Le nouveau président, l'université et le CNU

Bonjour

J'avais ouvert ce sujet il y a quelques temps et il avait été fermé. Les élections étant passées, je me permets de retenter ma chance.

Avant d'être élu, Emmanuel Macron avait donné cette interview sur le recrutement des enseignants-chercheurs.

J'ai une question très précise sur un point particulier de l'interview concernant le recrutement des enseignants-chercheurs ; voici le passage concerné :
EM a écrit:
Nous permettrons aux universités de recruter elles-mêmes des enseignants-chercheurs sous statut dans le cadre d'une procédure vraiment décentralisée. Ces établissements qui souhaiteront maîtriser leur politique scientifique et disposer d'une véritable réactivité, notamment face à leurs compétiteurs au plan international, se verront dotés de capacités accrues de recrutement direct sur normes nationales, mais sans obligation de recourir au CNU (Conseil national des universités).
La qualité des recrutements fera l'objet d'une évaluation a posteriori et interviendra dans les relations contractuelles entre l'État et l'université. Le processus devra éviter tout risque de localisme et se conformera à la norme académique, qui réprouve le primorecrutement au sein de l'université où l'on a passé son doctorat, et satisfaire au respect des normes internationales de qualité et d'indépendance.

Comment comprenez-vous ce passage ? Plus précisément, comment comprenez-vous les points suivants :


1) "Nous permettrons aux universités de recruter elles-mêmes des enseignants-chercheurs sous statut dans le cadre d'une procédure vraiment décentralisée."

Là, je ne comprends vraiment pas ce que peut signifier par "procédure vraiment décentralisée".


2)"Ces établissements [...] se verront dotés de capacités accrues de recrutement direct sur normes nationales, mais sans obligation de recourir au CNU" (C'est moi qui ai mis le passage en gras).

Globalement, je trouve son discours assez flou et vague (comme par exemple ma phrase 1)), mais tout d'un coup il est très clair : suppression du CNU ! Pourquoi être aussi clair sur un point aussi précis qui, je crois - et alea me détrompera si besoin - ne coute pas un kopeck à l'état (les membres du CNU ne sont pas rétribués pour cette activité me semble-t-il).


3) "La qualité des recrutements fera l'objet d'une évaluation a posteriori".

Là je suis complètement perplexe : une évaluation a posteriori ? Par qui ? Et qui aura quel impact ?
Le CNU n'est-il justement pas là pour garantir a priori que les recrutements ne sont pas délirants ? N'est-il pas plus simple de prévenir que de guérir ? D'autant plus que là, guérir, ça consisterait en quoi ?

J'aimerais savoir comment des gens qui ont plus de bouteille que moi (je ne suis pas très douée pour lire entre les lignes dans les discours politiques) comprennent les trois points que j'ai cités.

Bonne semaine,
Omega

NB : Je me suis permis de rouvrir ce fil qui avait été caché quand j'ai vu que JLT avait ré-ouvert le fil "les mathématiques et le nouveau président", j'espère que la modération ne le prendra pas mal et sera convaincue que je ne cherche nullement à polémiquer mais simplement à avoir des réponses - le plus factuelles possible - à mes questions.

Réponses

  • Bonsoir Omega,

    Il est quand-même bon de rappeler que les interviews et les programmes des candidats dans une élection présidentielle ne sont que décoratifs et publicitaires. Même si Macron n'a pas été démago, un des seuls d'ailleurs, de là à dire que dans un interview de candidat, il sait ce qu'il fera, une fois au charbon...

    Attends peut-être de voir ce qu'il redonnera comme interview maintenant qu'il va démarrer vraiment à présider. Aucun candidat n'a strictement jamais fait tout ce qu'il avait annoncé depuis que la 5ième République existe.

    C'était une parenthèse. Je ne te redérangerai pas. Mais déjà qu'on a du mal à comprendre les ambiguités des textes de lois. Pour les interviews...

