Nouveau programme du collège en Maths

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Réponses

  • JLT a écrit:
    Mais plus généralement, il convient de se demander pourquoi on enseigne telle ou telle matière. Voici une liste de raisons :

    1) Parce qu'on l'utilise dans sa vie professionnelle.

    Je lisais cela http://www.developpez.net/forums/d1552024/general-developpement/debats-developpement-best-of/programmation-pensez-formations-intensives/#post8434608 :
    Pour ma part, je pense qu'à peu près n'importe qui peut devenir développeur. En tout cas, il n'y a clairement pas besoin d'être un génie pour y parvenir. En cela, je pense que les formations classiques sont trop élitistes par rapport à l'attendu réel derrière. Par exemple, dans mon cas, je suis ingénieur, j'ai eu des cours de maths assez poussés en classes prépa, avec des cours de proba, de statistiques, d'algèbre non linéaire, etc... qui ont pas mal écrémé les candidats. Pourtant, et je bosse dans le domaine financier, je n'ai JAMAIS eu besoin de plus que les quatre opérations élémentaires de base, ha si, de temps à autre, un modulo, grosse folie! Parce que soyons clairs, mon job à moi, c'est de développer (ou faire développer) une application qui marche. Ça, c'est mon métier. Ce qui n'est pas mon métier, et qui est le métier d'autres personnes, c'est de définir les formules mathématiques qui répondent au besoin et de les décomposer en opérations suffisamment simple pour que je puisse les comprendre et les mettre en place. Si je les comprends, c'est pas plus mal, mais c'est franchement accessoire.

    J'y vois un gros problème de l'enseignement.
  • @soleil_vert : dans ton exemple, je vois surtout un Bac +5 recruté pour un job de Bac +2.
  • En appliquant le principe d'éliminer ce qui est perçu comme inutile, je propose de supprimer les cours de mathématiques pour les futurs professeurs de mathématiques. Après tout, comprendre ce n'est pas notre métier, il suffit de répéter des choses écrites dans des livres et surtout, de tenir sa classe. Avec les futurs enseignements interdisciplinaires, il suffira de photocopier le Picsous magazine pour faire cours.
  • @Siméon c'est le cas des trois quarts des informaticiens.

    En plus dans la finance sans une bonne école d'ingénieur (ou un master spécialisé) sur un CV ce n'est même pas envisageable de travailler là dedans.

    De plus des BAC+5 pour des postes de BAC+2 c'est à peu près le cas des agrégés.
  • soleil-vert a écrit:
    De plus des BAC+5 pour des postes de BAC+2 c'est à peu près le cas des agrégés.

    Et encore plus des certifiés. Rappelons que les certifies sont titulaires d'un bac+5 de nos jours. La plupart des agrégés enseignent au lycée (pour enseigner en terminale, il me paraît souhaitable d'avoir un bac +3) et dans le supérieur :BTS, IUT, prépa (pour ces dernières, en particulier, le bac +2) n'est clairement pas suffisant. En revanche, on peut se demander si un bac+5 est vraiment utile pour enseigner au collège.

    Attention, je n'ai pas dit que les certifiés enseignaient tous au collège, je sais que certains sont au lycée, ont des terminales, peuvent être en BTS et en IUT. Mais en pratique, au collège, on trouve une beaucoup plus grande proportion de certifiés que d'agrégés.
  • Je suis bien content de bosser le programme d'agreg interne en parallèle de mes 6èmes. Je trouve ça très enrichissant pour ma culture et pour mon enseignement.

    Je suis complètement d'accord avec toi, gimax, quand tu dis que ce n'est pas nécessaire d'avoir un bac+5 (de très bons collègues en collège ont bien du mal à faire une épreuve de bac S, même les derniers...) mais je trouve cela plutôt pertinent d'être passé par là. Même pour enseigner en 6ème.
  • Bien d'accord avec toi kioups. Dans l'idéal, je trouve qu'il serait bon que tout enseignant du primaire au collège ait un niveau L2.
    De même, dans l'idéal, je pense qu'un enseignant au lycée devrait avoir un niveau L3.

    Mais bon dans un monde idéal...
  • Question naïve :

    Est-on bien certain que ce nouveau programme (enfin projet pour le moment ...) de maths sera mis en oeuvre en septembre 2016 ?

