IEN : 68 %
    IA-IPR : 71 %

    On en conclut ce qu'on veut.
  • Avec tout le respect que je dois à Lebesgue, c'est quand même largement faux.

    90% du temps, l'enseignant ne pense pas, il mime la pensée. Reste 10% du temps, s'il n'a pas assez préparé son cours ou si on lui pose une question un peu originale.

    L'enseignant est un comédien, il doit s'assumer comme tel. En revanche, il ne doit pas être un menteur.
    Le comédien n'est pas un menteur, car le public sait qu'il est devant une représentation.

    En revanche, la systématisation des "activités de découverte" est essentiellement un mensonge car elle prétend réinventer en quelques instants le cheminement de centaines d'années de la pensée humaine.
  • @Bruno heureusement!
    @alea je le mettais là pour aller dans le même sens...

    Ce que je voulais mettre en lumière c'est la possible action bénéfique sur les éléves des enseignants pas trop submergés par la pédagogie.
    Si l'on passe son temps à pédagogiter* et à s'interroger sur son métier rien ne peut avancer et c'est ce que je comprends des messages ci-dessus.

    Lebesgue vivait à une époque où le nombre d'enseignants était minime. Mais certain comme Denjoy était imbuvable ( Godement Analyse mathématique).
    Aux concours de recrutement de l'enseignement publics du secondaire, il y a surtout des épreuves théoriques qui ne permettent pas de savoir quelle sera l'attitude d'un candidat face à des élèves.

    he! he! à quand des séances de classes sur simulateur pour les préparationnaires comme les pilotes de lignes B-)-

    * celui-là je vais le breveter!
  • Hébus, en bon troll, tu simplifies à outrance.

    Ca me paraît un contresens d'opposer la pédagogie inversée au cours magistral, puisque toutes deux relèvent de la même logique qui est de dire que le savoir préexiste au cours et qu'il va être révélé à l'élève.

    Après, soleil vert pose la bonne question: la pédagogie inversée suppose une envie de savoir qui implique que, hors de toute contrainte, l'élève va lire le cours/regarder la vidéo, contrairement à la pédagogie classique qui oblige à la présence.
  • aléa écrivait ceci:

    Tout à fait d'accord, désolé je ne sais pas comment citer

    [ Inutile de répéter le message, tu peux mettre un lien ou bien utiliser le bouton avec les guillemets pour coller une partie du message. jacquot ]

  • Tu veux casser le mythe du prof' qui arrive les mains dans les poches et parce qu'il est un excellent matheux il peut te parler de tout et de rien avec assurance et applomb et il va captiver son auditoire qui va tout comprendre bien sûr (l'auditoire a le droit d'applaudir au moins à la fin et de jeter des pièces?) . (ne rigolez pas, je me demande si ce modèle n'est pas dans la tête de certains étudiants qui veulent devenir prof') ? B-)-

    La pensée nécessaire intervient en amont au moment de savoir ce qu'on va dire à ses élèves quand on sera en face d'eux.
    En début de carrière (je n'ai pas pu tester ce que cela donne en fin de carrière), tu n'es pas forcément assez à l'aise pour tout gérer sans une bonne préparation de ton cours, c'est vraiment scripté (la gestion de classe peut mobiliser beaucoup de ton attention)
  • Un exemple de prof original :
    Mlle Bortnciker ne fait pas de leçon ; elle interroge les éléves et leur fait traiter au tableau, sous sa direction et en les guidant, les questions du programme.
    De toutes les classes que j'ai inspectées cette année dans les lycées de jeunes filles, celles de Mlle Bortnicker sont certainement les meilleures.



    PS : Bortnicker ne contient pas de c dans son nom, mais je ne peux pas poster le message si je retire le c

  • Si je comprends bien,que font les autres élèves pendant que leur camarade est au tableau? Ils écoutent religieusement, ils prient pour ne pas être le suivant à passer au tableau (j'imagine que sur une séquence d'une heure, tout le monde ne passe pas au tableau) ? :-D

    (je voudrais bien voir cette originalité appliquée fréquemment dans une classe de collège. Quel pervers je fais ! :-D )
  • Je sais pas, c'est une méthode heu participative :-D mais d'après l'inspecteur les résultats étaient au rendez-vous!
  • Il serait surtout intéressant de connaitre l'effectif de la classe de Mlle Bortnicker. En 1890 dans un lycée de filles, je dirais au maximum une douzaine.

