Problèmes de JP Delahaye

Bonsoir,

j'ai vu que dans chaque numéro de la revue de la Société Informatique de France, Jean-Paul Delahaye propose des problèmes - et c'est tout à fait le genre de problèmes de j'adore. Depuis le début de mes études, j'ai rencontré beaucoup de petits problèmes de ce style (énoncés compréhensibles sans gros background mathématique mais pas évidents, et dont il existe parfois des solutions très astucieuses et/ou jolies), et parmi tous ses problèmes, je n'en connaissais qu'un ; je pense donc que ces problèmes ne sont pas très connus (j'ignore lesquels sont les siens).
Je vous mets le lien :
Bulletin de la Société Informatique de France
En cliquant sur les numéros, vous accédez à la page qui vous permet de télécharger (gratuitement) les articles, et ceux de Delahaye sont en dernier.
Attention, à chaque fois, il donne, dans l'ordre : l'énoncé du problème du numéro précédent, sa solution, et l'énoncé du nouveau problème. Il faut faire gaffe à ne pas se spoiler ! Personnellement, je plisse les yeux et je scrolle jusqu'à voir "Nouveau problème" en gras qui ressort bien :-D

Il y a, par exemple, une variante amusante - et à mon avis, beaucoup moins connue - de la sempiternelle énigme des cinquante prisonniers qui doivent trouver leur numéro dans des boîtes avec probabilité 30% :

Dans une salle sont disposées cinquante boîtes, qui contiennent chacune un nombre entier entre $1$ et $50$, de telle façon que tout entier entre $1$ et $50$ se retrouve dans une (et donc une seule) boîte.
Deux prisonnières doivent collaborer pour gagner au jeu suivant :
- la première entre, ouvre toutes les boîtes, prend connaissance de leur contenu, et a le droit d'échanger deux boîtes, et doit ensuite refermer toutes les boîtes et quitter la salle sans rien dire à la deuxième prisonnière (en outre, le fait que deux boîtes aient été échangées est invisible par toute personne qui ignore le contenu des boîtes) ;
- la deuxième entre, une arbitre lui annonce un entier entre $1$ et $50$, et la prisonnière a le droit d'ouvrir $25$ boîtes.
Les deux prisonnières gagnent si la deuxième ouvre une boîte contenant le numéro annoncé par l'arbitre et perdent sinon.
Comme d'habitude, les prisonnières ont le droit de décider d'une stratégie a priori.
Trouver une telle stratégie qui leur permet de gagner à coup sûr.

Amusez-vous bien !

Réponses

  • Un autre problème de prisonniers pour toi (aussi lu sous la plume de Delahaye je crois):

    Il y a 100 prisonniers dans une pièce, il portent chacun un chapeau avec un nombre entre 1 et 100 inscrit dessus. Plusieurs prisonniers peuvent avoir le même nombre et certains nombres peuvent ne pas apparaître du tout. Les prisonniers voient les nombres inscrits sur les chapeaux de tous les autres prisonniers mais pas leur propre numéro. Comme D'habitude il peuvent établir une stratégie avant l'attribution des chapeaux et ils n'ont pas le droit de communiquer entre eux une fois les chapeaux attribués.

    Chaque prisonnier écrit sur un papier (à l'abris du regard des autres) un nombre entre 1 et 100. Le but pour les prisonniers est qu'au moins l'un d'entre eux ait écrit le nombre inscrit sur son chapeau.