    Quand sera votée la version définitive ?
  • Normalement, la version "définitive" sort demain. C'est restrictif de dire "de maths" puisque tout change.

    A priori, les éditeurs vont se mettre rapidement au boulot. Je vois mal comment cette réforme pourrait être désormais repoussée. Un certain nombre de collègues sont résignés, d'autres n'ont toujours pas pigé qu'il y avait une réforme... Ca ne bouge plus beaucoup depuis septembre... On y va tout droit...
  • Un collègue syndiqué nous a filé une jolie carte postale à envoyer à l'Elysée... Ca coûte rien d'essayer !
  • Bonsoir,

    Kioups, montre nous la carte.

    Cordialement,

    Rescassol
  • Je confirme, certains n'ont absolument pas pigé qu'il y aura de l'algorithmique dans le programme de maths/info et n'y connaissent mais alors absolument rien.

    Ca promet :)
  • @ Arnand

    ça je l'ai bien pigé. Mais y aura-t-il des maths ?

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • @ ev

    Oui, mais beaucoup moins qu'avant d'après ce document non officiel.

    J'ai pris quelques heures pour taper une leçon de niveau 5e (version nouveau programme) sur les enchaînements d'opérations, pour faire le lien avec de petits programmes de calcul et enfin quelques bases d'algorithmique.

    Y a du boulot quand même pour tout introduire ...
  • Si ce document est vrai, c'est un délire complet. Comment peut-on vouloir apprendre l'algorithmie ou la programmation si on ne sait même plus faire du calcul algébrique de base ? Quant à la géométrie, le seul moment où il y a de vraies démonstrations au collège, c'est dangereux de supprimer autant de choses. La géométrie donne vraiment l'occasion de faire des raisonnements logiques au collège.

    Bon courage aux profs, ça va être dur, et encore plus pour les profs de lycée et du supérieur lorsqu'ils auront dans leur classe cette génération.
  • Déjà aujourd'hui, on constate que les élèves, mêmes les bons, ont de plus en plus de mal à mener correctement des calculs avec des fractions.

    On ne parle même pas du calcul littéral.

    Et il y aura encore moins de temps consacré à cela dans ce nouveau programme.

    Mais ce n'est pas grave, il y aura geogebra pour calculer tout cela. Et au lycée, encore geogebra pour dériver et intégrer.

    Bref, tout ira bien pour nos futurs bacheliers ? Non ?

    En fait, pas si bien que ça d'après ce document de la SMF (Société Mathématique de France) : page 41 à 11

    Je ne citerai que deux passages explosifs :

    .. les étudiants qui arrivent
    à l’université ou en classe préparatoire, semblent,
    pour une majorité d’entre eux :
    – ne plus maîtriser le calcul numérique ou litté-
    ral ;
    – avoir perdu le goût et la capacité de travailler
    chez eux ou en classe ;
    – ignorer ce que sont les mathématiques.

    Il est tentant de répliquer que ce constat n’est
    pas nouveau, mais cette fois, il semble que cela
    concerne même les meilleurs et les plus déterminés
    de nos étudiants.



    et


    La diminution des horaires et des programmes
    a entraîné de facto une diminution des connaissances
    des élèves. Les techniques de base de calcul
    et de raisonnement ne sont pas acquises.
    La faillite
    est totale : règle des signes, distributivité, somme
    de nombres rationnels, formules trigonométriques,
    radicaux, dérivées des fonctions simples... rien de
    tout cela n’est immédiat et tout est source potentielle
    d’erreur. Mais, bien plus grave, les bases du
    raisonnement déductif ne sont pas posées.



    Flippant².

    Petit conclusion .. un passage de Alain Connes dans Sciences et imaginaire qui a déjà été cité sur le forum :

    Quand on effectue un long calcul algébrique, la durée nécessaire est souvent
    très propice à l'élaboration dans le cerveau de la représentation
    mentale des concepts utilisés. C'est pourquoi l'ordinateur, qui
    donne le résultat d'un tel calcul en supprimant la durée, n'est
    pas nécessairement un progrès. On croit gagner du temps, mais le
    résultat brut d'un calcul sans la représentation mentale de sa
    signification n'est pas un progrès.
  • De http://smf.emath.fr/files/146-bd.pdf :
    Quant à ceux qui poursuivent le cursus jusqu’au bout et réussissent, à l’exception de quelques-uns, ils sortiront de L3 en maîtrisant une faible proportion du programme et en ayant atteint une qualité de rédaction peu satisfaisante.

