Concours Putnam

J'étais en train de regarder les problèmes posés à la dernière compétition Putnam à la recherche d'un calcul d'intégrale (hélas il n'y en a pas) et j'ai parcouru machinalement le nom des gens qui sont en tête de tableau.

Il me semble remarquer que tous les noms sont à consonance asiatique ou indienne.
(cf. https://www.maa.org/math-competitions/putnam-competition )

Y a-t-il une explication sociologique ? (faire des maths est un boulot considéré comme trop peu rémunérateur aux USA ?)
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Réponses

  • Les familles originaires d'Asie de l'Est sont connues pour pousser leurs enfants aux études.

    L'un des métiers les plus prestigieux/rémunérateurs aux Etats-Unis est celui d'avocat, mais les familles d'origine étrangère partent avec un handicap, donc les études scientifiques donnent plus de chances de réussite.
  • Bonjour,

    plutôt relevés les exercices : l'exercice A1 de 2019 est un résultat de R.D.Carmichael qui date de 1915, étude poursuivie par Vladimir Shevelev un siècle plus tard en 2015 (voir A074232 dans O.E.I.S.)

    Bien cordialement.

    kolotoko
  • Bien vu ! Le même avec des liens : la suite A074232 de l'encyclopédie des suites d'entiers renvoie à un article de R. D. Carmichael et un preprint de Vladimir Shevelev.
  • Le MIT et HARVARD se classent respectivement premier et deuxième de la compétition PUTNAM 2019.
    Sur le site du département mathématique de Harvard, il y a une page qui recense les clichés, (les « mythes »), des mathématiques.

    On y apprend des choses étonnantes. Par exemple: on n’a pas besoin d’être diplômé pour faire des maths. Et l’article de citer en exemple: Fermat et Ramanujan !
    C’est sûr que vu comme ça...

    Autre cliché: ne croyez pas que les mathématiques n’exigent que des capacités de mémorisations et aucune créativité.
    Là encore: heureusement que c’est Harvard qui le dit car, personnellement, je ne l’aurais jamais cru !

    En revanche, rien sur la communauté asiatique et ses aptitudes mathématiques hors-normes.
    ...
  • Attention aux clichés racialistes, ethniques, genrés, corporatistes et je ne sais quoi d’autres ! Je vois par exemple que le MIT qui passe peut-être auprès de certains pour une vulgaire école de « machins appliqués », (c’est même l’objet d’une plaisanterie récurrente dans une célèbre série télévisée), est devant Harvard et Stanford !

    Quand à la composition des équipes gagnantes, on voit sur les photos qu’il y a de tout.
    Même des mâles blancs !
    ...
  • JLT a écrit:
    Les familles originaires d'Asie de l'Est sont connues pour pousser leurs enfants aux études.

    Les autres familles ne le font pas?
    Il ne faut pas faire d'études pour devenir avocat?
    Df a écrit:
    En revanche, rien sur la communauté asiatique et ses aptitudes mathématiques hors-normes.

    Le cliché que j'avais dans la tête (mais est-ce un cliché?) rejoint un peu celui que je crois déceler dans le message de JLT: Ce n'est pas que la communauté asiatique ait des aptitudes mathématiques hors-normes mais le rêve américain n'est pas de devenir ingénieur/mathématicien professionnel parce que ce n'est pas assez prestigieux, pas assez rémunérateur, et que les filières professionnelles vues comme permettant de s'en mettre plein les poches ne sont pas accessibles à tout le monde (comprenez que ce n'est pas seulement une question de niveau d'étude).

  • Non, en Occident on pousse plutôt bof ses enfants en général, j'ai l'impression.
  • RLC:

    Il faut s'entendre sur ce qu'on veut dire par "pousser à faire des études".
    Si tes parents ne sont pas très diplômés cette expression prend son sens. Les enfants imitent dans une certaine mesure leur parents au moins avant d'entrer dans l'adolescence. Si tes parents n'ont pas fait beaucoup d'études quand tu es enfant tu ne vois pas nécessairement l'intérêt de ne pas les imiter.
    Si tes parents ont fait des études supérieures, l'imitation et la voie tracée font qu'il ne faut très certainement pas te pousser beaucoup pour que tu fasses des études.
  • Je connais plusieurs familles d'origine chinoise où l'enfant, à partir de 6 ans doit, en plus de l'école :