    Pour ton énigme de boites (surligner) : Je suppose qu'il suffit de montrer que si la permutation boite-contenu contient un k-cycle de longueur plus grande que 25 alors la première prisonnière peut, en échangeant le contenu de deux boites, obtenir une permutation ne contenant aucun k-cycle de longueur >25.
  • Mojojojo : Oui, ce problème est dans la liste :-) Je ne l'ai pas (encore ?) résolu. En tout cas je sais comment faire pour deux prisonniers, mais je ne sais pas trop pour trois... Je continue de réfléchir !
  • Hoho, merci bien pour la référence ! A noter que le livre parle du problème de l'interro surprise, mais que Google Books ne me laisse pas voir la solution proposée !
  • Bonjour,

    il y a quelque chose que je ne saisis pas dans cette application que donne J.P Delahaye du principe des tiroirs dans un numéro récent de la revue "Pour la science", rubrique: "logique et calcul".

    https://www.pourlascience.fr/sd/mathematiques/trivial-mais-puissant-le-principe-des-tiroirs-9996.php

    Je cite:

    Si l'on se donne 10 entiers quelconques composés de deux chiffres, il existe parmi eux deux sous-ensembles disjoints de nombres ayant la même somme. Par exemple, si l'on se donne {23, 35, 44, 61, 68, 70, 71, 82, 83, 95}, on trouvera que {23, 35, 95} donne la même somme que {71, 82} : 23 + 35 + 95 = 153 = 71 + 82.

    Démonstration. Les sous-ensembles possibles de notre ensemble de 10 entiers sont au nombre de $2^{10} = 1 024$, car pour constituer un tel sous-ensemble, on opère 10 fois de suite le choix binaire : prendre le nombre ou ne pas le prendre. Quels nombres peut-on atteindre en faisant la somme des nombres de nos sous-ensembles ? Un sous-ensemble comporte de 0 à 10 nombres compris entre 10 et 99 ; la somme est donc comprise entre 0 et 10 fois 99, donc entre 0 et 990. En numérotant 991 tiroirs de 0 à 990, et en plaçant chaque sous-ensemble possible dans le tiroir dont le numéro est la somme de ses éléments, on trouve d'après le principe des tiroirs deux sous-ensembles ayant la même somme.

    fin de citation.

    Les tiroirs sont numérotés de 0 à 990. Les tiroirs numérotés de 1 à 9 sont donc susceptibles d'être occupés. Si l'on exclu le cas où le sous-ensemble est vide, je ne vois pas comment on peut obtenir un résultat compris entre 1 et 9 en sommant des éléments compris entre 10 et 99 !
    Il n'est pas précisé non plus si les répétitions sont acceptées ce qui semble être le cas à la lecture de la démonstration.
    ...
  • Et alors ? On peut bien avoir des tiroirs vides, ça n'infirme pas l'argument qu'il y a plus de sous-ensembles que de tiroirs.
    Par ailleurs, on part bien d'un ensemble de 10 nombres : pas de répétition.
  • Quelque soit la démarche choisie: on peut placer tous les éléments dans un seul tiroir, les répartir un peu ou au maximum, il y aura toujours un tiroir contenant deux éléments ou plus.
    Pourquoi est-ce que je tenais absolument à ce que tous les tiroirs soient occupés ? Je ne sais pas: la peur du vide sans doute.

    Un peu plus loin dans l'article de Delahaye, on découvre qu'il existe une version infinie (dénombrable/non-dénombrable) de ce principe et une variante probabiliste dont le fameux "paradoxe des anniversaires" est un cas particulier.

    En mécanique quantique, le principe des tiroirs est faux (même dans sa forme la plus élémentaire): si trois objets sont placés dans deux tiroirs, alors l'un des tiroirs contient deux objets.
    Il n'y a pas de trivialités en mécanique quantique !