    Ne pas leur donner le L3!
    Il faut reconnaître que nous sommes loin de passionner nos étudiants, le défi consistant plutôt à introduire, en un minimum de temps, un maximum de notions dont on verra l’utilité... les années suivantes. C’est demander paradoxalement beaucoup de patience à des étudiants dont on pense qu’ils n’en ont plus.

    J'ai connu cela à la fac il y a plus de 15 ans. J'ai toujours du mal à comprendre un tel défi.
    On doit aujourd’hui enseigner des mathématiques que nous avons pris l’habitude de considérer comme acquises parce qu’enseignées autrefois au lycée

    L'enseignement des maths pour scientifique pour les élèves de seconde à terminal, devrait être fait dans les facs et non dans les lycées.


    La citation d'Alain Connes peut être étendue à la géométrie et à la programmation.
    Pourtant on a fait disparaitre la géométrie descriptive de l'enseignement il y a 50 ans. Quand à la programmation elle se fait plus avec un stylo et du papier qu'en bourrinant les touches du clavier d'un ordinateur.
    Bref inutile de monter les gens contre l'informatique qu'ils ne comprennent déjà pas.
  • Arnaud : il date quand même de septembre ton document... Il y a beaucoup de choses qui sont sorties depuis. Normalement, une version officielle sortait hier. J'ai vu des trucs ce week-end avec quelques trucs intéressants (on parle de réciproque pour Thalès et Pythagore, ce qui avait disparu des programmes de 2008 ou 2009). Bon, c'est quand même globalement tout pourri... Et je suis incapable de remettre la main sur un lien...
  • Le programme de Maths est le reflet de l'inspection générale. Ce matin, un IG de Maths a insulté le Recteur Morvan en des termes absolument abominables sur Twitter. Pour mémoire, M. Morvan a lui payé sa liberté de parole de son poste de Recteur : M. Morvan, un haut fonctionnaire pas comme les autres. Je suis absolument navré d'être prof de maths et d'être representé par la triste personne qui me sert d'IG et qui s'est montré d'une grossiereté dégueulasse à l'encontre du Recteur Morvan. En plus, ce n'est pas cet IG qui mettra en jeu son poste bien au chaud et confortable pour ses idées. Je suis écoeuré par les IG qui se comportent comme des VRP. C'est consternant. Ils ne comprennent rien, ils sont pathétiques.

    Le brillant article de Nathalie Bulle du 11/11/2015 dans Skhole ne les fera pas changer d'avis : La réforme du collège ou l’avenir sombre de la société française mer, 11/11/2015 - 14:33 — Nathalie Bulle
    Par ailleurs, les programmes effacent des types de savoirs essentiels à la prise de recul et la formation de la pensée, ceux qui constituent la « grammaire » des disciplines[3]. Notons à ce sujet l’abandon de l’enseignement méthodique de la grammaire en français, l’absence de programme de littérature en sixième, l’absence de référence aux genres et mouvements littéraires sur l’ensemble du collège ou encore l’effacement de grands pans de l’enseignement de la géométrie euclidienne en mathématiques. Revenons sur l’exemple des mathématiques. La géométrie permettait de préparer les collégiens à l’exercice de la démonstration, c’est-à-dire à la recherche de preuves mettant en jeu intuition, éléments de savoirs, et élaboration d’un raisonnement. L’enseignement de l’algorithmique qui vient, dans les horaires, s’y substituer, est fondé sur l’inculcation de figures imposées, dont la systématicité, les faibles degrés de liberté qu’elles recouvrent, ont pour conséquence de solliciter peu les capacités créatives des élèves et, pouvons-nous avancer, d’appauvrir leur potentiel d’expression et d’innovation.

    Ajoutons que la réforme néglige très généralement les logiques de progression des acquis – c’est un travers des enseignements interdisciplinaires - en témoigne le projet de mise en application simultanée des nouveaux programmes, à la rentrée 2016, à tous les niveaux et pour toutes les disciplines. En témoigne encore la définition des programmes par cycles de trois ans sans repères annuels (sauf en histoire géographie et en mathématiques).