    * apprendre à écrire en chinois
    * faire des maths extra-scolaire, et notamment se présenter à des compétitions
    * pratiquer un ou deux instruments de musique (par exemple piano + violon)
    * pratiquer au moins un sport (par exemple tennis), y compris en compétition
    * pratiquer les échecs (y compris en compétition)

    Avec quelques variantes bien sûr, mais l'idée est que l'enfant doit se confronter à la compétition dans tous les domaines, dès le plus jeune âge. Certains parents poussent plus que d'autres, et on trouve aussi ce comportement dans des familles de "blancs", mais de manière moins répandue que chez les chinois (ou les familles originaires d'autres pays asiatiques, mais comme elles sont moins nombreuses on les voit moins).

    Ce n'est pas pour rien que les pays d'Asie de l'Est se retrouvent en tête des classements du type PISA, TIMSS, etc. La pression scolaire y est très forte, et les familles qui émigrent aux Etats-Unis reproduisent le même comportement.
  • Fin de partie écrivait :
    > Il me semble remarquer que tous les noms sont à consonance asiatique ou indienne.

    Les universités américaines recrutent dans le monde entier.
    Mais on retrouve aussi ce phénomène dans les équipes des IMO des Etats-Unis et du Canada.

    Par contre, ce n'est pas le cas en Europe occidentale, notamment en France
    où il n'y a pourtant pas un nombre nul de personnes originaires d'Asie de l'Est .
    Mais on commence à voir des noms asiatiques de façon régulière dans les équipes du Royaume-Uni et de l'Irlande.

    Peut-être que cela a aussi à voir avec le système éducatif.
  • On a déjà vu ici, sur ce forum, des profs témoigner que les élèves d’origines asiatiques (dans le sens ethnique et non dans le sens administratif) dans les classes sont en grande majorité très habiles en mathématiques.
    Je ne sais pas si l’échantillon évoqué est représentatif.
  • Dom:

    N'est-on pas en train d'assister à la création d'un préjugé de plus sur les asiatiques?
  • Après il ne faut pas idéaliser non plus, les cancres asiatiques existent aussi, ainsi que les cas de dépression d'enfants qui n'arrivent pas à supporter la pression.

    Le déséquilibre en sciences est accentué par le fait que les enfants d'origine étrangère n'ont pas été autant exposés à la culture française, donc rivalisent plus difficilement dans les matières littéraires.
  • Tu as raison Fin de partie.
    J’ai pris quelques pincettes même si le propos renvoie un message qui essentialise selon le lecteur.

  • Je pense qu'en Asie l'idée de pouvoir élever sa condition par les études est plus forte, du fait peut-être du développement des pays et peut-être de l'état d'esprit ancestral voulant qu'on soit fier de servir son pays, et qui est un cruel manque chez nous finissant par déraciner de plus en plus les nouveaux entrants dans la vie.

    Si chez nous ce sont essentiellement les plus informés qui en font le plus faire à leurs enfants, ou encore les plus aisés, j'ai l'impression que pour les Asiatiques il est moins rare pour une famille modeste et même rurale de pousser ses enfants à la meilleure réussite possible, quitte à faire d'énormes sacrifices (d'argent et de temps).
    On ne comprend pas bien ça chez nous. On se scandalise de voir de jeunes Chinois jouer du piano de façon virtuose à moins de dix ans, sans se dire que souvent les enfants qui font toutes ces choses sont fiers d'eux et s'amusent (pas tous non plus, forcément). Il y a un tel esprit de jugement du comportement Asiatique par rapport à l'investissement scolaire, qui tend vers la jalousie et l'enfermement dans notre propre médiocrité, que je pense que le problème est plus qu'une simple curiosité socio-géographique.

    Toujours est-il que, chez nous, je pense que pas mal de jeunes gens finissent par en vouloir au moins un peu à leurs aînés de ne pas les avoir plus poussés. A vrai dire mon expérience de ces pays s'arrête à des reportages Arte, j'idéalise sans doute un chouillas. Mais plus que les détails des cas individuels, c'est cette impression de différence radicale des mentalités sur ce point précis que je trouve intéressante.
  • RLC a écrit:
    Il y a un tel esprit de jugement du comportement Asiatique par rapport à l'investissement scolaire, qui tend vers la jalousie et l'enfermement dans notre propre médiocrité, que je pense que le problème est plus qu'une simple curiosité socio-géographique.