    PS: sans compter qu'il y a des législatives.
  • @omega : Tout d'abord, soyons clairs : je ne m'exprime pas au nom de Cédric Villani, euh, je veux dire d'Emmanuel Macron. J'interprète donc librement et sans la moindre légitimité ni expertise les points que tu soulèves de la façon suivante :

    1. Pas de Galaxie je présume (oui, je sais, c'est abscons, mais la discussion aussi).

    2-3. La qualification ne sert pratiquement à rien, ne garantit surtout pas la moindre qualité de recrutement, mais mobilise de l'énergie et coûte malgré tout quelques picaillons, soit en €, soit en heures d'équivalence de service. J'imagine qu'il faut aussi avoir une salle et de la logistique, ce qui coûte aussi. Un paille certes à l'aune du déficit de l'État. En fait, il y a eu des oscillations et dans le passé, à certaines périodes, le CNU passait après les universités pour faire un contrôle a posteriori. Vu que c'est un peu contradictoire avec l'autonomie, on est repassé dans l'a priori, mais ne servant pas à grand-chose à part faire circuler des dossiers dans des tuyaux. Un contrôle a posteriori qui ne soit pas contradictoire avec l'autonomie ne devrait pas pouvoir porter sur chaque recrutement spécifique, mais par exemple sur une (menace de) baisse de crédits pour les universités qui auraient trop déliré, dans le but de les responsabiliser à l'avenir, ce genre de choses. Rien de cela ne semble encore défini, c'est un peu tôt et puis ce ne sont que des déclarations programmatiques.
  • Si, les membres du CNU sont rétribués.
    Il y a essentiellement une indemnité de 1000 € (à partager entre titulaire et suppléant) + une rétribution par dossier de qualif (20 € le dossier je crois). Les promos, CRCT, dossier PEDR c'est nada par dossier, peut être une indemnité journalière de session ? Quoi qu'il en soit, l'essentiel du coût, c'est le transport des membres et le prix des hôtels.

    Le problème quand on parle de l'Université (surtout quand on ne la connait pas bien), c'est de faire comme si c'était une entité homogène, or les établissements sont divers, mais aussi les disciplines et les sections CNU
    En particulier la granularité du filtre de qualification est assez variable; de même que l'importance d'écoles de pensée dans les procédures de qualification/promotion.
  • EDIT : Ce message répondait à Leila, je n'avais pas vu les réponses d'aléa et remarque.

    Oh, je ne pars pas du principe qu'il fera ce qu'il annonce, je suis juste intriguée par ce qu'il a en tête.Je m'interroge.

    À l'époque où ce texte est paru, il était, me semble-t-il, le seul candidat à avoir autant à dire sur l'enseignement supérieur et l'université, c'est donc qu'il (ou une partie de son équipe) a réellement réfléchi au sujet et qu'il y a un projet en tête (enfin, j'imagine). Que ce projet aboutisse ou pas n'est pas la question : qui peut prédire l'avenir ?

    Mais si quelqu'un comprend le sens de ce projet, ça m'intéresse.

    Et tu ne me déranges pas !
  • aléa et remarque : merci pour vos réponses, notamment merci à aléa pour ses précisions et surtout pour corriger mes dires quant à la rémunération du CNU.

    Pour ce qui est de la non utilité de la qualif, j'avais justement entendu dire que dans d'autres sections, la qualif jouait un rôle très important ; notamment dans des sections littéraires dans lesquelles la qualif (contrairement aix sections 25 et 26) était loin d'être quasi automatique (on m'avait parlé d'à peine la moitié de docteurs qualifiés dans je ne sais plus quelle section littéraire...).
  • Alors pour les sections exotiques, je ne sais pas s'il y a utilité ou pas, mais ce n'est pas le fait qu'il y ait une moitié de docteurs non qualifiés qui prouve quoi que ce soit. Si vraiment les disciplines littéraires distribuent des doctorats dans des pochettes-surprise et qu'elles ne font pas confiance à leurs pairs recuteurs pour s'en apercevoir au moment du recrutement, c'est plutôt au niveau du doctorat que se situe le problème...
  • Sur ton point 2 : le CNU s'occupe aussi des promotions et des CRCT (et des PEDR). Là, c'est beaucoup plus sensible que les qualifications et pour le coup, la pertinence d'un CNU qui fonctionne bien (ce qui n'est pas le cas de certaines sections exotiques :-)) se défend beaucoup plus pour les promotions et les CRCT.
  • Merci pour ces précisions sur les CRCT et PEDR.

