Décès de Jean-Pierre Kahane
Je transmets l'annonce du Président de la Société Mathématique de France :
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Chères et chers collègues,
J'ai la très grande tristesse de vous faire part du décès, hier soir à 20h, de Jean-Pierre Kahane.
Jean-Pierre, ancien président de la SMF, était un immense mathématicien, spécialiste de l'analyse harmonique et des probabilités notamment, mais également un grand humaniste, un grand professeur.
Sur la page web qui lui sera dédiée, la SMF a commencé à réunir des hommages, certains de ses articles, ainsi que les photos de la conférence qu'il a donnée le 10 juin dernier à l'IHP pour la cérémonie de remise des prix du concours SMF junior; son exposé avait encore une fois passionné l'auditoire.
Nous nous associons pleinement au chagrin de sa famille.
Stéphane Seuret
Président de la SMF
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Chères et chers collègues,
J'ai la très grande tristesse de vous faire part du décès, hier soir à 20h, de Jean-Pierre Kahane.
Jean-Pierre, ancien président de la SMF, était un immense mathématicien, spécialiste de l'analyse harmonique et des probabilités notamment, mais également un grand humaniste, un grand professeur.
Sur la page web qui lui sera dédiée, la SMF a commencé à réunir des hommages, certains de ses articles, ainsi que les photos de la conférence qu'il a donnée le 10 juin dernier à l'IHP pour la cérémonie de remise des prix du concours SMF junior; son exposé avait encore une fois passionné l'auditoire.
Nous nous associons pleinement au chagrin de sa famille.
Stéphane Seuret
Président de la SMF
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Réponses
J'ai eu JP Kahane comme professeur brièvement, si je me souviens bien, il assurait le cours sur les chaînes de Markov (fin des années 80 début des années 90 à l'Université de Paris-Sud, je ne me souviens plus exactement).
Je dois avoir encore son poly' (c'était du très ramassé sur quelques pages) quelque part dans mon fouillis.
Je me souviens que lors du premier cours, mais peut-être que c'était le second, il avait demandé aux étudiants présents ceux qui savaient ce qu'était une fraction contiué(e). B-)-
JP Kahane était un vieux compagnon de route du PCF dont il était directeur de publication, selon Wikipedia, de leur revue Progressistes. Il a été aussi président de l'Union rationaliste toujours selon Wikipedia.
PS:
Un article qui salue la mémoire de JP. Kahanne avec la reprise d'un entretien qu'il avait donné récemment.
http://www.humanite.fr/deces-de-jean-pierre-kahane-un-homme-des-lumieres-637902
Mais que dire à part notre tristesse? Parfois (pas là, mais en général, quand ça me prend d'y réfléchir), je me demande quel étrange cynisme nous pousse à honorer les mémoires des gens juste après leur mort à un moment où il "peut paraitre" qu'ils n'en profitent pas. Mais en fait, il y a une explication: c'est pour adoucir la douleur des proches. Cela dit, dire à un proche d'un disparu "quel merveilleux homme c'était", ça joue à double tranchant: ou bien faire encore plus mal, ou bien apaiser ou poétiser le départ définitif.
Bref... On ne saura jamais ce qu'il faut faire.
Quant au message de Héhéhé, j'ai déjà vu et lu par le passé, sur ce site, des réactions à des décès beaucoup plus fournies. D'où mon message en forme de semi-interrogation. D'autre part, le texte de P. montre bien qu'un certain nombre d'intervenants peuvent éclairer la jeune génération de leur témoignage.
Non ?
C'est effectivement un brillant mathématicien français que nous perdons en Jean-Pierre Kahane, et un grand universitaire.
Je l'ai quelquefois rencontré dans le cadre d'activités de vulgarisation, qu'il soutenait. Il préconisait que ces activités de clubs et de compétitions restent bénévoles
Mais si l'on honore à juste titre le mathématicien, je réprouve la récupération de cet hommage mérité, au profit des options politiques de l'homme.