    Cela fait un peu cliché (de déclinologue) non?

    Je crois que peu de gens vivent en proximité d'Asiatiques et donc tout le monde se fiche s'ils réussissent mieux à l'école ou s'ils rêvent d'ouvrir un restaurant "chinois" (je sais que c'est un cliché).
    (j'essayais de me rappeler si j'avais eu des camarades d'origine asiatique quand j'étais élève dans l'enseignement secondaire: pas de souvenir)

  • Disons qu'en faisant une moyenne entre les reportages, l'image que l'Asie veut se donner dans la fiction et les quelques romans, surtout Japonais, que je connais, j'arrive à cette opinion. Que ce soit vrai ou non, les mangas, animes ou dramas montrent des étudiants qui veulent se dépasser pour dominer des concours. Et lesdites fictions sont faites pour donner une image la plus réconfortante possible des pays qui les produisent. J'en déduis que l'image de jeunes personnes investies dans leurs études ne fait pas rêver que moi, qu'elle soit vraie dans les pays d'Asie ou non.

    Évidemment il n'y a pas que cette réalité, loin de là. Seulement j'ai l'impression que réussir est une valeur là-bas malgré tout. Chez nous j'ai plus de doutes, dès que ça ne conduit pas à un capital matériel. Vrai ou non, l'Asie veut vendre une image d'amour du travail.
  • Il faut aussi dire que les profils dont je parle sont souvent d’une discrétion absolue qu’on doit même passer au travers de ceux qui réussissent peu.

    Remarque : j’ai un cousin vietnamien, mariée à une vietnamienne.
    Leurs deux enfants ont des prénoms bien français.

    Ça rappelle la polémique de É. Z. sur les prénoms du calendrier (Que je ne souhaite pas relancer !).

    Fin de partie : tu as raison on ne peut pas en tirer une thèse sur « les asiatiques en France ».
    Mais peut-être que d’autres ont fait le boulot de manière bien plus sérieuse avec des statistiques plus pertinentes dans « la masse ».
  • JLT écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?9,2102426,2102864#msg-2102864
    > Ce n'est pas pour rien que les pays d'Asie de l'Est se retrouvent en tête des classements du type PISA, TIMSS, etc.

    Il faut dire aussi que dans beaucoup pays d'Asie (au moins Chine, Japon, Corée du Sud, Singapour et Vietnam), il y a toute une industrie du cours privé en dehors de l'école :
    c'est le Juku au Japon ou le Hagwon en Corée du Sud...

    De fait, les élèves en Asie passent beaucoup de temps à étudier les sciences, et cela explique en partie la différence de niveau dans les classements PISA.
  • Il y a quand même des statistiques.110302
  • Sur les classements aux concours : j’y vois une discipline de fer qui permet à tout le monde de suivre s’il en a l’envie.
    Mais fais-je un raccourci sans savoir ? C’est possible.

    On lit que France, malgré le mauvais classement, les bons sont très bons et les faibles sont très faibles.
    La France (son école) accentue les inégalités sociales.

    Quid des pays asiatiques ?
  • Dom écrivait :
    > Quid des pays asiatiques ?

    Je pense qu'en général, il y a moins d'inégalités scolaires dans les pays asiatiques qu'en France.
    Cela se voit en partie dans les statistiques PISA.