    Dans cet ensemble de changements fondamentaux sur le plan pédagogique, la quasi-disparition de l’enseignement des langues anciennes n’a rien d’anecdotique, même si un enseignement continuera d’être prodigué, avec des horaires réduits de trois heures à deux heures, dans les établissements qui pourront se donner le luxe de le conserver, car les « EPI » n’auront aucune vocation à développer une maîtrise des langues anciennes en tant que telle.

    L'IG qui ose insulter le Recteur Morvan, Recteur qui n'a pas hésité à payer de son poste de haut fonctionnaire sa liberté de parole, n'a même pas eu le courage de demander que les maths soient sur la liste des disciplines prioritaires pour les 1/2 groupes. Cet IG consternant n'est pas dérangé pas le fait d'envoyer en classe entière les collègues en salle info en classe entière quand bien même ils enseignent en Rep+. On n'a pas non plus entendu cet IG pathétique, ni les autres du fait de leur incapacité à assumer le fiasco de leur action, sur la note de la SMF parue en octobre 2015 sur les ravages de la réforme Chatel et des programmes calamiteux : À propos de la licence - Publications de la SMF - Octobre 2015

    Très sincérement, je suis écoeuré et dégouté. Des collègues sont en train de perdre pieds, ils voient leur discipline ravagée, ils voient leur emploi détruit, ils ressentent le mépris des sbires de la DGESCO, de certains IPR&IG qui lors des réunions formatages tiennent des propos absolument grotesques et dégueulasses. Pas un seul de ces IPR ou IG transformés en vulgaire VRP ne bronche alors même que le carnage annoncé comme le démontre parfaitement Nathalie Bulle est monstrueux. Si certains d'eux avaient la classe du Recteur Morvan, alors ils cesseraient de faire passer leur grasse paye avant l'avenir des mômes de Rep+.

    D'un autre côté, je suis fier de mes collègues, fier de les voir lutter, fier des les voir résister contre cette infamie qu'est la réforme du collège. Dans de plus en plus d'établissements, la résistance est installée pour refuser cette réforme qui officialise l'obscurantisme. Je remercie mes collègues pour le combat qu'ils mènent, je les remercie de lutter contre le genre de sinistres personnages qui font passer leur confort financier avant l'avenir de l'education nationale. Comme le dénonce avec force Nathalie Bulle, cette réforme du collège annonce un triste avenir pour la nation si elle finit par être mise en place.
  • Oui, vous pouvez être fiers.

    Je ne connais pas tous les métiers, mais quelques-uns, et à mon avis il n'y a pas grand monde en France qui se lève le matin pour faire un truc aussi difficile: enseigner en REP+.
    Pour moi, 1 semaine en REP+, ça équivaut à 1 mois de métier de bureau, et 2-3 semaines en établissement normal.

    Comme dit l'autre l'autre, il n'y a rien à changer, sinon l'état d'esprit de ce système. Alors reconnaissons nos héros dont personne ne reconnaît le mérite.

    En attendant, on va parler de programmation, d'EPI, ils sont à côté de la plaque les décideurs, il n'y a pas de débat.
  • Ce matin, un IG de Maths a insulté le Recteur Morvan en des termes absolument abominables sur Twitter

    Peux-tu nous mettre un lien vers le (ou les) twits? C'est un peu frustrant sinon.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • D'un autre côté, je suis fier de mes collègues, fier de les voir lutter, fier des les voir résister contre cette infamie qu'est la réforme du collège.

    Le mal est fait, d'après le lien les étudiants de L3 (issus de la réforme OCDE/[small]Chatel[/small])ont un niveau déplorable... quand ils arriveront au CAPES (car ils y arriveront) un certain nombre sera pris inévitablement et l'éducation nationnale s'écroullera en une dizaine d'années : il n'y aura plus grand monde pour dire ce qui est correct ou pas.

    Au passage : http://deutschpourtous.tumblr.com/post/118417841215/alain-morvan-écrit-à-serge-barbet#_=_
  • christophe c écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?9,1096515,1174425#msg-1174425
    Après recherche, je crois qu'il s'agit de ceci :
    "Mais vous n'êtes plus rien, il me semble. Plus rien sauf indécent."
    Quelle que soit l'opinion qu'on ait de la réforme en cours, cela me semble assez loin d'être une insulte, surtout quand on sait le ton général des "débats" (hum) sur Twitter et la personne à qui ce tweet était adressé.
  • Merci: effectivement ces débats font pitié. Mais le "Mais vous n'êtes plus rien, il me semble. Plus rien sauf indécent" trahit son auteur (sa mentalité***) et du coup rend justicie à jnico car atteste de la bassesse qu'il dénonce

    *** un gars qui dit à un autre "vous êtes rien" révèle qu'il n'a comme obsession que des "promotions de cabinet". Et effectivement, c'est dommage que des gens qui ont un pouvoir de décision ne soient là où ils sont que par ambition (d'y être). D'où la grande incompétence observée chez ces derniers et la stupidité totale de réforme pourtant à priori décidée par des ministres donc des gens (NVB n'y comprend rien elle-même, c'est une ado juste excitée d'être là) qui consultent (censés le faire) leur entourage d'experts.

