Pierre Audibert

Réponses

  • La mort du mathématicien Pierre Audibert

    Ancien enseignant-chercheur en mathématiques et informatique à l’université Paris-VIII, engagé à l’extrême gauche dans les années 1960, il avait participé à la création du journal « Libération ». Il est mort le 6 mars, à l’âge de 79 ans.

    Né le 2 janvier 1941 à Rabat, au Maroc, il suit des études d’ingénieur, à l’Ecole nationale des ponts et chaussées. Intéressé par la politique dans les années 1960, il devient militant maoïste au sein de la Gauche prolétarienne et du mouvement « La Cause du Peuple ». C’est à ce titre qu’il a participé à la grande aventure de la création du journal Libération. Devenu journaliste et reporter infatigable, il couvre en 1974 « la révolution des œillets » au Portugal. Un événement dont il tirera un livre avec Daniel Brignon : Portugal : les nouveaux centurions (Belfond). C’est aussi à cette époque qu’il a commencé à s’intéresser à l’écologie politique naissante comme en témoigne son travail de pionnier sur les énergies renouvelables (Les énergies du soleil, en collaboration avec Danielle Rouard, Seuil, 1978).

    Mais les mathématiques restent sa première passion. Il reprend ses études là où il les avait abandonnées. Agrégé de maths en 1991, il s’intéresse à l’informatique et suit un DEA d’intelligence artificielle à l’université de Paris-VIII, avant l’obtention de son doctorat en 1998. Enseignant-chercheur dans cette université, Pierre Audibert se révèle comme un pédagogue rigoureux et bienveillant, très apprécié des nombreuses générations d’étudiants et d’étudiantes qu’il a formées pendant une vingtaine d’années. Son approche pragmatique des problèmes mathématiques a permis à un très large public d’informaticiens de découvrir, et de maîtriser, des notions complexes, le plus souvent présentées ailleurs sous une forme trop abstraite.

    Passion du partage et du savoir

    Ses travaux de recherche ont notamment porté sur l’analyse combinatoire et la géométrie algorithmique. Grâce à sa maîtrise de l’outil informatique (il est l’auteur de plusieurs algorithmes originaux), il savait rendre concrètes les mathématiques les plus ardues. Il savait ainsi représenter par des images graphiques d’une grande beauté toute la subtilité de problèmes de théorie des nombres, de la science des symétries, de l’esthétique des surfaces algébriques et des espaces non euclidiens.

    Il a notamment écrit sur ces sujets plusieurs livres de référence : Géométrie des pavages – de la conception à la réalisation sur ordinateur (Hermès-Lavoisier, 2013), Combien ? Mathématiques appliquées à l’informatique en 3 volumes (Hermès-Lavoisier, 2008), Algorithmes et théorie des nombres – Cours, exercices corrigés, avec programmes en langage C (Ellipse, 2014). Par leur richesse, la diversité et l’originalité de leurs applications, ses ouvrages universitaires ouvrent un domaine encore à explorer entre les arts et les sciences.

    Pierre Audibert avait la passion du partage et du savoir, de la connaissance et de la transmission. Il faisait preuve de dévouement, d’ouverture d’esprit et de tolérance dans ses rapports avec ses collègues et ses amis. Son engagement était total, notamment dans la défense des populations immigrées qu’il côtoyait à Saint-Denis, et ses prises de position souvent radicales étaient toujours accompagnées d’une pointe d’ironie… La distance révélatrice qu’il savait prendre avec ses passions.
  • Quel parcours atypique ! Agrégé à 50 ans puis docteur à 57 ans, il a réussi à obtenir un poste ! Ça semble inconcevable aujourd'hui.
  • Je ne veux pas être mauvaise langue, mais ça ne m'étonnerait pas que des considérations extra-mathématiques aient pu jouer, vu sa biographie, et Paris VIII est une université, disons spécifique.
  • "Je ne veux pas être mauvaise langue, mais .."
    Bel exemple de prétérition !
    Et toute prétérition commence par un mensonge !!

    Cordialement !
  • Contrairement à ce qu'on pourrait croire, attribuer un poste de MCf ou de professeur à quelqu'un qui approche de la retraite n'est pas rare. C'est un moyen de garder ce poste en sachant qu'on pourra rapidement recruter à nouveau. Et quand le candidat est de bon niveau (au labo et face aux étudiants) c'est tout bénéfice.

    Cordialement.
  • gerard0 a écrit:
    Contrairement à ce qu'on pourrait croire, attribuer un poste de MCf ou de professeur à quelqu'un qui approche de la retraite n'est pas rare.

    Je n'ai jamais vu ça. Depuis 10 ans, j'ai pu suivre tous les recrutements mcf en section 25 et 26 grâce à Opérations Postes, et je n'ai jamais vu cela. Par ailleurs, je ne connais aucun cas de mcf recruté proche de la retraite. Pierre Audibert est le premier dont j'entends parler !
    Franchement, Gérard, je ne crois pas que ce soit fréquent, du moins en maths. Peut-être dans d'autres sections, mais pas en maths : je partage l'avis de Poirot, ça semble inconcevable aujourd'hui.
  • Je ne connais pas le recrutement en maths, j'ai suivi des recrutement seulement dans d'autres disciplines. Dont acte pour les maths ces 10 dernières années. Cependant le recrutement dont on parle date de plus de 20 ans et probablement pas en maths (plutôt info, non ?). Je trouve très malsain d'instiller le doute sur ses capacités et le bien-fondé de son recrutement.

    Cordialement.
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