    Pour l'anecdote, le principe des tiroirs apparait pour la première fois dans un texte écrit en Latin par un jésuite Français: "On y trouve l'affirmation que, nécéssairement, il existe deux femmes ayant le même nombre de cheveux."
    ...
  • Bonjour,
    Le deuxième problème de prisonniers, énoncé plus haut par mojojo, a déjà été évoqué sur notre forum.
    On avait donné la solution ci-dessous en blanc:
    Les prisonniers s'attribuent au préalable 100 numéros, tous distincts.
    Chacun inscrira sur son papier son numéro moins la somme de tout ce qu'il voit modulo 100.
    Un (et un seul) prisonnier fournira la bonne réponse : celui dont le numéro égale (modulo 100) la somme des valeurs des chapeaux distribués.
  • @jacquot : Merci d'avoir mis en blanc la réponse, comme ça j'ai pu chercher. Je suis très content d'avoir fini par trouver, même si ça m'a pris deux semaines :-)
    Au moment de trouver, j'avais pensé à un truc (en blanc) :
    Dans le problème du secret partagé, un vieux qui a dix enfants a enterré son trésor à un certain endroit $x$ de $\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}$. Ses enfants sont fâchés en en conflit ; le vieux veut donc "diviser" le secret en petits morceaux de donner à chacun de ses enfants un morceau, afin qu'aucun sous-ensemble propre de ses enfants n'ait assez d'informations pour trouver le trésor, mais de manière à ce que si tous les enfants font la paix et mettent en commun leurs informations, ils peuvent trouver le trésor. Le vieux choisit alors $x_1,x_2,...,x_{10}$ tels que $x_1 + x_2 + ... + x_{10} = x$ et donne $x_i$ à l'enfant $i$. Ce n'est pas directement lié, mais je crois que c'est ce qui m'a fait trouver la réponse de l'autre !

    En voici un autre, qui ressemble, et qui est encore de Delahaye (par contre je ne me souviens plus où je l'ai trouvé - peut-être dans le livre cité par Romyna, je vérifierai), et j'espère que je le recopierai correctement car je n'ai pas la réponse et donc je ne suis que presque sûr que l'énoncé est bon. Merci de poster les réponses en blanc pour ne pas gâcher le plaisir des autres :-) :

    Un nombre impair plus grand ou égal à $2$ de prisonniers sont assis dans la même configuration que celle donnée par mojojojo. On leur met des chapeaux rouges ou noirs. Chaque prisonnier voit les chapeaux des autres mais pas le sien. Chacun doit écrire "il y a un nombre pair de chapeaux rouges" ou "il y a un nombre impair de chapeaux rouges" sur un petit papier. Les papiers sont réunis, et on procède au dépouillement : la partie est remportée si la mention majoritaire (il y en a une car il y a un nombre impair de prisonniers) correspond à la configuration de chapeaux ; c'est-à-dire que si une majorité de prisonniers annonce que les chapeaux rouges sont en nombre impair, ils gagnent si les chapeaux rouges sont en nombre impair, perdent sinon ; et de même si on remplace "impair" par "pair" dans la phrase précédente.
    Quelle stratégie peuvent-ils décider, au préalable, afin de gagner au jeu dans bien plus de la moitié des cas (dixit JPD) ?

    EDIT : Rajout d'un bout de l'énoncé oublié en gras. Pardon aux familles des prisonniers.
  • Si le nombre impair est égal à $1$, il n'y a aucune stratégie gagnante.
  • Ca c'est bien vrai. J'ai retrouvé la source ! Il y est fait mention d'une assemblée, et donc j'imagine qu'il faut supposer que le nombre de prisonniers est impair et plus grand ou égal à $2$. De plus, j'ai oublié une information capitale que je rajoute dans mon post.
  • Même avec l'élément vraiment essentiel que tu avais oublié, je pense qu'avec 3 ça coince. Par ailleurs, c'est quoi, les "cas" ?
    Stratégie de réponse : si l'on voit une majorité de chapeaux rouges (resp. noirs), supposer qu'on a un chapeau rouge (resp. noir) : si l'on voit autant de noirs que de rouges, faire à plouf-plouf.
  • Dans ce cas, j'ai une solution simple, qui échoue cependant dans un cas :

    On suppose qu'il y a $2n+1$ prisonniers.