    Après, il y a aussi la question des inégalités géographiques.
    Par exemple, en Chine, les meilleures universités ont un nombre de places qui dépend de la province où a étudié/concouru le candidat.
    Imagineriez-vous une France où Polytechnique aurait un classement local par académie ?
    En même temps, cela donne à réfléchir, car au vu des résultats aux meilleures Grandes Écoles, on peut avoir l'impression que certaines académies ont disparu.
  • JLT: "ton" enquête date de 2008 et ce que je vois est que le plus haut taux est dans la catégorie "Autres pays de l'Union européenne".
  • Je suggère à tout un chacun d'ignorer les mises en garde contre les étiquettes du type « racialiste, ethnique, genré, corporatiste », et de regarder la réalité en face. S'il apparaît que les élèves d'origine asiatique ont de meilleurs résultats que d'autres, eh bien, c'est comme ça, et il n'est pas certain que ce soit parce qu'ils seraient « plus poussés ». Il est tout à fait possible que ce soit dû à des caractéristiques spécifiques de cette population. Tant pis si ceci dérange le dogme de l'uniformité du genre humain.
    On a parlé plus haut d'immigration, mais je pense que ce n'est pas la question car les communautés asiatiques aux États-Unis ou dans d'autres pays sont là depuis très longtemps et ne posent généralement pas de problème d'intégration (voir les prénoms des cousins de Dom). En France, les Asiatiques sont même souvent les cibles de racailles, qui les perçoivent comme « riches ».
    Des universités des États-Unis ont des programmes d'« affirmative action » (sic) consistant à sous-noter les Asiatiques, qui auraient sans cela de trop bons résultats aux yeux des autorités bien-pensantes, pour favoriser d'autres communautés. C'était la politique d'Obama, qui semble en passe d'être remise en cause aujourd'hui.
    https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/discrimination-positive-le-coup-d-arret-de-donald-trump_2834497.html
    https://www.lesechos.fr/2017/08/harvard-accusee-de-discrimination-envers-les-etudiants-asiatiques-153265
    https://www.franceinter.fr/monde/harvard-accusee-de-sous-noter-les-etudiants-americains-d-origines-asiatiques
    http://www.slate.fr/story/160966/politiques-pro-diversite-nuisent-americains-origine-asiatique
    J'ajoute les explications embarrassées de « Libération » :
    https://www.liberation.fr/checknews/2018/07/07/etats-unis-les-candidats-a-l-universite-ont-ils-un-bonus-ou-un-malus-de-points-selon-leur-origine_1664541
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • @FdP : l'enquête date de 2008 mais je ne pense pas que les choses aient beaucoup changé depuis, ça ne fait pas si longtemps.

    La catégorie qui arrive en tête est effectivement "autres pays de l'union Européenne", je suppose que les personnes qui émigrent d'un pays "riche" de l'UE vers un autre sont en général des gens des classes supérieures, rien à voir avec le maçon portugais marié avec une femme de ménage (désolé pour le cliché, je n'ai rien contre les métiers de maçon ou de femme de ménage qui sont tout à fait respectables).

    Par contre les immigrés provenant d'Asie du Sud-Est sont en moyenne de condition plus modeste, il suffit de se promener dans Paris 13e ou à Belleville pour le constater.

    Les asiatiques réussissent mieux dans les études en moyenne que ce que l'on pourrait prévoir d'après l'origine sociale, c'est un fait qui a été prouvé il me semble même si je ne peux pas retrouver la source, et j'ai l'impression que ce fait te dérange car il ne te permet pas de tout rejeter sur le dos de la société.

    Maintenant, est-ce que les asiatiques sont plus poussés que les autres dans les études, je n'ai pas de statistiques sur le sujet, seulement des anecdotes. Certes le fils de l'épicier chinois ne va en général pas briller dans les études, et va plutôt avoir comme projet de reprendre l'épicerie familiale. Mais des enfants qui doivent s'entraîner à des compétitions de maths dès l'école primaire, ou qui doivent faire un compte-rendu journalier à leur mère de ce qu'ils ont vu à l'école, j'en ai vu plus souvent dans les familles asiatiques qu'ailleurs.

    N.B. C'est juste un constat, je ne suis pas en train de dire que mettre la pression sur ses enfants est une bonne chose. Toute ma scolarité jusqu'au bac était sans pression, ni de la part de la famille ni de la part de l'école, et c'était très bien comme ça.
  • @Chaurien: Si l'on en croit les liens que vous avez fournis, la politique US de discrimination positive n'est pas "celle d'Obama", mais date des années 60, c'est-à-dire de la lutte pour les Droits Civiques, c'est-à-dire d'une époque où les Noirs Américains n'avaient aucun droit. Partant d'une discrimination aussi négative, essayer de rétablir la situation peut tout à fait se comprendre. Premier Noir Américain autorisé à entrer à l'université: années 60...
    Après, évidemment, ce genre de discrimination positive ne peut pas durer éternellement.
    Le plus déroutant dans cette stratégie c'est la discrimination négative pour les asiatiques. Wtf ?

    @Dom (cf message ci-dessous): merci, corrigé! Prière de ne rien voir de révélateur dans ce lapsus :)
    Après je bloque.
  • Une bêtise : « Doits civiques » m’a fait rire.
    « Doigts civiques » haha.
  • Ces doigts civiques respectent-ils les doigts de l'homme ?
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • Vous allez vous faire taper sur les droigts !
  • JLT a écrit:
    Les asiatiques réussissent mieux dans les études en moyenne que ce que l'on pourrait prévoir d'après l'origine sociale, c'est un fait qui a été prouvé il me semble même si je ne peux pas retrouver la source, et j'ai l'impression que ce fait te dérange car il ne te permet pas de tout rejeter sur le dos de la société.