    Pour ce qui est des sections "exotiques", je pense surtout que la nature de la discipline rend l'évaluation d'un travail beaucoup plus difficile qu'en sciences "dures" comme les maths où dès qu'il y a des résultats justes et nouveaux dans une thèse on peut dire que le job est fait.
    En philo ou lettres ça me paraît beaucoup plus difficile d'évaluer. J'imaginais naïvement que dans ces sections le CNU permettait une deuxième évaluation de la thèse peut-être plus impartiale que la première (j'ignore comment sont choisis les rapporteurs et les jurys de thèse en sections littéraires).
  • La notion de deuxième évaluation me paraît totalement délirante pour le coup. Si elle est nécessaire, c'est quand même qu'il y a un souci avec la première et que c'est peut-être là qu'il faudrait faire un petit effort. Enfin, je ne vois pas comment un comité qui va évaluer en temps limité une masse de dossiers pourrait faire un meilleur travail que les rapporteurs de la thèse qui sont censés l'éplucher en détail. Il y a quand même un côté abattage dans l'affaire. Mais peut-être que les sections plus petites, c'est pas pareil. Il y a quoi que l'on fasse une irréductibilité culturelle entre les différentes sections.
  • Pour défendre malgré tout la qualification (dans un élan macronien de compatibilité avec tout et son contraire), la qualification ne porte pas que sur la thèse ! Il y a le développement des travaux depuis la thèse qui est pris en compte, plus le reste des activités des candidats. Donc un boulot qui n'a pas été fait par les rapporteurs de la thèse.

    Bien sûr, tout ceci doit être aussi pris en compte par les comités de sélection, donc doublon quand même, doublé d'une méfiance a priori inefficace.
  • Merci pour tes commentaires, remarque. C'est vrai que mes idées naïves sur le rôle du CNU dans les sections littéraires manquaient de réflexion...

    Pour en revenir au point 1), tu vois un intérêt à la suppression de Galaxie ?

    Bonne nuit !
  • Un intérêt : perdre moins de temps de circulation des dossiers. Un désavantage : c'est un lieu unique pour s'informer, déposer sa candidature etc. Avec des procédures décentralisées, ça sera nettement plus la pagaille pour les candidats.
  • Un autre danger : la disparition de la session synchronisée. Ce n'est pas forcément inscrit dans cette proposition, mais bon... La disparition de la session synchronisée, c'est l'irruption de l'ultralibéralisme sauvagement sans frein dans le mercato universitaire décomplexé et violent (j'essaie de bien me faire voir de fdp). Du coup, ça ne me plaît qu'à moitié. Je trouve qu'une session synchronisée avec une opération de transparence comme l'opération postes, ça ne marche pas si mal que ça.
  • Coût des CNU: 11 millions d'euros par an (rapport de la cours des comptes).
  • Concernant le point 1) je l'avais personnellement compris comme la disparition de la session synchronisée (sans penser à celle de Galaxie d'ailleurs), et pour les raisons que tu cites ça ne me plait pas beaucoup non plus.

    Pour la disparition de Galaxie (à laquelle je n'avais pensé), je vois surtout les désavantages pour les candidats.
    Je me rappelle ma dernière année de thèse où j'avais postulé sur des postes d'ATER ; c'était à l'époque où ces postes n'étaient pas encore sur Galaxie et j'en garde un souvenir cauchemardesque.
  • > La disparition de la session synchronisée, c'est l'irruption de l'ultralibéralisme sauvagement sans frein dans le mercato universitaire décomplexé et violent

    Pou quelle raison étaler les concours sur l'année est-il préjudiciable?
  • Parce que ça ne sert à rien, à moins que l'on envisage également d'étaler la rentrée universitaire sur toute l'année. Par ailleurs, cela entraînera une course au toujours plus tôt pour choper les meilleurs candidats, qui peut rapidement virer à l'absurde. On en voit déjà des exemples avec les dates d'ouverture des candidatures en master. Donc, c'est franchement con pour remplacer un système qui, je le répète, ne fonctionne pas si mal que ça. Ça ne veut pas dire qu'il faille éliminer les possibilités déjà existantes de postes au fil de l'eau, mais il me semble préférable que ceux-ci restent l'exception et non la règle.
  • Le processus devra éviter tout risque de localisme et se conformera à la norme académique, qui réprouve le primorecrutement au sein de l'université où l'on a passé son doctorat,

    Je savais déjà que le recrutement local était fortement évité en math (enfin, si on considère que passer de P6 à P7 ce n'est pas local) mais je croyais que ce n'étais pas forcément le cas dans les autres disciplines scientifiques (chimie, physique, biologie par exemple). Mais je me suis trompé visiblement ? Quelqu'un pourrait-il confirmer ? et me dire aussi de quand date cette interdiction du recrutement local ?
  • @ et me dire aussi de quand date cette interdiction du recrutement local

    Il n'y a jamais eu d'interdiction. C'est interdit par loi cette discrimination (rupture d'égalité de traitement des candidats pour un emploi public).