Contrairement à ce qu'affirme FdP, il n'était pas un simple « compagnon de route » du parti communiste, mais un membre actif de ce parti depuis 1946 (période stalinienne), à la suite de son père Ernest Kahane, sans états d'âme devant la répression du peuple hongrois en 1956, membre du comité central depuis 1979, et candidat aux élections européennes sur la liste communiste en 1979. D'après une déclaration de Cédric Villani à propos de ce décès, c'était un « militant communiste aux grands idéaux ». Bon, voici qu'en Macronie le communisme est un grand idéal : le goulag aussi ? ... en même temps... ?
Le mieux est de concentrer notre hommage sur l’œuvre mathématique et la carrière universitaire de Jean-Pierre Kahane, et de jeter un pudique manteau d'oubli sur ses errements politiques. Que la terre lui soit légère.
Bonne journée.
Fr. Ch.
24/06/2017
Je lui ai dit que je préparais l'agrégation, et il me confia l'histoire suivante : après avoir tenté pendant très longtemps (quelques mois, un an ? je ne sais plus) de démontrer quelque chose, il soumit le problème lors d'une discussion qui eut lieu pendant une conférence de spécialistes du sujet. A la fin, un.e ami.e vint le voir, et lui dit qu'il ou elle pensait pouvoir résoudre le problème en utilisant le théorème de Baire. Et cela a marché. Kahane n'en voulut pas à son ami.e, mais à lui-même, et quand il me raconta l'histoire (des dizaines d'années après), il me dit qu'il jugeait n'avoir pas assez étudié le théorème de Baire pendant sa scolarité (pendant sa propre préparation à l'agrégation, peut-être ? je ne sais plus), sans quoi il aurait eu le "réflexe" de tenter de l'utiliser. Et donc, il fallait que je prépare l'agrégation consciencieusement, car on ne sait jamais quel théorème pourrait nous servir un jour.
En revanche quand une personnalité meurt après une vie aussi riche à plus de 90 ans, je dois être un monstre froid, mais je n'ai absolument aucune tristesse. Je suis juste admiratif du parcours, d'une vie riche, remplie, je trouve magnifique de rendre un hommage entièrement mérité. Après mourir à plus de 90 ans, c'est tout simplement la logique des choses, on est pas immortel, si j'étais son petit fils je serais triste de perdre mon papy, mais sinon j'ai énormément mal à comprendre ces messages de tristesse.
Je salue l'homme qui a fait briller notre discipline toute sa vie.
Je pense que si j'atteins l'âge de 90 ans et que "je ne sucre pas les fraises", ma peur de mourir et l'horreur qui me saisit dans tout mon être à cette idée seront exactement les mêmes qu'elles le sont aujourd'hui. Je ne trouve aucun réconfort dans le fait de brandir le "grand" âge de quelqu'un pour essayer de diminuer la peine de perdre une personne aimée et de diminuer le sentiment d'injustice face à l'absurdité de la vie qui fait que les gens (qu'on aime) meurent.
Tu parles "d'êtres aimés", quels sont tes sentiments pour Jean-Pierre Kahane ? Tu le connaissais intiment ? Si c'est le cas je te présente mes sincères condoléances.
Si c'est juste une personne que tu admirais, ou pour lequel tu avais énormément d'estime, je trouve que des expressions comme "grande tristesse" sont totalement exagérées.
Ta réaction est sans objet par rapport à mon propos que tu ne comprends pas visiblement.
Les personnes qui ont 90 ans n'auraient pas le droit de tenir à la vie et doivent accueillir la mort sans révolte parce que c'est "logique" de mourir à cet âge-là? La "logique" dont tu parles je ne la vois pas et elle me sera toujours étrangère.
Et parce que ton grand-père, ton père, ton ami a 90 ans tu dois t'obliger à penser que c'est "logique" que la mort le prenne? Je ne trouve aucun réconfort dans cette façon de penser.