    Si je vois $n$ chapeaux rouges ou moins, j’inscris la parité du nombre de chapeaux rouges que je vois.
    Si je vois plus de $n$ chapeaux rouges, j'inscris la parité opposée du nombre de chapeaux rouges que je vois.


    En effet, si il y a $k \leq n$ chapeaux rouges, alors les $2n+1-k$ individus sans chapeau rouge vont voir la bonne parité, et la stratégie va les faire voter la bonne parité, et comme ils sont en majorité, c'est gagné

    Si il y a $k > n+1$, alors les $k$ individus avec chapeau rouges vont voir la mauvaise parité, la stratégie va leur faire voter la bonne parité, et comme ils sont en majorité, c'est gagné.

    Par contre, si il y a exactement $n+1$ chapeaux rouges, tout le monde se plante (0% de réponse correcte !)


    Edit : c'est corrigé.
  • Tryss, tu n'as pas respecté la consigne "poster les réponses en blanc" (ce que j'ai fait).
  • J'aime bien aussi ce genre de problèmes. Voici un pdf : des chapeaux, des couleurs et des structures algébriques.

    Edit. Le problème du post initial me fait penser à celui-ci : http://culturemath.ens.fr/content/la-réponse-du-jeudi-40-pièces-et-échiquier (désolé, j'ai eu la flemme de retrouver la page avec seulement la question et sans la réponse juste au-dessous).

    Edit. Très bonne variation !
  • Bonsoir,

    une n-ième histoire de prisonniers suivi (puisque la tendance est au complotisme), d'une histoire de complot.

    $\large •$ Problème 1: "Les prisonniers et les tiroirs"

    Des prisonniers sont numérotés de 1 à 100 et connaissent leur numéro. Ils sont appelés un à un et une seule fois dans le bureau du directeur où se trouve une commode de 100 tiroirs numérotés de 1 à 100.
    Le directeur a disposé de façon aléatoire dans chaque tiroir un papier portant le numéro d'un prisonnier. Chaque tiroir contient un numéro et chaque prisonnier a son numéro dans un tiroir.

    Chaque prisonnier ne peut ouvrir que 50 tiroirs AU PLUS et doit trouver son numéro.
    Les prisonniers ne peuvent pas communiquer entre eux pendant l'épreuve, ne savent pas qui a été appelé avant eux et ne peuvent pas déplacer les papiers dans les tiroirs.
    Les prisonniers gagnent s'ils trouvent tous leur numéro. Ils peuvent se mettre d'accord avant le début de l'épreuve sur une stratégie.

    Trouver une stratégie donnant aux prisonniers une probabilité de gagner supérieure à 30%.

    n.b: chaque prisonnier pouvant ouvrir au plus 50 tiroirs a une chance sur deux de trouver son numéro. Une victoire totale a une probabilité de $\frac{1}{2^{100}}$.

    $\large •$ Problème 2: "Les rats et les bouteilles"

    Un roi possède 1000 bouteilles de vin. Ayant découvert une conspiration, il sait qu'exactement une bouteille est empoisonnée.
    Son valet, chargé de déterminer laquelle est-ce, dispose de rats auxquels il peut faire goûter les différentes bouteilles.
    Si un rat boit du vin empoisonné, il meurt le lendemain. Le roi veut savoir dès le lendemain et avec certitude quelle est la bouteille empoisonnée.

    De combien de rats, au minimum, son valet a-t-il besoin ?

    Il existe une variante un peu plus difficile de l'énigme précédente.

    $\large •$ Problème 3: "Les rats et les bouteilles" (suite)

    Un roi possède $p$ bouteilles de vin. Ayant découvert une conspiration, il sait qu'exactement une bouteille est empoisonnée.
    Son valet, chargé de déterminer laquelle est-ce, dispose de rats auxquels il peut faire goûter les différentes bouteilles.
    Si un rat boit du vin empoisonné, il meurt le lendemain.
    Cette fois, le roi n'est pas pressé. Il donne $q$ jours à son valet pour déterminer avec certitude quelle est la bouteille empoisonnée.