    Mais je dirais que ce problème est "à l'arrivée" et prévisible (on a tous connu des mecs avec la raie sur le côté, en costard à 20ans, tous fiers d'aller à science po ou l'ENA et qui faisaient pitié quand on les voyait obsédés par ça).

    La vraie faute, c'est d'avoir mis une personne jeune et inapte ministre à l'E.N. Elle ne pouvait que faire des conneries (ce qu'elle a fait). La faute revient à M.Valls (ou F.Hollande) de l'avoir nommée. En plus comme tous les médiocres elle ne dispose pas d'une marche arrière quand elle a fait une bourde (donc elle s'enfonce et maintient son "projet")
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Elle n'y connait rien, c'est certain. Et ce n'est certainement pas elle qui a eu cette idée lumineuse...
  • kioups >

    J'aimerais bien voir cette troisième version du programme de maths.

    En tout cas, l'article de Nathalie Bulle est détonnant.

    Je cite quelques passages explosifs :

    Un pays de 66 millions d’habitants disposant de peu de ressources naturelles ne peut tenir un tel rang s’il abandonne ses ambitions intellectuelles. L’alternative, pour notre politique éducative, est la suivante. Former des individus frustrés par l’école, simples utilisateurs des nouvelles technologies, consommateurs sans esprit critique, professionnels étroits, ou à tous niveaux des êtres humains et des professionnels accomplis, des concepteurs, aptes à assurer la prospérité de leur pays. En suivant les idées qui sont dans l’air du temps, depuis plusieurs décennies, l’école s’est engagée inconsidérément sur la première voie : celle des objectifs minimaux, de l’abandon de l’effort intellectuel et des apprentissages par les savoirs formels.

    ...

    Notons à ce sujet l’abandon de l’enseignement méthodique de la grammaire en français, l’absence de programme de littérature en sixième, l’absence de référence aux genres et mouvements littéraires sur l’ensemble du collège ou encore l’effacement de grands pans de l’enseignement de la géométrie euclidienne en mathématiques. Revenons sur l’exemple des mathématiques. La géométrie permettait de préparer les collégiens à l’exercice de la démonstration, c’est-à-dire à la recherche de preuves mettant en jeu intuition, éléments de savoirs, et élaboration d’un raisonnement. L’enseignement de l’algorithmique qui vient, dans les horaires, s’y substituer, est fondé sur l’inculcation de figures imposées, dont la systématicité, les faibles degrés de liberté qu’elles recouvrent, ont pour conséquence de solliciter peu les capacités créatives des élèves et, pouvons-nous avancer, d’appauvrir leur potentiel d’expression et d’innovation.

    ...

    L’objet profond de la réforme du collège est ailleurs. Au regard d’un tel objet, les coups portés au développement intellectuel des élèves, à l’égalité des chances et à la prospérité générale, apparaissent comme des dommages collatéraux. Il s’agit de l’institution d’un nouvel ordre moral[13] sur l’école et, ce-faisant, sur la société française.
  • Bon, moi je vais faire un effort, je ne vais pas m'enfermer dans une attitude réfractaire, alors je vous propose un EPI français-maths-informatique.

    "Avec l'aide éventuelle de l'outil informatique, compte les apparitions des mots démontrer, démonstration, preuve, prouver" dans le texte suivant."

    http://cache.media.education.gouv.fr/file/12_Decembre/30/2/DP-l-ecole-change-avec-vous-strategie-mathematiques_373302.pdf
  • Compte tenu du fait que ce cher IG s'adresse à un Recteur qui a eu lui du courage, il devrait se faire petit et un peu se taire. On ne voit et on entend ce cher IG que pour voler au secours du président du SPDEN, un syndicat de chefs d'établissements, contre l'association "Arrête ton Char", ou pour venir alimenter la meute des cahiers pédagogiques contre le Recteur Morvan.