    À part ça le passage des élèves au tableau est profitable. Lorsqu'il est possible bien sûr.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.



  • A priori oui.

    Quand j'étais en cinquième (je l'avais eu aussi hélas en 6ème) j'avais un prof de mathématiques (que je détestais) qui nous faisait passer au tableau (peut-être dans le cadre de classe dédoublée, je ne sais plus). Il nous disait, en substance: on va jouer à la visite d'embauche, quand il faisait venir un élève au tableau. Franchement, je n'avais pas envie de passer au tableau pour subir ce que je pensais être une humiliation à l'époque.
    Heureusement, l'année suivante, j'ai eu un prof' qui était de la même génération, je pense, oldschool, ce type se faisait respecter mais on sentait beaucoup d'amour pour ses élèves (encore que ma soeur qui l'avait eu aussi comme prof', elle, ne l'appréciait pas). Ce fût un bonheur d'étudier dans sa classe, pendant deux ans. Ce type m'a réconcilié humainement avec les mathématiques. Je l'ai revu, bien des années plus tard par hasard et il m'avait dit, si je me souviens bien, en substance: que les années d'adolescence sont un bien mauvais âge pour apprendre tout ce qu'on demande à un élève B-)-

    PS:
    Pardon de vous abreuver avec mes souvenirs.
    Ce prof' de 4-3ème avaient des marottes, quand il était en colère il balançait au fond de la classe le tampon pour essuyer le tableau et il avait des jurons qui était sa marque de fabrique: nom de zeus! mer-credi ! :-D
    Personne n'était terrorisé par ses colères (peut-être parfois feintes) bien sûr, ça détendait l'atmosphère, au milieu d'une explication il pouvait aussi parler de trucs qui n'ont rien à voir en interpellant un élève. C'était un original et tout le monde savait je pense qu'il n'était pas méchant.
  • 4 ou 5, ça paraît beaucoup, personnellement, dans des salles de lycée, je n'ai jamais vu de tableau permettant d'envoyer plus de trois élèves à la fois.
    Par ailleurs, dans le cas où plusieurs élèves sont envoyés simultanément, la question de Fin de Partie est particulièrement pertinente : que font les autres ?
    Personnellement, quand j'étais au lycée ou en prépa et qu'un élève passait au tableau (ce qui n'était pas rare en prépa, un peu plus au lycée, mais ça arrivait), les autre élèves suivaient ce qui se passaient, voire cherchait l'exercice en même temps (pour les élèves sérieux bien sûr), mais s'il y a plusieurs choses différentes qui se passent en même temps ? Ce serait comme demander aux élèves d'une classe prépa d'assister aux colles : on ne peut pas suivre trois éxos en même temps (sauf facultés exceptionnelles, mais on ne va pas tabler là-dessus).

    Par ailleurs, la remarque de ev est pertinente : en 1890, dans un lycée de jeunes filles, les effectifs devaient être très réduits (moi j'aurais plutôt dit une dizaine). De plus, le découpage à cette époque là n'était sans doute même pas par heure, mais peut-être par demie-journée. Il ne devait pas y avoir pléthore de prof qui se succédaient toutes 55 minutes.
  • Bon le lycée de filles de 1890, c'est assez élitiste.
    Dans des lettres à son mari, mon arrière grand-mère, au début du 20e siècle, se félicite d'un taux de réussite de 50% au certificat d'études, sachant que seuls la moitié des élèves étaient invités à se présenter.
  • Par ailleurs, dans le cas où plusieurs élèves sont envoyés simultanément, la question de Fin de Partie est particulièrement pertinente : que font les autres ?