    Le fait sociologique est une tendance marquée qu'on retrouve dans la société. Ce n'est pas parce que tu exhibes quelques cas qui semblent être en contradiction avec cette tendance que cela la remet en question.


    Il y a des études sur des aspects de l'immigration en France:
    https://www.immigration.interieur.gouv.fr/Info-ressources/Etudes-et-statistiques/Etudes/Etudes/Infos-migrations

    Et un document spécifique à l'immigration Sud-Asiatique.

    La conclusion de ce document:
    Par delà la diversité de leurs appartenances religieuses et nationales, ces populations partagent les mêmes représentations d’elles-mêmes comme minorité modèle. Le fait qu’elles semblent échapper aux stéréotypes négatifs frappant certaines populations originaires d'anciennes colonies ne les met pas à l’abri des pratiques discriminatoires qui touchent les autres populations immigrées et qui les relèguent encore pour une partie d’entre-elles au bas de l’échelle sociale. Ce que la société d’accueil peut interpréter comme un repli communautaire s’apparente en fait à une logique de survie de migrants peu qualifiés, ignorants tout de leur pays d’accueil, qui s’appuient sur les ressources et les solidarités de leur communauté d’appartenance pour faire face aux difficultés rencontrées tout au long de leur parcours d'intégration.
  • Je ne vois pas en quoi ces extraits contredisent mon affirmation : si une famille pousse ses enfants aux études et à l'effort en général, que ce soit dans les études ou dans des activités extra-scolaires, alors l'enfant réussit mieux que ce que l'on pourrait prédire simplement en considérant le milieu social.
  • JLT:
    Je ne cherchais pas à te contredire particulièrement.

    Il y a un autre passage que j'aurais dû mettre en exergue:
    La question des rapports avec l’institution scolaire renvoie non seulement à l’investissement des parents dans la scolarité de leurs enfants mais également au poids des catégorisations (négatives ou positives) au sein de l’école. Plusieurs enquêtés de la deuxième génération ont insisté sur le rôle joué par certains enseignants dans leur réussite scolaire et sur le fait que, globalement, l’institution scolaire semble porter un regard positif sur les élèves sud-asiatiques et leurs familles – perçus comme des « immigrés modèles ».

    C'est moi qui ait souligné un passage. Il suffit de lire ce fil de messages pour en avoir une illustration. B-)-
  • C'est l'effet "cercle vertueux". L'élève est studieux, donc les professeurs lui portent de l'attention, donc il étudie mieux. Il n'est pas nécessaire d'être asiatique pour créer ce cercle vertueux.
  • Bonjour,

    @JLT : Si on considère les asiatiques comme des immigrés modèles, c’est aussi parce qu’ils le sont.
  • JLT: Je pense que tu interprètes mal le passage que j'ai souligné. Ce passage signifie que Le "cercle vertueux" est aussi créé par les enseignants qui ont un préjugé positif sur ces élèves-là.
    YvesM a écrit:
    Si on considère les asiatiques comme des immigrés modèles, c’est aussi parce qu’ils le sont.

    Que signifie cette phrase?
  • FDP a écrit:
    N'est-on pas en train d'assister à la création d'un préjugé de plus sur les asiatiques?

    Hum je suis dubitatif, pour moi c'est un préjugé déjà bien répandu et depuis longtemps que les asiatiques seraient meilleurs en math. Non ?

    Ah, et au passage, puisqu'on parle de Putnam : Un Putnam par jour.
  • Corto:

    J'en étais resté à ce préjugé: les Asiatiques font tous du karaté et que donc il ne faut pas les "chercher".
  • FdP : serais-tu en train de prétendre que le préjugé positif des professeurs, s'il existe, est apparu sans raison, par pur hasard ?
  • i.zitoussi a écrit:
    Le plus déroutant dans cette stratégie c'est la discrimination négative pour les asiatiques. Wtf ?
    La discrimination positive est une politique racialiste donc rien de surprenant.
    Si on croit que la proportion de membres d'un certain groupe d'êtres humains (catégorie arbitraire du reste) est insuffisante dans un secteur quelconque, son augmentation artificielle se fera immanquablement au détriment d'un autre groupe.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • On est bien d'accord. Mais je pense que cet artifice était justifié dans les années 60, et pour un certain temps mais pas éternellement évidemment, étant donné le caractère hors normes (le mot est faible) de la discrimination passée.