    Il y a un mois, sortez la note de la SMF citée plus haut qui est un véritable pamphlet contre la bêtise des programmes décidés par les IG de maths. Si les IG avaient ne serait-ce qu'un pour cent de la dignité de M. Morvan, ils auraient immédiatement démissionnés collectivement.
    Comment peut-on avoir à ce point bâclé son travail, à ce point s'être trompé, et oser venir la ramener? La note de la SMF est un carton rouge à l'IG de Maths, IG qui avait décidé de passer par dessus le fameux communiqué de 2011 signé par Serre, Kahane, Malgrage, Soulé, etc. Pensez-vous, il est bien connu que face à la qualité mathématique de l'IG de maths, Serre ne pèse pas lourd. Je ne comprend dailleurs pas comment les universitaires et chercheurs en maths continuent de cotoyer les IG de maths, alors même que ces derniers ont rejeté d'un revers de main les avertissements de géants comme Serre.

    Concernant l'action des IG pour la réforme du collège, outre le fait qu'ils semblent très fiers du programme consternant qu'ils ont concoté dans leur bureau parisien au fond de leur fauteuil en cuir sans penser un seul instant au pauvre collègue qui est dans un collège dévasté, quasi sans salle info, le fait qu'ils soient transformés en vulgaire VRP de la réforme est affligeant. Est-ce là donc la finalité des IG que de devenir de vulgaires commerciaux qui partent sur toutes les routes de france pour vendre leur réforme qui lave plus blanc que la réforme précédente. Et lorsqu'on ose les interpeller, ils jouent les offusqués en se réfugiant derrière le devoir de réserve. S'ils avaient deux sous de courage, ils suivraient l'exemple de M. Morvan qui n'est, d'après mon IG préféré, plus rien. Ca c'est certain, M. Morvan n'a pas lui choisi la place au chaud quitte à trahir les enseignants de terrain.

    Où est donc la réaction de cet IG et de ses compères de l'IG à la note de la SMF, où est donc sa réaction à l'article de Nathalie Bulle? Où est donc la réaction de l'IG de maths sur le fait que les maths ne figurent pas dans les disciplines prioritaires pour les 1/2 groupe dans la circulaire publiée en juin dernier? N'ont-ils rien à dire les IG? Mais alors pourquoi sont-ils à lG de maths? Ca sert à quoi un IG de maths? Ca ne sert pas à ecouter des gens comme Serre, Malgrange, Soulé? Ca ne sert pas à écouter les enseignants de terrain? Ca ne sert pas à défendre la discipline Mathématiques? A quoi sert donc notre inspection générale de Maths alors? Est-ce que ça sert uniquement à animer des réunions de formatage sur la réforme du collège où on présente des EPI SVT-Lettres comme "Mme Bovary mangeait-elle équilibré?" (intitulé véridique, réunion réfome au collège Gambetta de St Etienne)

    Pour beaucoup de collègues, il y a désormais une fracture nette et irréparable. Quand pas un seul IG n'a osé ouvrir sa bouche pour dire que les maths méritaient peut-être dêtre parmi les disciplines prioritaires pour les 1/2 groupes vu la partie algorithmique introduite dans le programme du cyle 4, on ne peut qu'éprouver un sentiment de révolte. S'ils sont incapables d'avoir un peu de panache et de courage, qu'ils laissent leur place. A ce que je sache, l'inspection générale n'était pourtant pas a priori la maison où le mot lâcheté était élevée en tant que valeur supérieure à toutes les autres.
  • Je pense sincèrement que la faute en est au système qui, à chacune de ses strates, est fait de telle sorte qu'on masque la réalité qui est, c'est selon moi le fait crucial, une crise de l'autorité (et je ne fais pas de philosophie tiède à la meirieu derrière, on ne doit pas car c'est du concret et du violent).

    L'inspecteur en formation dit aux profs que dans ses cours et chez les autres, ça se passe bien, le prof inspecté dit à l'inspecteur que dans ses cours, tout se passe bien, etc etc, en montant de plus en plus. Tout va bien, l'opinion publique finit par se demander quels débats on a eu avec les élèves... sans se rendre compte du tout de l'irrespect dont ils font preuve et que de tels débats sont tout à fait illusoires au point où on en est.