    Je n'ai jamais vu plusieurs éléves au tableau en même temps, j'ai du mal à imaginer...
    Mais c'est une idée deux profs en même temps, qui font leur cours un vrai gain financier !
    Par ailleurs, la remarque de ev est pertinente : en 1890, dans un lycée de jeunes filles, les effectifs devaient être très réduits (moi j'aurais plutôt dit une dizaine). De plus, le découpage à cette époque là n'était sans doute même pas par heure, mais peut-être par demie-journée. Il ne devait pas y avoir pléthore de prof qui se succédaient toutes 55 minutes.

    Bonne question, il y avait peu de prof en fac, pareil pour les lycées ; disons 15 admis à l'agrégation masculine par ans au mieux, entre 3 et 8 pour les féminines en math pourtant à cette époque de nouveaux lycée pour fille ouvraient...
  • Deux élèves au tableau dans un contest de calcul, pourquoi pas ?
  • Bonjour,
    Dans mes classes de collège, j'ai souvent 3, 4 ou 5 élèves au tableau en même temps. Cela permet de corriger rapidement des exercices de base que les élèves ont au préalable faits à la maison.

    Exemple concret : On étudie le théorème de Pythagore. Pour ma part, je considère qu'il faut bien faire 4 ou 5 fois le calcul pour être sûrs qu'on sait le faire. Les exercices sont commencés en classe, finis à la maison, et corrigés au cours suivant. 4 élèves au tableau et les 25 autres observent, posent des questions, prennent la correction si nécessaire et sont prêts à "critiquer" constructivement bien sur ce que leurs camarades ont fait au tableau.

    Cela ne pose pas de problème majeur, et a l'avantage qu'un élève n'est pas seul au tableau, c'est moins impressionnant !

  • Tes élèves sont des nains ou ton tableau est gigantesque? B-)-
  • Le tableau est trop haut, il faut faire un castell.
  • Bon, 5 c'est assez rare, plutôt 3 ou 4, mais c'est vrai, j'ai de grands tableaux. Mes élèves sont des élèves de collège on ne peut pas dire que ce sont des nains, la plupart sont au moins aussi grands que moi (qui ne suis pas très grande mais quand même!)
  • Situation typique : Je demande des volontaires et tous mes élèves s'intéressent aux bouts de leurs chaussures.

    Je désigne un volontaire qui s'escrime de son mieux au tableau. Tout d'un coup les backseat drivers se réveillent pour dire :
    "Nan c'est pas comme ça qu'il faut faire !"

    Je les propulse au tableau pour qu'ils montrent comment il faut faire en gaffant que le volontaire précédent se défile pas en loucedé pour regagner sa place.

    Je peux avoir ainsi deux élèves au tableau en même temps, et même trois pour la Saint Charlemagne.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Deux c'est possible, à la rigueur, mais ils font quoi les 47 autres? X:-(
  • fg a écrit:
    les 25 autres observent, posent des questions, prennent la correction si nécessaire et sont prêts à "critiquer" constructivement bien sur ce que leurs camarades ont fait au tableau.

    47, il ne faut pas exagérer, chez moi, maximum 30...en lycée 35 normalement.

    Et non, ce n'est pas le bazar, bien sur, il faut les cadrer mais c'est une occasion aussi pour eux de poser leurs questions.
  • Et les 27 ils font quoi ? J'avoue que je ne pige pas le principe.
    Si vous dites que ce n'est pas le bazar, ok, mais ça ne veut pas dire qu'ils travaillent : je ne vois pas comment ils peuvent suivre ce qui se passe en cours.
    J'imagine qu'il s'agit de corrections d'exercices préparés à la maison, donc le bon élève qui a réfléchi et fait les exos doit en effet jeter un coup d'œil distrait sur le tableau pour vérifié que ce qu'il a fait est juste. Mais les autres (qui ne doivent pas être en minorité) ? Ceux qui n'ont pas fait les exercices, ou qui ont essayé mais n'ont pas réussi ? Que peuvent-ils faire à part recopier à toute vitesse et donc sans chercher à comprendre ?
    Parce que moi personnellement, je n'ai pas la capacité de me concentrer sur trois exos en même temps.
    J'avoue ne pas percevoir la pertinence de la méthode.