    De combien de rats, au minimum, son valet a-t-il besoin ?

    n.b: comme dans l'énigme précédente, le valet va faire goûter à chaque rat un mélange de bouteilles. La différence, c'est qu'il pourra réutiliser le lendemain les rats ayant survécu pour leur faire à nouveau goûter d'autres mélanges et ainsi de suite pendant $k$ jours.
    Il est important de prouver que le nombre de rats proposé doit être minimum.




    source: "Enigmes mathématiques• Guillaume et Clément Deslandes• ellipses.
    ...
  • Pour le problème 2 :


    On supposera dans ce qui suit qu'un rat est capable de boire ~500 gouttes de vin sans mourir d'un coma éthylique.

    Il suffit alors de 10 rats. On numérote chaque bouteille en base 2, et on donne au rat numéro $n$ à boire de la bouteille $i$ si le n-ième chiffre (en base 2) de i est un 1). Comme $2^{10} = 1024 > 1000$, c'est possible

    Le lendemain, les rats vivants et morts forment les chiffres du numéro de la bouteille empoisonnée (0 si le rat est vivant, 1 si le rat est mort.

  • @Tryss

    T'as trouvé. Bravo ! La clé du deuxième problème est effectivement de numéroter les bouteilles en base 2.
    Mais tu ne devrais pas rédiger ta réponse à l'encre sympathique.
    (Ton post apparait quand on enregistre la page en pdf ! )

    p.s:Il faut préciser, car l'énoncé n'en dit rien, que le but n'est pas de saouler les rats afin de ne pas risquer de confondre mort par empoisonnement et mort par coma éthylique !
    ...
  • Pourquoi ne faut-il pas rédiger sa réponse à l'encre sympathique ? Que faut-il faire à la place ?


    Pour le problème 3 (désolé je poste à l'encre sympathique en l'attente d'une réponse à la question du dessus) :
    L'idée est de « renverser le problème ». On veut savoir, étant donné un nombre de jours $q$ et un nombre de rats $n$, le nombre maximum de bouteilles qu'il est possible de tester. Pour $0$ jour et $n$ rats, c'est $1$ bouteille. Pour $1$ jour et $n$ rats, on va constituer pour chaque sous-partie des rats, un ensemble de bouteilles à donner à exactement ces rats. Chacune de ces sous-parties peut contenir au plus une bouteille (résultat pour le jour $0$). On continue ainsi par récurrence et on obtient, en notant $[n]$ l'intervalle des entiers de $1$ à $n$, et en notant $f(q,n)$ le nombre maximal de bouteilles qu'il est possible de tester en $q$ jours avec $n$ rats, $f(q,n) = \sum_{A \subseteq [n]} f(q,|A|)$. On peut utiliser les séries formelles pour reformuler ça (voir cet article wikipédia). Soit $F_q(x) := \sum_{n=0}^\infty f(q,n) \frac{x^n}{n!}$. Alors la relation de récurrence se traduit en $F_{q+1} = F_q \times E$ avec $E(x) = \sum_{n=0}^\infty \frac{x^n}{n!} = e^x$ (qui retourne une possibilité pour chaque ensemble). Et on a $F_0 = e^x$. On obtient donc $F_q(x) = e^{(q+1) x}$, et donc $f(q,n) = (q+1)^n$. Ça s'interprète probablement, en voyant que pour chaque rat on a $q$ possibilités : mort au jour $1$, au jour $2$, jusqu'à pas mort du tout. On voit donc qu'on peut séparer au maximum $(q+1)^n$ bouteilles différentes, et on peut faire en sorte que toutes ces possibilités « servent » (rétrospectivement, ça se voit assez bien sans les séries formelles en fait).
    Étant donné $q$ jours et $p$ bouteilles, on cherche donc le plus petit $n$ tel que $(q+1)^n \geq p$. Il faut donc prendre $n = \lceil \log_{q+1}(p) \rceil$.


