To Kill a Gifted Bird

Les cinoches sont bouclarès.
Plus moyen de se faire une toile pépère, on est bien obligé de se rabattre sur la conserve.

L'avantage du couvre-feu c'est qu'il y a pas de trèpe dans la rue et on profite de la bande son.
Une fois que les gremlins ont calé leurs miches dans les fauteuils du salon,
après avoir vérifié la logistique en glaces pour l'entracte, on balance la purée :
Les hasards de la programmation ont fait se succéder
1/ Gifted (Mary en V.F.) Il y a un fil (fermé) à ce sujet.
2/ To Kill a Mockingbird (Du silence et des ombres dans la langue de Michel Audiard)

Le mash-up donne ceci:

Frank et Atticus ont quelques points communs.
* Une baraque dans le sud des États.
* Une chieuse de six ans sur les bras, dont la maman a tourné les coins.
Atticus a un bonus sous la forme d'un aîné, sans compter Dill qui traîne dans leurs pattes.
* Les assistances respectives et efficaces de Roberta et Calpurnia.

Le problème de Frank avec Mary et d'Atticus avec Scout,
c'est comment élever convenablement leur greluche, laquelle a oublié d'être bête et a du répondant à revendre.
Ils ont la même idée : la coller à l'école avoir du temps pour souffler et se consacrer à leurs turbins respectifs à savoir entretenir les bateaux et avocat.

Le triomphe est mitigé.
Pour employer un euphémisme qui chausse du 48.

Mary traîne des pieds comme une couleuvre dans un escalator à contre sens.
Si elle avait pas des scratchs, elle aurait noué ses deux lacets entre eux.

Les encouragements de Frank (du style "l'école c'est surtout les vingt premières années qui sont dures") la pousse à abandonner Fred (le chat cyclope de sa défunte maman, le vrai héros du flim d'après mon cadet) et à affronter son destin.

Vous ne saurez pas trop comment Scout (Vous ne pouvez pas vous tromper, c'est celle qui est en noir et blanc)
encaisse la vie à l'école. Il faudra vous goinfrer le bouquin. C'est un peu costaud en V.O. mais les traductions laissent bien passer l'émotion. J'ai posté un passage sur le Phôrüm. Si vous le retrouvez, vous pourrez constater que le pédagogogisme ne date pas de Blanquouille la Fripouille.

En revanche si Scout flanque une peignée dans la cour à un morveux qui a manqué de respect à Atticus,
Mary transforme en steak haché le tarbouif d'un voyou deux fois sa taille qui s'en est pris à plus petit que lui et qu'a pas voulu s'excuser. Un peu comme s'il s'en était pris à un oiseau moqueur.
Ce recentrage de l'église du village est mal vu de l'administration qui suggère que Mary aille se faire voir à
l'école-pour-gosses-précoces-et-friqués-plus-loin-vers-là-bas-c'est-tout-droit-surtout-faites-pas-demi-tour.

(À suivre...)

e.v.
Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


Réponses

  • Bonsoir EV

    J'espère que tu vas bien. J'ai vu une quinzaine de fois "Gifted" en VF et une fois en VO. Je me rappelle de la grand-mère, qui veut être appelée Evelyn, laquelle est une véritable garce à l'égard de sa petite fille, comme elle l'a été avec sa propre fille. Ne parlons même pas de ses relations pitoyables avec son fils.

    L'interprétation est magistrale par des acteurs soigneusement bien choisis.

    Amicalement,

    Titi
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • Je ne l'ai jamais vu, mais la plume mérite le chapeau !
  • Merci pour Du silence et des ombres. Je ne me souviens pas l'avoir vu ou bien c'était il y a longtemps (ce qui explique que je m'en souvienne pas).
  • Parce que Maureen, non contente de populariser le street fight impromptu, se laisse aller à calculer \( 57 \times 135 \) de (mauvaise) tête au milieu d'une classe où la marmaille apprend \( 2 + 2 \). Malaise.

    Bref Frank commence à passer du temps à se justifier. Pourquoi tu nous fourgues ta drôlesse on a des calculatrices et pourquoi tant de haine ?

    Il explique à Bonnie - l'instit de Mary - que sa fille a appris le calcul mental avec la méthode Trachtenberg.

    Il présente ses excuses et dit que ça ne se reproduira plus.

    Mais on ne la fait pas comme ça à Bonnie. Elle tient pas la bibine (rédhibitoire dans l'enseignement) mais elle manque pas de ressources. Google est pas fait pour les chiens, et elle commence à dévider un chapelet de secrets.

    Frank n'est pas le père de Mary. Nous sommes des centaines de millions dans ce cas, mais lui est au courant ce qui réduit drastiquement le chiffre.

    Diane, la mère de Mary était une enfant précoce devenue mathématicienne au MIT.
    Elle travaillait sur un problème que si je l'écris le fil part direct dans le forum shtam.
    La découverte suivante, c'est qu'elle s'est foutue en l'air, laissant une fille et un chat de pères inconnus.
    Les deux sont ramassés par son frère Frank, bah oui, qui est donc l'oncle de Mary.
    C'est pourquoi tout ce beau monde se retrouve en Floride dans un bungalow pas trop Katrina-proof.