    Tout empêchement de recrutement local sera retoqué immédiatement par le conseil constitutionnel.
    Tu me donnes un nom de labo, je te donne un nom de personne recrutée localement.
  • Joaoppa, personne n'a parlé d'interdiction. Dans l'interview il est dit que c'était "réprouvé", ce qui n'est pas la même chose.
    Et Mojojojo a seulement dit que c'était "fortement évité" en maths. Ce qui est vrai. Le fait qu'il y ait des exceptions (même dans tous les labos) ne contredit en rien tout ce qui a été dit : en maths, la majorité des recrutements ne sont pas des recrutements locaux.
  • J'ai effectivement utilisé le mot "interdit". Je ne voulais pas dire interdit au sens interdit par la loi, plutôt dans le sens où toutes les fac de France (à ce que je sache) se sont entendues pour ne pas faire de recrutement local (ou en tout cas très peu).
  • En effet, tu as écrit interdiction, mais on va dire que j'avais bien compris dans quel sens tu l'entendais 8-)...
  • Bon un petit bilan de ce fil (histoire de sortir de l'autre fil sur Macron et les maths qui était un peu amusant au début mais qui devient lassant...)

    Si je résume :

    1) On peut penser qu'une fin de session synchronisée pour les recrutements est envisagée. Personnellement (et il semble que remarque partage mon point de vue), je trouve que ce serait une mauvaise chose. Y a-t-il d'autres points de vues ? Des gens qui voient un intérêt à cela ?

    2) Sur le rôle du CNU :
    - contrairement à ce que je disais, le CNU a un coût
    - le rôle du CNU dans le processus de recrutement semble considéré par certains comme une perte de temps, et en ce sens, ne plus faire intervenir le CNU dans le recrutement serait plutôt une bonne chose.
    - en revanche, le rôle du CNU pour les promotions, primes et congés pour recherche semble important et il serait plutôt préférable de le maintenir.

    Tout autre commentaire est le bienvenu.

    Cordialement,
    Omega
  • J'ai toujours trouvé la règle non-écrite du non-recrutement local complètement idiote. Si quelqu'un fait de l'excellent travail dans un endroit qui lui plait et que le reste du laboratoire apprécie la personne en question et bénéficie de sa présence, il est absurde de ne pas pouvoir le recruter...
  • Héhéhé : je comprend l’intérêt du non recrutement local. Mais c'est vrai que cela oblige souvent à faire un choix entre vie personnelle et vie professionnelle...
  • Héhéhé : bien sûr. Mais d'après ce que j'ai entendu, il y eut une époque (sans doute lointaine) où le recrutement local fut abusif et a nui à la diversité des disciplines au sein des labos. Bref, il y aurait eu des dérives sévères, du mandarinat excessif et on a voulu les pallier.
    D'aileurs la règle, est, comme tu le dis, non écrite et cela permet en l'occurrence aux labos ne pas l'appliquer quand vraiment ils veulent recruter un local qu'ils estiment excellent.
    C'est une réalité que, comme le dit Joaopa, il y a des exceptions un peu dans tous les labos. Ne t'inquiète pas : les labos parviennent très bien à recruter un local quand ils en ont vraiment envie (et que le local en envie aussi !).
  • Il y a quelques temps, aléa a écrit un texte sur le recrutement local que je trouvais personnellement très intéressant et très juste. Peut-être le repostera-t-il ici...
    C'est curieusement un texte qui a fait plusieurs fois son apparition sur le forum en cette période de l'année !
  • citation a écrit:
    J'ai toujours trouvé la règle non-écrite du non-recrutement local complètement idiote. Si quelqu'un fait de l'excellent travail dans un endroit qui lui plait et que le reste du laboratoire apprécie la personne en question et bénéficie de sa présence, il est absurde de ne pas pouvoir le recruter...

    Pipeau typique. Il y a le système américain. Une université recrute sur ses fonds propres un professeur associé. Et s'en sépare lorsqu'il ne fait pas l'affaire. Autrement dit, cette université fait ce qu'elle veut parce qu'elle paye. Il y a le système français. Une université décide que l'Etat payera pendant 35 ans une personne indéboulonnable. C'est d'autant plus tentant de recruter "à la pitié" un pov'chéri inemployable, que cela ne coûte rien à l'université en question tandis que cela augmente le nombre de thésards qui ont été recrutés. Dans ce genre d'affaires, l'argument d'excellence n'est, presque toujours, qu'un pitoyable cache misère pour une inavouable tambouille interne.