    Le bonus négatif pour les asiatiques (plus récent et peut-être dû celui-là à la période Obama), il ne s'explique clairement pas de la même manière. Et on se demande d'ailleurs comment ils arrivent à le justifier. Les Blancs seraient à en croire cette mesure une minorité défavorisée aux Etats-Unis...
    Après je bloque.
  • i.zitoussi a écrit:
    il ne s'explique clairement pas de la même manière. Et on se demande d'ailleurs comment ils arrivent à le justifier.
    Si on pense qu'il n'y a pas assez de noirs à l'université, qu'est-ce qui empêche de penser qu'il y a trop d'asiatiques?
    C'est exactement le même raisonnement.
    Quand on réalise enfin que la gauche américaine (mais pas qu'elle; la nôtre se plaît à l'imiter avec un peu de retard) est profondément raciste (elle fait abstraction de l'individu au profit de sa couleur de peau et juge les gens collectivement et non indiviuellement), il n'y a plus rien d'étonnant à ça.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Foys a écrit:
    La discrimination positive
    Tu n'as pas compris, là il s'agirait de "discrimination positive inversée" pour reprendre les termes de l'article Slate cité par Chaurien, de belles circonvolutions pour parler de "discrimination tout court" 8-)

    Les partisans de la "discrimination positive" te diraient que la surreprésentations de certains groupes est déjà artificielle et causée par notre société, en instaurant cette discrimination positive on ne lèserait donc pas ces groupes surreprésentés, on ne ferait que rétablir l'équilibre naturel.

    Ces questions sont complexes, recruter les étudiants les plus méritants ou les plus talentueux n'est pas chose aisée parce que le sens de ces mots n'est pas absolu. En fonction de la définition qu'on adopte on se retrouve avec une sélection d'étudiants différente. Et même pour une définition arbitraire précise ce n'est pas simple. Par exemple si le but de Harvard est d'avoir les meilleurs étudiants possibles à la sortie (on leur refait passer le même test qu'à l'entrée par exemple) et qu'on se rend compte que les tests d'entrée sont un estimateur du niveau de sortie biaisé par la taille des mains des candidats alors il n'est pas aberrant de chercher à corriger ce test d'entrée par de la discrimination (opposée) en fonction de la taille des mains des candidats. Une autre solution consiste à chercher un test d'entrée qui serait un estimateur moins biaisé du niveau de sortie, mais cela n'est pas toujours facile. Évidemment dans la réalité à cela se rajoute des questions de légalité et de morale/philosophie/politique qui viennent compliquer la question.
  • Foys: Je suis intervenu sur ce fil pour la seule raison que Chaurien laissait entendre que cette discrimination positive datait d'Obama, ce qui la fait passer pour une aberration de plus dans l'air du temps. Le problème qui se posait alors, il y a soixante ans, était un peu plus profond que ça.
    Le reste, à savoir est-ce qu'il ont eu raison, combien de temps ça doit durer, est-ce que ça doit s'étendre aux autres "minorités", franchement, je n'en sais rien, et ça ne me regarde pas.
    Après je bloque.
  • Bonjour,
    JLT a écrit:
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?9,2102426,2102864#msg-2102864
    Je connais plusieurs familles d'origine chinoise où l'enfant, à partir de 6 ans doit, en plus de l'école :
    * apprendre à écrire en chinois
    * faire des maths extra-scolaire, et notamment se présenter à des compétitions
    * pratiquer un ou deux instruments de musique (par exemple piano + violon)
    * pratiquer au moins un sport (par exemple tennis), y compris en compétition
    * pratiquer les échecs (y compris en compétition)
    Avec quelques variantes bien sûr, mais l'idée est que l'enfant doit se confronter à la compétition dans tous les domaines, dès le plus jeune âge.

