L'indspensable enseignement des mathématiques
https://www.liberation.fr/debats/2019/04/19/l-indispensable-enseignement-des-mathematiques_1722397
Malheureusement on n'échappe pas aux vieux poncifs éculés:
Je ne me prononcerais pas sur les compétences en biologie humaine mais le reste suggère qu'il faut avoir fait des mathématiques ou des sciences pour éveiller l'esprit critique. Je suis de plus en plus sceptique face à cette affirmation.
J'ai l'impression que l'enseignement des sciences et des mathématiques a exactement l'effet inverse sur bon nombre de gens: ne pas développer le bon sens, que les élèves abandonnent ce bon sens et s'en méfient dès qu'on leur parle de sciences ou de mathématiques, ils le laissent au vestiaire avant d'entrer en classe. :-D
Malheureusement on n'échappe pas aux vieux poncifs éculés:
Tribune de Libé a écrit:Des compétences scientifiques, notamment sur la biologie humaine, la méthode scientifique et la théorie de l’évolution, permettent par exemple de mieux comprendre les soins dispensés en cas de maladie et de développer l’esprit critique afin de mieux lutter contre la désinformation et le réchauffement climatique et d’enrayer la vague antivaccination.
Je ne me prononcerais pas sur les compétences en biologie humaine mais le reste suggère qu'il faut avoir fait des mathématiques ou des sciences pour éveiller l'esprit critique. Je suis de plus en plus sceptique face à cette affirmation.
J'ai l'impression que l'enseignement des sciences et des mathématiques a exactement l'effet inverse sur bon nombre de gens: ne pas développer le bon sens, que les élèves abandonnent ce bon sens et s'en méfient dès qu'on leur parle de sciences ou de mathématiques, ils le laissent au vestiaire avant d'entrer en classe. :-D
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Réponses
Par ailleurs, la méthode scientifique a tendance à saucissonner un problème (pour le résoudre généralement).
Quand il s'agit de faire de la communication sur un sujet sociétal qui a un rapport avec les sciences une des "tranches" va être privilégiée pour faire passer le message voulu en occultant toutes les autres qui permettraient de nuancer le propos, généralement lénifiant.
(Je ne veux pas donner d'exemple pour ne pas polémiquer inutilement mais j'ai un ou deux exemples en tête)
Je n'ai jamais dit que l'esprit critique est spécifique aux sciences, seulement que c'en était un élément fondateur. On pourrait également dire que si l'on enseignait l'histoire de manière plus approfondie, avec ses investigations, ses théories, ses doutes, plutôt que de montrer un paysage de certitudes figées (et illusoires), alors les étudiants auraient davantage d'esprit critique. Et cela fonctionne sans doute avec toutes les matières. Il faut tout de même avouer que la science joue un rôle particulier dans notre société, et être mieux formé dans certains de ses domaines (eg. informatique, biologie) pourraient avoir un impact bénéfique.
Finalement, la question est de savoir si l'on souhaite donner un "savoir" aux étudiants, ou bien former des esprits indépendants. Comme souvent, la réponse la plus raisonnable semble être "un peu des deux". Mon impression à froid est que l'enseignement tend vers le deuxième aspect, mais néglige le premier, alors que toute réflexion doit pouvoir s'appuyer sur un socle solide. Résultat : les étudiants ne savent pas grand chose, et ne savent pas non plus quoi en faire. (C'est un avis naïf écrit à froid, il demanderait sans doute d'être étayé.)
La méthode scientifique, ou bien les "scientifiques" ? (Je mets le mot scientifique entre guillemets, parce qu'il est rare que de vrais scientifiques soient sollicités pendant les débats sociétaux, du moins c'est mon impression. À la place, on a le droit à des chroniqueurs ou à deux ou trois "spécialistes" qui font le tour de tous les plateaux télé.)
Il me semble qu'il s'agit davantage d'un problème lié au média qu'à une réflexion scientifique. En théorie, la réflexion scientifique est parfaite au sens où elle doit réfléchir aux biais qui peuvent se présenter et les corriger dès qu'ils sont détectés. Bien sûr, en pratique la réflexion n'est jamais parfaite, mais avec le temps et suffisamment d'intervenants, on doit pouvoir s'approcher d'un résultat convenable. Seulement, je ne connais aucun média grand public faisant ce genre de travail. J'aurais plutôt tendance à dire que la réflexion scientifique est essentiellement absente des médias.
Ce n'est pas en une minute ou même en cinq que tu expliques proprement quelque chose d'un peu complexe généralement. Les médias fonctionnent par saucissonnage en tranches très "fines" qui s'enchaînent à une vitesse vertigineuse qui ne permet pas de vraie réflexion.
et:
Cette formation elle est donnée depuis des décennies*.
Je pense que le résultat n'est pas du tout de développer chez ceux qui ont été soumis à cet enseignement l'esprit critique mais de donner l'impression à ces gens que c'est quelque chose de complexe qu'ils ne pourront pas complètement comprendre ce qui fait que ces gens n'associent pas spontanément le bon sens à cet enseignement. Ils se perdent dans les détails et les abstractions, dans une forêt de symboles qui ne favorisent aucun recul sur les choses et par là même aucun développement de l'esprit critique.
* l'argument objecté est qu'on n'enseigne pas bien. Mais ce on n'"enseigne pas bien" ne fait référence généralement qu'au contenu mathématique, physique etc et pas à la façon d'aborder les choses.