    Quant aux candidats véritablement excellents, ils se détectent aisément: ils sont admissibles à plusieurs concours de recrutement, pas seulement à la tambouille interne.
  • Je n'ai guère le temps de développer mais je souscris entièrement à tes propos pour avoir assisté exactement à ce que tu décris.

    Bonne journée à tous.
  • pldx1 a écrit:
    Il y a le système américain.
    Qui a aussi des "indéboulonnables". J'ai l'impression que ça donne surtout lieu à une stabilité de l’emploi plus tardive. Côté université c'est sûr que c'est mieux de pouvoir virer les gens considérés comme ne faisant pas l'affaire, côté humain par contre...
  • @omega. Je le remets bien volontiers. Waoh, le texte a 7 ans déjà...

    Une partie de ce que j'imaginais s'est produit: les MCF ne sont plus prêts comme avant à faire payer à leur conjoint, à leur famille le prix de la mobilité. Du coup, il y a deux concours PR: un concours Paris, et un concours province.
    En province, on commence à voir des PR recrutés qui ne sont pas vraiment meilleurs que les MCF sur place, mais ça ne se voit pas trop, car comme le nombre de postes baisse, le ratio candidats/postes ne s'effondre pas; les PR recrutés sont bons.
    L'autre phénomène qu'on voit, et que je n'avais pas anticipé, c'est le durcissement du concours des promotions à la Hors-Classe des MCF, dont le niveau s'est envolé, particulièrement sur la tranche d'âge des 40-45 ans puisque le CNU vise à une juste répartition des âges des promus.
    Et là, par contre, grille de notation oblige, pour être promu, il faut cocher les cases recherche, enseignement, tâches collectives...Certains promus HC ont des dossiers très impressionnants. En fait, certains MCF pourraient déposer des dossiers de promo PR1 sans rougir...
  • @aléa : merci pour ton texte, que je trouve toujours aussi intéressant et juste. Merci aussi pour tes commentaires, notamment en ce qui concerne la Hors-Classe. C'est un phénomène que j'ignorais.
  • Je plussoie l'avis de Hehehe.
    De même, je suis contre le CNU. C'est à l'université de récompenser ses salariés les plus méritants. S'il y a du népotisme local, tu serres les dents pendant 4 ans et tu changes la direction de l'université.
    Je préfère de loin le népotisme local que le népotisme parisien. Quand je vois des récipiendaires de la PEDR qui ont un dossier qui est épais comme une feuille de papier cigarette et que je ne peux même casser la gueule aux enfoirés qui l'ont attribuée ça me fout en rage. Au moins localement, je peux les chopper et leur parler du pays.
  • Pour l'instant, les MdC/PU ne sont pas les salariés de leur Université, mais des salariés de l'Etat. Le fait qu'il y ait quelque chose qui ressemble à un contrôle central semble naturel, non ? Qui paye, commande.
    Si vous préférez que les MdC/PU deviennent des salariés de leur Université, c'est un choix possible. J'ai juste l'impression que les Universités françaises seront bien plus vite en faillite que les Universités américaines. Il n'y a pas la même tradition de financement privé... sans parler du manque de compétence des zuniversitaires français en matière de gestion. Pourrait-on commencer par une expérimentation sur des volontaires ?

    Cordialement, Pierre.
  • Cela fait bien longtemps que je milite pour privatiser la moitié des universités françaises (la mienne en premier).
  • Je pense surtout qu'il faut supprimer la PEDR. C'est trop d'argent sur trop peu de personnes, dans une population de candidats qui est trop homogène (en bien) pour que la discrimination ait du sens. Ca ne peut que créer de l'injustice ou du sentiment d'injustice.
    On ferait mieux d'augmenter uniformément les salaires ou/et d'augmenter les possibilités d'accélération de carrière.
  • Joaopa a écrit:
    Cela fait bien longtemps que je milite pour privatiser la moitié des universités françaises (la mienne en premier).