  • Je me serais contenté de ça et j'aurais loué le ciel pour ça (si je savais comment faire) à l'époque de mon calvaire à l'éducation nationale. :-D
  • bonsoir

    revenons au débat initial : "bon matheux, mauvais pédagogue"

    en fait il n'y a pas de fatalité dans cette association
    et comme dans toute discipline il y a des bons et de mauvais matheux et aussi de bons et mauvais pédagogues
    Euler était un grand mathématicien et un bon pédagogue (ses élèves à l'Académie de Saint-Pétersbourg l'ont attesté)
    Fermat était fin chercheur en math, mais médiocre pédagogue (il n'a d'ailleurs jamais enseigné)

    pour un professeur de math il est indispensable de maîtriser parfaitement son programme
    et de l'enseigner à un public devant lequel il se sente à l'aise
    et avec qui s'établira une vraie consonance voire une résonance
    (cela va dépendre de l'âge des élèves et aussi de la personnalité de l'enseignant)

    c'est l'enseignant lui-même qui choisira son programme et sa classe (avec un examen en fin d'année)
    de façon à réussir cette symbiose qui procure de vraies satisfactions aux apprenants comme au pédagogue
    il n'a pas le droit de se tromper et de tromper en même temps son public
    qui lui n'a pas réellement liberté du choix de ses professeurs

    est-on naturellement pédagogue ? certains ont des facilités réelles mais l'expérience bien-sûr permet de s'améliorer
    et de mauvais pédagogue on peut devenir bon
    alors qu'un bon matheux se révèle dès l'adolescence

    cordialement

  • En France? B-)-

    L'expérience sans doute y contribue mais Il y a des trucs qu'on ne découvre jamais parce qu'on ne se posera jamais de questions à leur sujet. B-).
    C'est interdit, c'est comme pour les trucs des magiciens, on ne doit pas révéler au grand public que c'est possible d'apprendre à apprendre aux autres, dans une certaine mesure car il n'y a pas à ma connaissance de recette miracle, et que cela devrait être aussi important que de maîtriser le contenu de ce qui est enseigné ?
  • > pourquoi beaucoup de chefs d'etablissements et beaucoup d'inspecteurs d'ailleurs, croient-ils que si un prof est très bon en maths ( bonne maîtrise de la matière + connaissance assez large des mathématiques) est forcément mauvais en pédagogie

    Parce qu'ils ne sont pas à l'aise avec un type qui passe pour brillant et qui a parfois trois fois leur CV... Les chefs d'établissement ça vole parfois franchement pas très haut mais ça se la pète beaucoup...
  • La question initiale (et sa réponse qui en découle qui irait de soi bien entendu) est admise par beaucoup ici comme une vérité sans aucune réflexion semble-t-il et s'ensuivent tous les poncifs du genre qu'on entend surement au "café du commerce" des prof' (aka salle des profs').

    Par ailleurs, croyez-vous qu'il y a beaucoup de profs' de mathématiques qui sont très mauvais dans leur matière, c'est à dire qui ne maîtrisent pas du tout ce qu'ils enseignent en collège, en lycée? B-)-
  • FdP a écrit:
    Par ailleurs, croyez-vous qu'il y a beaucoup de profs' de mathématiques qui sont très mauvais dans leur matière, c'est à dire qui ne maîtrisent pas du tout ce qu'ils enseignent en collège, en lycée?

    Vu le recours massif aux vacataires sans formation pour enseigner en collège/lycée ces dernières années, oui, il y en a malheureusement beaucoup.

  • Je ne te parle pas de leur aptitude/compétence à enseigner mais de la compréhension de ce qu'ils enseignent.
    Il faut nécessairement être agrégé, "mastérisé", "doctorifié" pour enseigner dans des classes de collège? (je suis toujours en train de parler de la maîtrise de ce qui est enseigné).
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