    D'habitude ce genre de fonctionnement, typique d'une grosse entité "mollement" gérée (je pense à des grandes boites françaises), explose, car un gros flop se passe un jour et le top-décideur tape un coup dans le merdier consensuel. Dans l'EN, ça n'explosera pas car la ministre, le gouvernement, n'ont aucun intérêt à ce qu'on révèle la réalité vis-à-vis de l'opinion publique, ce serait le chaos. La boucle est alors bouclée.

    Alors on fait des zEPInes, un peu de programmation... on ne peut rien faire d'autre si on peut dire, sinon ça éclabousserait trop la société (voyez ci-dessus et plus largement dans la société comment tout débat est refusé!). Vive l'ignorance, vivce l'éducation prioritaire et vive la REP+!
  • Arnaud : j'ai retrouvé ! http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/programme4nov.pdf

    Par rapport à septembre, sont effectivement rajoutées les réciproques de Thalès et Pythagore (absentes des programmes de 2008 ! Il y a un truc positif dans cette réforme ! Bon, on n'aura pas le temps de l'enseigner mais quand même...)

    Et celui de cycle 3 : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/programme3nov.pdf
  • kioups > merci !

    J'ai toujours traité ces deux réciproques. Donc rien de neuf ...

    J'accumule depuis plusieurs années des analyses sur l'inquiétante évolution (vers le bas) de l'enseignement des mathématiques en France.

    Quand on lit le tout, on a envie de changer de pays.
  • Ben moi aussi, comme la plupart des collègues, je pense. Une collègue débutante ne le faisait pas mais je n'en connais pas d'autres.
  • Qu'on ne me fasse pas croire que dans les autres pays les "vraies" maths sont enseignées, que les programmes sont "meilleurs" comme le niveau.
  • Ce n'est pas parce que ailleurs ce n'est pas "mieux", qu'il ne faut pas essayer d'avoir "mieux que l'existant" dans notre propre pays.

    Quelque soit le domaine, l'idée que "ce n'est pas mieux à l'étranger qu'en France, donc ce n'est pas si mal chez nous, alors pourquoi améliorer les choses ?" me fascine ...
  • @Dom : Sauf que là, on atteint un point relativement dangereux. Lire l'article de Nathalie Bulle, sociologue et DR au CNRS.
  • Je ne dis pas que cela me convient, je ne m'en satisfait pas.
    C'est rageant à mon tour d'entendre "le niveau baisse EN FRANCE".
    Pourquoi cette insistance ? Dans un argumentaire cela signifie souvent "en France et pas ailleurs".

    Évidemment je ne dis pas "ce n'est pas si mal", c'est navrant.

    Le chauvinisme m'énerve et l'anti-chauvinisme tout autant.

    Le phénomène est-il Français, européen ou mondial ?
    C'est cela que je veux dire.

    Ne chercher des causes qu'en France me fascine pour reprendre les termes utilisés.
  • On veut noyer le poisson, mais ce n'est pas si compliqué cette comparaison entre pays. Si les autres pays s'en sortent mieux (PISA par ex.), c'est parce qu'il n'y a pas encore leur président en une de Closer sur un scooter... je caricature, pour dire que l'autorité dans ces pays a encore un certain sens et que ça, c'est le paramètre principal dans l'éducation.

    Après, pour raffiner, oui l'autorité est en crise partout, du fait de la montée de l'individualisme depuis l'émergence de la société de consommation vers 1960, etc etc (vous connaissez le truc par coeur, cf. Gauchet, Lipovetsky, etc). Mais ce raffinement est inutile. Il faut juste rétablir de l'autorité. Cela commence déjà par un discours par la ministre "je soutiens tous les professeurs qui font un travail respectable et doivent donc être respectés par tous les élèves". Ce serait totalement un discours de ministre. Mais non.
  • On voit bien que ce n'est pas du tout satisfaisant en France et comme on enseigne en France, on est en droit de se plaindre, non ? Perso, ils font ce qu'ils veulent à Katmandou ou Buenos Aires. Chez nous, c'est nul, donc faut revoir la copie !
  • kioups > 100 % d'accord avec toi. Peu importe comment ils font en Allemagne, au Vietnam ou en Colombie. Chez nous ça ne fonctionne pas bien du tout, donc il faut changer. CQFD.
  • Oui. Inutile de préciser, dans ce cas, "en France" puisque ça induit une comparaison.
    Complètement d'accord pour dire que c'est inquiétant (même sans la réforme).