    Je connaissais un problème assez proche : on est dans un immeuble avec $k$ étages. On s'intéresse à déterminer l'étage minimal à partir duquel si on jette une personne de cet étage, elle meurt. On dispose pour cela de $n$ personnes. Lorsqu'une personne meurt suite à un saut, on ne peut plus la réutiliser et il faut passer à la suivante. Il faut déterminer le nombre minimal de jeter de personnes qu'il faut effectuer afin de connaître l'étage critique (on suppose qu'il existe et qu'il est le même pour toute personne etc.).

    Et un autre problème lié : dans un espace affine à $n$ dimensions, combien de régions de l'espace peut-on diviser à l'aide de $k$ hyperplans ? (Il faut que l'espace privé des $k$ hyperplans ait un nombre maximal de composantes connexes.) Quel est le lien avec le problème précédent ? (Là sur le coup je ne m'en rappelle plus mais je sais qu'il y avait un lien.)
  • @df : C'est juste pour que les personnes qui lisent le fil ne risquent pas de voir accidentellement les solutions. Avec ton indication de numéroter les bouteilles en base $2$, j'ai vite trouvé la solution de Tryss, par exemple.
  • Bonjour à tous et bravo à Champ-Pot-Lion pour le problème 3 ! Je les trouve très astucieuses toutes ces énigmes.


    p.s: Bonjour @Georges Abitbol, je ne savais pas que sur ce forum, on pouvait faire apparaître les messages en les surlignant ! Astucieux ça aussi... Et puis ça me permettra de publier des énormités mathématiques de manière plus décomplexée.

    Je voudrais également préciser que Je condamne toute forme de maltraitance animale.
    ...
  • Quelques remarques complémentaires et brefs résumés des solutions dont je dispose, tout ou presque ayant déjà été résolu…

    $\large •$ Problème 1

    On définit $\sigma$, la permutation qui à un numéro de tiroir associe le numéro qu'il contient.
    Chaque prisonnier teste d'abord le tiroir correspondant à son numéro puis le tiroir indiqué par le numéro qu'il y trouve et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il trouve son numéro: le prisonnier numéro $i$ teste les tiroirs $i$, $\sigma(i)$, $\sigma(\sigma(i))$, etc…

    On peut décomposer $\sigma$ en produits de cycles à supports disjoints. Puisque les prisonnier n'ont pas le droit d'ouvrir plus de 50 tiroirs pour trouver leur numéro, la stratégie fonctionne si $\sigma$ ne contient aucun cycle de longueur supérieure à 50.

    On cherchera donc la probabilité qu'une permutation de $\{1,2,...,100\}$ ne contienne aucun cycle de longueur supérieure à 50.
    Or, pour un $k$ quelconque, le nombre de permutations de $\{1,...,100\}$ contenant un cycle de longueur $k$ est:
    \begin{equation}
    \binom{100}{k}(k-1)!(100 - k)!=\frac{100!}{k}
    \end{equation}

    En effet, on commence par choisir un support du cycle: $\binom{100}{k}$ possibilités puis, pour chaque support, les $(k-1)!$ cycles de longueur $k$ possibles puis le reste de la permutation: $(100 - k)!$ choix.

    Une permutation de $\{1,...,100\}$ ne pouvant contenir qu'un seul cycle de longueur strictement supérieur à 50, le nombre de ces permutations est:

    \begin{equation}
    N= \sum_{k=51}^{100} \frac{100!}{k}
    \end{equation}

    La probabilité que la stratégie échoue est:

    \begin{equation}
    1-p= \frac{N}{100!}=\sum_{k=51}^{100} \frac{1}{k}
    \end{equation}

    Et finalement $p$ est environ $0,312$.