    Et à qui les vendrais-tu ?????
    A Cochonou ??? A Mac Do ??? A l'émir du Qatar ???
    Liberté, égalité, choucroute.
  • @Ramon Tu as déjà travaillé dans une université privée? Moi oui.
    En France, il y a déjà de telles universités. Elle ne sont pas propriété de MacDo à ma connaissance.
  • @Joaopa

    Pardonne moi d'être attaché à l'existence d'un service public de qualité....je sais que de nos jours ce n'est pas très tendance...
    Désolé mais je ne suis pas "en marche" vers l'ultralibéralisme...
    Plutôt que songer à vendre le patrimoine national à la découpe et ne penser qu' à l'argent roi, on ferait mieux de rénover en profondeur le service public car cela est très urgent...
    Liberté, égalité, choucroute.
  • aléa a écrit:
    Se garder également de tout dogmatisme, en gardant à l'esprit que si nous feignons d'obéir à des règles intangibles, le sentiment d'injustice n'en sera que plus fort au moment, inévitable, où ces règles seront brisées.

    Tellement bien dit ! (tu)
  • Merci pour le texte aléa, ça répond à peu près à ma question.
  • Bonsoir,

    je ne suis pas universitaire et ne connais que très mal le système actuel, mais il me semble qu'il faudrait réfléchir à ce qu'est une université.

    Historiquement une université répond à trois critères :
    - elle est indépendante du pouvoir politique ou religieux
    - elle est en concurrence avec ses semblables
    - elle sélectionne ses élèves et ses professeurs

    Bien sur les universités d'ancien régime pouvaient mal répondre à certains de ces critères, mais ils restaient l'idéal.
    Bien sur encore, elles étaient loin d'être parfaites, surtout en France, où le corporatisme étroit sévissait particulièrement.
    Mais encore aujourd'hui, dans l'esprit des étrangers, une université c'est cela en théorie.

    En France la Révolution a tout supprimé. Puis Bonaparte a inventé quelque chose : "le ministère de l'enseignement supérieur", qu'il a eu le génie d'appeler "université impériale". C'est cette administration d'Etat qui a survécu jusqu'à la loi Edgar Faure. Il faut bien comprendre qu'au 19ème siècle, les facultés n'étaient que des services extérieurs du ministère, aux ordres d'un préfet : le recteur. Puis les lois E Faure et A Savary, puis V Pecresse ont essayé progressivement de recréer des universités en France. Mais on n'y est pas encore. Je crois qu'E Macron essaie d'apporter sa pierre à l'édifice.

    Tant que les universitaires seront en France des fonctionnaires d'Etat, dont le salaire et l'avancement sont garantis par l'Etat, c'est à tort qu'on parlera d'université française. Tant que les universités ne pourront pas sélectionner leurs étudiants, ce terme d'université ne sera employé en France que par abus de langage. Tant que subsistera dans les esprits cet être unique qu'est l'Université (au singulier), alors il n'y aura pas d'universités (au pluriel) en France.

    En fait les seules universités existant en France sont les Grandes Ecoles. Et qu'on ne me parle pas du critère de la recherche, celle-ci n'est pas le propre des universités (le CNRS a longtemps vécu séparé de celles-ci) et beaucoup d'"enseignants-chercheurs" ne font absolument pas de recherche (je ne les en critique pas, je le constate).

    Un point particulier à Ramon Mercader au sujet de la notion de service public :
    Il y a en gros 3 types très différents de services publics :
    - les services publics régaliens qui sont affaires de militaires et de juristes
    - les services publics d'aménagement qui sont affaires d'ingénieurs et d'économistes
    - les services publics personnels qui sont affaires de professionnels libres.

    L'université fait partie de cette troisième catégorie avec la santé, l'action sociale, les médias, la recherche, l'instruction publique. Ces services publics sont ceux qui étaient remplis autrefois par l'Eglise. (je n'y reviens pas)

    Pour que ces services publics fonctionnent, le professionnel qui les délivre doit être totalement libre de toute ingérence politique et administrative. En retour ceux qui ont recours à lui, sont également libres de le faire ou pas. Leur financement doit être détourné pour que le politique ne puisse y intervenir (système de sécurité sociale, fondations, etc.).
    Dire que l'université est un service public ne suppose donc nullement qu'elle s'insère dans une administration d'état.

    Excusez-moi encore de mon outrecuidance, le seul diplôme universitaire que je possède (outre le baccalauréat) est une équivalence de première année...

    Cordialement.
  • @Mathurin

    Non seulement tu ne connais pas le système actuel, mais tu ne connais pas encore l'histoire des universités.

    Après, je suis bien d'accord avec toi. Ce n'est pas parce que l'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule.
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