    Je le constate aussi avec ma cousine franco-chinoise qui a d'excellents résultats à l'école, qui fait beaucoup de piano et de la natation en compétition et qui a sauté la classe de CP, en plus d'être évidemment bilingue.
    PS. Elle habite en France.
  • Je ne voulais pas dire que cette politique de dite « discrimination- positive » était due à Obama, mais simplement, pour me placer dans l'actualité, que ce président avait promu cette politique, qui est contestée actuellement par la partie raisonnable de l'opinion. Car si vous vous voyez préférer une autre personne, non parce que vous êtes moins compétent, mais parce que vous êtes jaune ou blanc ou mâle ou autre, vous ne la voyez pas si « positive » ladite « discrimination ».
    Je souscris entièrement aux deux derniers messages de Foys.
    Cette politique racialiste conduit à classer les citoyens d'après leur « race», ce qui pose quand même problème. Il y a des années j'avais fait la connaissance d'une charmante américaine, employée de l'ambassade des États-Unis à Paris, et un jour dans la conversation elle me dit qu'elle est noire. Il est vrai qu'elle avait la peau un peu foncée, type méditerranéen pour ainsi dire, mais je n'aurais pas pensé à la qualifier ainsi (et d'ailleurs je m'en fichais). C'est pour dire qu'ils ont vraiment d’étranges critères.
    Ce qui est curieux c'est que depuis qu'on a interdit le concept de « race », ladite « race » est omniprésente. Rokhaya Diallo et Grace Ly animent un site intitulé « kiffe ta race » : elles n'hésitent pas à manier le mot qui est tabou pour nous. Tout ça n'est pas très cohérent.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
  • JLT a écrit:
    serais-tu en train de prétendre que le préjugé positif des professeurs, s'il existe, est apparu sans raison, par pur hasard ?

    Comment naissent les préjugés (positifs ou négatifs) vis à vis de catégories d'individus? La question ne me semble pas aussi simple que tu sembles le penser.
    Par ailleurs, quel est l'impact d'un préjugé positif venant d'un enseignant concernant une catégorie d'individus versus un préjugé négatif?
    Les Asiatiques sont très minoritaires parmi les minorités en France ce qui participent à leur invisibilisation.
    En quelle mesure cette invisibilisation ne participe pas à nourrir un préjugé positif?
    Par ailleurs, le passé colonial de la France sur le continent Indien ne semble pas avoir laissé trop de traces dans la mémoire collective française (bien que je suis sûr que sur le forum certains n'ont toujours pas digéré la défaite de Dien Bien Phu X:-( ). Est-ce que cela ne participe pas aussi à nourrir un préjugé positif?
  • Je fais plutôt des hypothèses contraires aux tiennes. Les asiatiques étant peu nombreux en France, les gens ont en général très peu de préjugés vis-à-vis d'eux. Historiquement le préjugé était plutôt négatif : comme tu l'as rappelé, la France était un pays colonisateur jusque vers 1960, les habitants des colonies, et plus généralement les gens qui n'ont pas la peau blanche, étaient plutôt considérés comme des êtres inférieurs.
  • JLT a écrit:
    les gens ont en général très peu de préjugés vis-à-vis d'eux

    Je ne crois pas que cela fonctionne comme ça. Je pense que les gens opposent des minorités et de cette comparaison nait soit un préjugé défavorable soit un préjugé plutôt favorable ou franchement favorable, à mon humble avis il n'y a pas d'entre deux.
    JLT a écrit:
    Comme tu l'as rappelé, la France était un pays colonisateur jusque vers 1960, les habitants des colonies, et plus généralement les gens qui n'ont pas la peau blanche, étaient plutôt considérés comme des êtres inférieurs.
    Je ne crois pas que cette grille de lecture soit opérante en 2020. Ce qui reste hélas opérant est l'histoire douloureuse de la décolonisation d'Afrique du nord qui sans aucun doute nourrit les préjugés contre des minorités en France. (Un célèbre polémiste français ravive cette douloureuse histoire et cela trouve des échos dans la société française c'est un signe que c'est toujours un point toujours très sensible)
  • Le document auquel tu fais référence parle de l'Asie du Sud, c'est-à-dire essentiellement de l'Inde. Personnellement je n'ai jamais entendu parler d'un quelconque préjugé, positif ou négatif, vis-à-vis des compétences scolaires des immigrés originaires d'Inde, et personnellement je n'en ai pas. Alors ta phrase "cette comparaison nait soit un préjugé défavorable soit un préjugé plutôt favorable ou franchement favorable, à mon humble avis il n'y a pas d'entre deux", je n'y crois pas du tout.
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