PS:
Le jour où on mettra comme priorité, pas simplement de l'affichage, le développement de l'esprit critique dans les programmes on aura avancé. M'est avis que si les gens se mettaient à avoir trop d'esprit critique cette société s'effondrerait en moins d'un an. :-D
Je ne sais pas ce qui est dit "généralement", mais pour ma part je ne pense pas qu'il y ait une seule matière qui soit enseignée correctement. (Disons que je parle de l'enseignement à partir du collège, le primaire est sans doute un peu particulier.) Donc, dans ce que je dis, "cette formation" n'est pas n'a probablement jamais été donnée.
C'est également mon avis.
-- Schnoebelen, Philippe
Je vois surtout une espèce de nouvel obscurantisme qui s'appuie sur ce que j'ai envie d'appeler une "critique artiste" de la science (qui se confond en grande partie avec celle du capitalisme : https://fr.wikipedia.org/wiki/Critiques_du_capitalisme#Critique_individualiste_ou_artiste)
Un exemple qui continue à me donner des frissons est cette interview de la ministre de la Santé (Agnès Buzyn, qui est médecin cancérologue, et qui marche sur des oeufs au sujet de l'homéopathie)
Nathalie Saint-Cricq tient à faire dire à la ministre que la "sagesse ancienne d'un certain nombre de civilisations", c'est du "pipeau absolu".
Ali Baddou articule enfin explicitement les deux (science et capitalisme)
"vous, vous faites confiance à la chimie... [non, je fais confiance à ce qui est évalué scientifiquement] ... et aux labos pharmaceutiques"
Pas étonnant que cette femme marche sur des oeufs: https://www.tradingsat.com/boiron-FR0000061129/actualites/boiron-boiron-legere-hausse-du-benefice-net-pdg-en-2017-793833.html
Voir aussi:
https://www.verif.com/bilans-gratuits/BOIRON-967504697/
Cette entreprise emploie plus de 2000 personnes.
Ali Baddou "mais enfin, combien de milliards de personnes ont recours à l'homéopathie : regardez en Chine, en Inde [...] mais on sent que vous n'y croyez pas !"
Ce qu'on constate dans les médias, c'est qu'il y a un accès aux médias à des gens qui ont une culture littéraire relativement standard (regardez le CV de Natacha Polony ou de Christine Bravo par exemple); on n'a pas l'équivalent côté scientifique, le seul qui a pu dire son avis sur n'importe quoi, c'est Villani.
C'est pareil dans le monde politique, y percent des gens de culture littéraire/éco plutôt modeste, en revanche les politiques venant des sciences, ce sont plutôt des polytechniciens (NKM, Giscard), un tout autre niveau de formation.
Il y avait aussi Georges Charpak (RIP) qui finissait par ressembler, selon moi, à une espèce de VRP du nucléaire.
PS:
Villani c'est le gars qui est une espèce d'IA-dolâtre, c'est bien ça?
Sans doute pour la même raison qu'on soigne l'homéopathie: des questions de gros sous essentiellement.
(pour un autre éclairage sur l'IA voir: )
Les mathématiques plébiscitées malgré la fin des filières au lycée,
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/23/reforme-du-lycee-les-maths-restent-plebiscitees_5453647_3224.html
(hélas c'est un article pour les abonnés dont je ne suis pas mais il y en a assez à lire pour qu'on comprenne ce dont il s'agit)
On est en train d'assister à un des plus grand tour de bonneteau qu'on ait jamais vu. 8-)*
(il y a eu une enquête réalisée récemment par un syndicat enseignant, dont j'ai oublié le nom, sur les voeux que comptaient faire les élèves quant à leur orientation et leur conclusion était que les mathématiques allaient continuer à être considérées comme la "voix royale")
*: ceux qui auront cru les bonimenteurs du gouvernement vont choisir le "mauvais" gobelet (pour espérer intégrer l'enseignement supérieur) tandis que les enfants issus de bonnes familles eux, sauront quel est le gobelet sous lequel se trouve réellement la boule.
https://www.snes.edu/Retour-vers-le-futur.html
Il a fallu des décennies pour mettre en place la sélection par les mathématiques.
Crois-tu que les acteurs de ce système qui ont intégré ce processus de sélection vont le changer du jour au lendemain alors qu'ils peuvent continuer à fonctionner sans rien changer ou presque? Ce type de "logiciel" je ne vois pas comment il pourrait changer dans les dix prochaines années et le retour d'expérience de ceux qui vont se voir écarter de filières d'enseignement supérieures parce qu'ils n''avaient pas fait les bons choix d'option va contribuer à renforcer l'immobilisme du système.
Cette réforme c'est comme la corvée de chiotte à l'armée: le juteux demande qui parle Anglais et il y a toujours un coui.. qui lève la main et qui se voit remettre un balai. :-D
Parcoursup c'est presque pareil, avec leur système d'options c'est comme si on demandait aux élèves mal informés de se désigner eux-mêmes pour "la corvée de chiottes". 8-)
Il y en aura encore moins quand la partie qui allait en ES avant se cassera les dents et fera savoir aux suivants qu’il ne faut pas y aller.
-- Schnoebelen, Philippe
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/71-des-lyceens-choisissent-de-faire-des-maths-20190424
(l'article est réservé aux abonnés mais vous avez la proportion qui est donnée et comment ils la calculent)
Mais les lycéens généraux ne constituent que 67.6 % de tous les (545.000, mentionnés par l'article) lycéens, donc je ne sais pas à quoi il faut comparer le 71%.
page 107 de https://cache.media.education.gouv.fr/file/RERS_2018/28/7/depp-2018-RERS-web_1075287.pdf
Celui qui doit faire un choix et voit ce taux de 71% va se dire que ceux qui le font , ils le font pour une bonne raison, qu'ils sont bien informés de la "bonne" stratégie à suivre et il va avoir tendance à suivre l'opinion "majoritaire".