Mais ma réflexion ne date pas d'hier. Quand par exemple un artiste meurt, il y a toujours des milliers de réactions de personnes qui ne sont ni des amis, ni de la famille qui parlent : "immense chagrin", "grande affliction", "douleur infinie"... Je n'ai jamais compris cela. Je conviens que c'est sans doute moi qui ne suis pas normal.
Tu te méprends sur mon propos, il ne sous-entend pas du tout cela.
Les mots en eux-mêmes n'ont que peu d'importance.
Ce qui compte, c'est de les dire.
@ tout le monde.
La paix sur Jean-Pierre Kahane.
Qu'il se repose de ses nombreuses vies.
e.v.
C'était le sens initial de mon propos. Et ton recours abusif au mot "logique" suggérait furieusement cette conception.
Au moins un point sur lequel on se retrouve sur la perception de l'existence. ;-)
Zeitnot:
Tu ne comprends pas la réaction des gens qui ne sont pas des amis, des parents, des proches?
De l'empathie et le rappel qu'un jour ce sera le tour d'un proche, le nôtre...
Je crois comprendre ce que tu veux dire Chaurien. Un petit morceau de ce qui t'a construit qui disparaît.
Tu ne crois pas en la compassion et en l'empathie?
Pour ne pas devenir dingues nous évitons autant que nous pouvons de ne pas penser à notre mort prochaine (et à celle de nos proches). Mais régulièrement nous apprenons le décès de gens qui meurent de façon "commune", de vieillesse, de maladie et c'est une irruption dans notre vie de ce que nous voulons oublier: nous allons mourir, nos proches vont mourir.
Face à cette irruption de la mort tu as essentiellement deux réactions: tu te réjouis que la mort a frappé une autre famille et pas la tienne ou tu as de l'empathie parce que la mort aurait pu frapper tout aussi bien ta famille, toi-même.
Je pense que les messages de soutien naissent de la seconde réaction qui, je l'espère, est la plus répandue.
PS:
Dans un film de Hal Hartley Ambition, je crois, il y a un slogan qui est répété: savoir qu'on va mourir c'est être déjà à moitié mort, que je trouve ayant une certaine justesse.
C'est ce que vous êtes en train de faire dans le présent fil.
edit: essai pour voir (zeitnot si tu vois cet edit c'est qu'on peut modifier les posts)
Il n'y a aucun manque de respect dans les messages. Il est donc interdit sur le forum de parler de la mort et ce que cela nous fait, nous qui allons mourir aussi un jour?
Il y dénonce l'imposture de la thèse d'Elisabeth Tessier sur l'astrologie et les manquements graves qui ont conduit l'université René Descartes à l'accepter.
Il incite les universités à respecter les règles qui encadrent la publication des thèses. Le jury a fait preuve d'une complaisance étonnante vis-à-vis d'une personnalité médiatique dont le but était de donner à l'astrologie un statut scientifique.
A quand une chaire d'astrologie à l'université ?
Jean Pierre Kahane a raison de dénoncer la tartufferie des uns et la légèreté des autres.
...
Le mieux est de concentrer notre hommage sur l’œuvre mathématique et la carrière universitaire de Jean-Pierre Kahane, et de jeter un pudique manteau d'oubli sur ses errements politiques. Que la terre lui soit légère. "
Sans états d'âme au sens extérieur où il était discipliné à la politique du PCF, mais au sens spirituel ou intérieur c'est différent.
J'étais son étudiant à Orsay et aussi militant au syndicat UNEF, proche du PCF. J'ai participé à un congrès du syndicat où il y a eu une reprise en main très stalinienne. Moi, naïf, j'avais été choqué et m'en était ouvert à J.P Kahane. Dans l'intimité d'un échange j'ai vu son état d'âme. S'il est resté fidèle jusqu'au bout au PCF, ce n'était pas toujours de gaité de coeur. Que Dieu lui pardonne ses errements. J'espère que sa discipline ne l'a pas amené à s'éloigner de trop de l'appel de son âme.