    Jusque-là Frank tient bon face aux pressions et continue d'envoyer Mary à l'école de quartier.
    Déboule alors Evelyn, une tondeuse à gazon aussi blindée de brozouf que de certitudes.
    En tant que grand-mère, elle demande avec insistance la garde de sa petite fille et que son fils porte un chapeau pendant la journée quand il sort.
    Elle finit de se mettre tout le monde à dos en déclarant qu'elle est allergique aux chats.
    Elle déclare qu'elle va repartir avec la gosse sous le bras, s'occuper de son éducation et développer son don pour les maths, à Boston, loin de ce trou à cafards.
    On sent qu'elle a du mal à se faire des amis.


    Le principal secret qui taraude Scout (ainsi que Jem et Dill)
    c'est l'effrayant individu qui habite la mystérieuse maison aux volets clos juste à côté.
    Il répond au sobriquet de Boo Radley, un nom de groupe de britpop (à moins que ce soit l'inverse maintenant que j'y pense).
    Il est la cible d'expéditions aussi nocturnes et clandestines que vouées à l'échec.


    Scout va découvrir - au-delà des injonctions d'Atticus - les règles du monde (l'Alabama de la Grande Dépression)
    qui l'entoure ainsi que les aspects insoupçonnés d'un père qui répugne à se mettre en avant.

    Un peu comme Frank finalement.

    (À suivre...)
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Je n'ai vu aucun de ces films, ni lu aucun de ces livres, mais j'ADORE le style d'e.v.
    Frédéric Dard doit se retourner dans sa tombe, le pôvre...
  • Le style du résumé fait plutôt penser à Sale Temps pour les mouches.

    [Flûte, grillé !]
  • Ev a écrit:
    c'est l'effrayant individu qui habite la mystérieuse maison aux volets clos juste à côté.

    Cela me rappelle un autre film, l'homme sans visage avec Mel Gibson.
  • Pourquoi ils n'ont pas gardé la traduction Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ? On dirait que tout l'humour du livre est sorti du film avec ce titre.
  • @Math Coss : celui-là, par contre, je l'ai vu !
    Sur les 175 San-Antonio qui sont parus (je parle des vrais, pas du tekhalbichin bidouillé par le fils), il doit y en avoir seulement une vingtaine qui m'ont échappé... Et le plus triste c'est que maintenant ça ne me fait plus marrer. Et pourtant je ne suis pas d'un tempérament spécialement dépressif (sauf quand je pense à l'humbilité de ma condition vu mon grand âge), mais je pense qu'il s'est produit une sorte de phénomène de saturation. C'est dommage : quand j'avais 16/17 ans il m'est arrivé de ne plus pouvoir m'arrêter de rire pendant 1/4h, des moments inoubliables...
  • Martial a écrit:
    Sur les 175 San-Antonio qui sont parus (je parle des vrais, pas du tekhalbichin bidouillé par le fils),
    On ne pourrait plus publier de tels livres aujourd'hui lol, avec toute la censure qu'il y a:-D
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @Superkarl

    ev est le schtroumpf Cyrano du forum. (:D
  • @Foys : "On ne pourrait plus publier de tels livres aujourd'hui lol, avec toute la censure qu'il y a".

    Exact.
  • Avec tout ça, la p'tite Mary est au fond du sac. Mettez-vous à sa place. Son père génétique a décarré fissa, sa daronne s'est foutue en l'air, son oncle veut pas lui offrir un piano.
    Sa grand-mère en a bien un, mais elle peut pas encaisser Fred, qui au fond est le seul qui tient vraiment à Mary sans se poser de question.
    Elle le fait savoir à sa classe lors d'un "tell & show" qui fait bien remonter un poil sa cote à l'école.
    Mais bon, la puce a l'égomètre au nadir.


    Pour remettre la drôlesse d'équerre, Roberta et Frank l’emmènent à un des rares spectacles gratuits qui valent le coup avec la relève de la garde à Buckingham même si les horaires sont plus aléatoires.
    Enfin, quand je dis gratuit, c'est pour les spectateurs. Les principaux intéressés douillent salement.
    Jusqu'à la fin de leurs jours. En tout cas, Mary, un peu surprise au début, se met à adorer.
    Au point de réclamer avec enthousiasme des séances supplémentaires.


    Chez Evelyn (piano, ma non fredo) Mary tombe dans un traquenard :
    L'ex-prof de Diane lui tend un piège qui a fait ses preuves pour la chasse au buffle :
    Dans un amphi vaste comme la connerie du monde et vide comme la conscience d'un inspecteur général,
    il fait écrire par une assistante un rien choquée un énoncé aux relents de cabinets pas propres.

    Notre Mary arrive, minuscule dans ce décor comme un pou sur la tête du ministre de l'EN.
    Mate le tableau.
    Se tord la bouche avec l'air d'un bourbachiste devant une proposition dont les quantificateurs ont été tirés au sort par un shtameur indélicat.
    Puis s'enferre dans le mutisme d'un saumon mort.