    $\large •$ Problème 2

    Si l'on fait goûter les 500 premières bouteilles à l'infortuné rongeur, sa mort ou sa survie le lendemain impliquera la présence de la bouteille empoisonnée dans la première ou la deuxième moitié du lot.
    Mais pour discriminer efficacement des lots toujours plus réduits on numérote les bouteilles de $0000000000_2=0$ à $1111100111_2=999$.

    Le premier rat goûte toutes les bouteilles dont le premier chiffre (en partant de la droite) est un $1$ comme $0000000001_2, 0000000011_2, 0000000101_2$, etc…
    Le second rat goûte toutes les bouteilles dont le deuxième chiffre du numéro est un $1$.
    .
    .
    .
    Le dixième rat goûte toutes les bouteilles dont le dixième chiffre du numéro est un $1$.

    Ainsi, la mort du $i$-ème rat indique la présence d'un $1$ en $i$-ième position dans le numéro de la bouteille empoisonnée.

    $\large •$ Problème 3

    On commence par traiter le cas $q=2$ jours.
    Dans ce cas et avec $n$ rats, on ne peut discriminer plus de $3^n$ bouteilles.
    La technique utilisée consiste à comparer le nombre de solutions et le nombre de résultats possibles de l'expérience.

    Supposons que l'on veuille faire goûter $k$ bouteilles à $n$ rats.
    Le lendemain, on constate entre $0$ et $n$ décés.

    Si $i$ rats sont morts le premier jour $(0 \leq i \leq n)$, la deuxième journée aura $2^{n-i}$ issues possibles pour les rongeurs. Le nombre de cas où $i$ d'entre eux meurent le premier jour est $\binom{n}{i}$.
    Le nombre de résultats possibles est:

    \begin{equation}
    \sum_{i=1}^{n} \binom{n}{i} \times 2^{n-i}=3^n
    \end{equation}

    Ici, les solutions possibles au problème sont les $k$ bouteilles. Soit c'est la première qui est empoisonnée, soit c'est la deuxième,…, soit c'est la $k$-ième. La méthode de comparaison "résultats/solutions" donne:
    \begin{equation}
    k \leq 3^n.
    \end{equation}

    Enfin il existe une méthode pour discriminer $3^n$ bouteilles avec $n$ rats et en $q=2$ jours.
    On commence par diviser les bouteilles en $n+1$ groupes numérotés de $k=0$ à $n$.

    Le premier groupe (portant le numéro $0$) contient $2^n$ bouteilles.
    Le second groupe contient $n \times 2^{n-1}$ bouteilles réparties en $n$ sous-groupes de $2^{n-1}$ bouteilles.
    .
    .
    .
    Le groupe numéro $k$ contient $\binom{n}{k} \times 2^{n-k}$ bouteilles réparties en $\binom{n}{k}$ sous-groupes de $2^{n-k}$ bouteilles.

    A chacun des $\binom{n}{k}$ sous-groupes de $k$ rats est attribué un des $\binom{n}{k}$ sous-groupes de $2^{n-k}$ bouteilles.

    L'expérience se déroule de la manière suivante: aucun rat ne goûte les bouteilles du premier groupe. Pour le second groupe, chacun des $n$ rats goûte toutes les bouteilles d'un seul sous-groupe de $2^{n-1}$ bouteilles etc… Tous les $k$ rats d'un sous-groupe goûtent toutes les $2^{n-k}$ bouteilles du sous-groupe correspondant (parmi $\binom{n}{k}$) et uniquement celles-là.

    Le lendemain, la mort de $k$ malheureux rongeurs situe la bouteille recherchée dans le sous-groupe correspondant du groupe n°$k$. On poursuit les investigations dans ce sous-groupe en appliquant, pour une journée supplémentaire, la méthode précédente.

    Pour conclure, on peut montrer par récurrence, qu'avec $n$ rats et en $q$ jours, on ne peut discriminer plus de $(q+1)^n$ bouteilles.
    ...
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