    Pour L'indicateur PISA, j'en ris encore mais c'est un autre débat.
  • Là où Dom a raison, c'est que dans quasiment aucun des pays occidentaux on met l'accent sur l'instruction. Il faut chercher en Asie ou les ex-pays soviétiques.

    C'est assez frappant lorsqu'on voit des étudiants de ces pays débarquer dans nos prépa ou nos fac : ils majorent en général les premiers DS.

    Pour moi le problème est global, les injonctions de l'OCDE sont suivies au niveau national pour montrer que l'on est de bons toutous. Notre ministre avait bien convoqué les ministres de l'Education de la zone euro au début de son mandat.
  • Bon, vous avez des formations pour cette réforme ? Dans l'académie de Nantes, on a priori 8 jours de formation jusqu'en décembre 2016. Une première vague de collègues a commencé aujourd'hui (et demain). Pas trop eu de les voir. Certains apprennent qu'il y a une réforme... D'autres sont, bon gré, mal gré, dans le bain depuis 6 mois... M'enfin, je ne pense pas qu'ils aient fait grand chose jusqu'à présent...
  • J'ai ouïe ouï dire que dans l'académie de Versailles deux demi-journées (les profs sont contents, c'est l'après-midi le mercredi) sont utilisées pour "préparer la réforme pour la rentrée".
    D'après un des enseignants : certains vont dire "non, je n'ai rien à préparer, il suffit de me donner des textes précis" et d'autres devraient s'accaparer des heures pour ne pas être devant les élèves.
    Aussi on entend : "la moitié des profs mutent cette année dans notre bahut, donc on va préparer des projets que les nouveaux arrivants découvriront à la rentrée."

    Ça donne envie, bon courage ;-)
  • Verbe ouïr, participe passé ouï. Ne pas confondre avec le sens de l'ouïe : L'ouïe de Louis a ouï (Raymond Devos)
    Par contre, "cette femme, je l'ai ouïe dire que je suis un cuistre".

    Cordialement.
  • Reçu dans ma boite mail ce jour

    chères collègues, chers collègues,


    Vous trouverez dans le bulletin officiel (BO spécial n°11) publié aujourd'hui les nouveaux programmes de collège (dans leur version définitive) applicables à partir de la rentrée prochaine.
    http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?pid_bo=33400
    (vous y trouverez les programmes sous différents formats, dont pdf, docx, odt, epub...)

    Nous attirons votre attention sur les points suivants :

    - Le cycle 3 (cycle de consolidation) regroupe les niveaux CM1, CM2 et 6e ; le cycle 4 (cycle des approfondissements) regroupe les niveaux 5e, 4e, 3e.
    Ce sont des programmes de cycle, qui définissent donc des objectifs de formation sur 3 ans (et non plus, comme c'était le cas jusqu'alors, des programmes annuels).

    - les programmes de mathématiques (comme pour toutes les disciplines) ont été élaborés en parfaite cohérence avec les domaines du nouveau socle commun de connaissances, compétences et culture. Ces programmes ont donc pour objectif l'acquisition des compétences du socle, en lien avec les compétences spécifiques aux mathématiques (chercher, modéliser, représenter, raisonner, calculer, communiquer) qui sont explicitées au début des programmes (par ex, dans la version pdf, p. 199 pour le cycle 3 et p. 369 pour le cycle 4).

    - les pages sur fond bleu (par ex des pages 198 à 200 de la version pdf pour les programmes de mathématiques du cycle 3, pages 367 à 370 pour le cycle 4) ont été écrites pour être accessibles à tous (dont les parents par exemple), les pages sur fond blanc en sont l'explicitation pour les enseignants.

    Nous reviendrons sous peu vers vous pour vous accompagner dans l'appropriation de ces programmes, mais nous vous invitons dès à présent à en prendre connaissance, tant individuellement que lors de conseils d'enseignement dans vos établissements.

    les IA-IPR de mathématiques
  • vous y trouverez les programmes sous différents formats, dont pdf, docx, odt, epub...

    Pas en $\LaTeX$ bien sûr $\ldots$

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Mais grave quoi il n'y a même pas le format dejavu !46311
  • Ca y est, c'est donc officiel !
  • Ce n'est pas un surprise non plus...
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