    Evelyn plaide la cause de la gamine : "elle a lu les deux tomes du Gourdon" (ou l'équivalent en dollars) avec l'effet qu'on devine sur Shankland.
    C'est le nom du prof. J'espère qu'aucun prof de maths s'appelle Shankland dans la vraie vie, ça doit être l'enfer pour eux, ça serait comme s'appeler Blanquer et travailler dans l'éducation.
    Je comprends maintenant pourquoi Sam Shankland s'est mis aux échecs. Pour éviter qu'on lui jette des cailloux dans les amphis d'algèbre.
    Curieusement, Evelyn, qui est censée savoir faire la différence entre une intégrale et un démonte-pneu - rapport à ses études de maths à Cambridge - ne remarque pas que l'énoncé est plombé comme un perdreau un jour d'ouverture.

    À la sortie, Evelyn, un rien bilieuse, demande à Mary pourquoi elle n'a rien retourné de l'autre côté du filet.
    La crevette lui rétorque en substance, t'as pas remarqué que l'intégrale diverge, banane ?
    Agrippée par l'aileron, traînée devant le tableau suppliciel par sa grand-mère fumasse, Mary monte sur un escabeau - qui se trouvait là fort à propos, comme quoi l'amphi devait servir de salle de torture pour epsilons - corrige l'énoncé avec un air mauvais, puis crève l'exo.

    OK, de loin sa solution ressemble plus à une déclaration d'impôts qu'à un calcul d'intégrale double et son dessin à un anticlinal vu en coupe, mais personne ne trouve à redire et tout le monde s'accorde sur la validité de la solution.

    La suite ?

    La suite se passe au tribunal...
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Pour compléter le tableau, voici le problème imposée à Mary :

    Montrer que $\displaystyle\int_{-\infty}^{+\infty}e^{x^2/2\,\sigma^2}\mathrm{d}x=\sqrt{2\,\pi}\,\sigma$
    Hint: montrer d'abord que\[\int_{-\infty}^{+\infty}\int_{-\infty}^{+\infty}e^{\left(x^2+y^2\right)/2\,\sigma^2}\mathrm{d}x\,\mathrm{d}y=2\,\pi\,\sigma^2\]

    Où se trouvent les erreurs ? Ce qui est surprenant, c'est que Evelyn, alors mathématicienne, n'ait pas réussi à les trouver, alors que Mary en a trouvé 2.
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • C'est un fait bien établi. Les scènes de tribunal passent bien au cinéma américain.


    Atticus va laisser monter la tension avant de retourner les arguments de l'accusation à l'aide de quelques effets bien sentis.

    Frank se retrouve face à sa mère : ils se disputent la garde de Mary avec des plans éducatifs radicalement opposés,
    devant un juge goguenard qui s'est fait la tête de Doron Zeilberger.


    L'avocat de Frank va utiliser Google comme une arme de poing.

    Tout ce joli monde va se déchirer et le passé va remonter avec une odeur de rat d'égout.
    On commence à comprendre pourquoi Frank veut éloigner la mouflette de sa grand-mère toxique,
    sachant que lui-même a mis les adjas.


    Bref, Atticus et Frank vont convaincre. Et perdre leurs procès, n'étant pas du côté du pouvoir et de la thune.


    Mais les flims ne sont pas terminés, et vous auriez tort d'oublier les deux sidekicks.
    En particulier Fred, mais ça va vraiment lui passer ras les moustaches.



    Atticus et Frank défendent du mieux qu'ils peuvent la voie humaniste comme valeur éducative de Scout et Mary.

    En face d'eux s'opposent le racisme et les sciences inhumaines (bah, oui les mathématiques, what else ?) personnifiées par Evelyn et Shankland. Sincèrement, vous les prendriez comme baby-sitters ?

    Relativisons. C'est un aspect mortifère des maths qui joue le rôle du baddy.
    Les maths sont sauvées in extremis par la bonne bouille de Jordan Ellenberg.


    Il est intéressant de comparer les réactions de Frank et Atticus face aux transgressions des deux petites filles.




    To Kill a Mockingbird est un film décevant. Il suffit de comparer la fin du flim avec la fin du roman de Harper Lee où
    l'auteur balance l'ascenseur émotionnel dans le grand huit. Les enfants jouent bien (Dill est une vraie tête à claque, mon cadet dixit).

    Moralité : Lisez le bouquin.


    Gifted est lumineux et très bien filmé modulo quelques hiatus signalés plus haut. Les acteurs sont convaincants.
    Le travail (de postures) de l'actrice qui joue Mary est tout à fait remarquable.
    À voir, même si les mathématiques jouent un bien vilain rôle.

    Mais c'est une parabole, vous l'avez compris. Hein ?

    OK, la fin est un peu poussive.
    Mais il faut bien terminer, non ?

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Mary est une merveilleuse actrice. Le doublage en francais est atroce et pire que Dallas. Le style niais des scenes d'ivrognerie est aussi rate que dans Rio Bravo. Mais le film se laisse voir avec plaisir.
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