Projet de loi (réforme université)

bonjour,

apparemment le projet de loi de la ministre, qui fait suite au rapport des assises http://www.assises-esr.fr/var/assises/storage/fckeditor/File/mise-en-oeuvre/Assises-ESR-Rapport-Vincent-Berger-.pdf et aux concertations http://www.assises-esr.fr/l-actualite/projet-de-loi-debut-de-la-concertation , est dans les temps (présentation dans quelques semaines).

Je lis ici http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2013/01/14/genevieve-fioraso-veut-remodeler-l-offre-universitaire_1816537_1473692.html les éléments concrètement retenus suivants (j'indente un peu le texte) :
article a écrit:
1) rapprochement entre les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et les universités :

L'une des premières conséquences sera "l'inscription automatique à l'université des étudiants en CPGE". Chaque classe prépa – qui resteront dans les lycées – sera rattachée à une université par une convention. Cela permettra aux enseignants de donner des cours dans les deux établissements. "Les proviseurs seront incités à proposer à leurs élèves des cours à l'université. Les élèves de CPGE seront ainsi immédiatement initiés à la recherche", souligne la ministre. Pour Jean-Yves Le Déaut, "il faut avancer pas à pas, la difficulté étant de convaincre les professeurs de prépas d'enseigner à l'université".

2) La pédagogie n'a pas été oubliée : pour être nommé maître de conférences, il faudra avoir suivi une formation dans les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ex-IUFM).

3) Les étudiants évalueront leurs formations. L'évaluation des professeurs eux-mêmes, sujet hautement polémique, a été écartée.

4) Chaque université devra proposer ses cours en ligne, une mesure ambitieuse qui devra être financée.

Qu'en pensent les uns et les autres?

Personnellement, je trouve ça globalement positif, après, le diable est dans les détails (notamment, pour le 2).
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Réponses

  • Mon avis, en bref :

    1) Sur l'échange d'enseignants entre CPGEs et facs : cela me paraît intéressant. Par contre je suis dubitatif sur la phrase "Les proviseurs seront incités à proposer à leurs élèves des cours à l'université. Les élèves de CPGE seront ainsi immédiatement initiés à la recherche".

    2) Bonne idée a priori mais effectivement le diable est dans les détails.

    3) L'évaluation des formations par les étudiants peut sans doute être améliorée mais elle existe déjà.

    4) Ca me paraît indispensable, un jour tout le monde devra s'y mettre de toute façon.
  • Les maîtres de conf vont suivre une formation de pédagogie ? Il était temps.

    Exemple de discours d'un maître de conf :
    - Moi : Ppfff suis fatigué, j'ai travaillé dur pour préparer mes cours.
    - Le MdC : Ah moi j'ai rien préparé, je donne cours aux L1.
  • Le gars qui dit que les élèves de CPGE seront initiés à la recherche parce qu'ils vont à la fac ne semble vraiment pas savoir de quoi il parle.

    Et qu'y a-t-il de si polémique à vouloir évaluer les professeurs ?
  • @Steven :

    1) ne me dis pas que si tu devais enseigner un cours en L1 ça te demanderait une préparation énorme.

    2) Pour l'évaluation des professeurs, je serais d'accord qu'un maître de conférences soit évalué par un inspecteur avant sa titularisation. Par contre, je suis contre l'évaluation des professeurs par les étudiants car il y a des risques de dérives. Des élèves peuvent donner des mauvaises notes à un prof qui enseigne bien mais qui note sec à l'examen, ou peuvent donner des bonnes notes à un prof qui raconte des choses de manière agréable mais qui ne "fait" pas le programme demandé,...
  • 1) évidemment, ça va dans le bon sens. Ce qu'on peut reprocher au système des CPGE, ce n'est pas tellement qu'elle n'initie pas à la recherche, mais plutôt qu'il oriente les élèves de manière pas optimale. Quand il y a beaucoup d'étudiants, comme dans les années 1990 en sciences, ce n'est pas très grave, mais en période de désaffection des sciences, c'est problématique, particulièrement pour les métiers qui ne sont pas des débouchés naturels des écoles d'ingénieurs: recherche, et surtout enseignement. Pour la recherche, les GE ont fait de gros efforts, mais on est encore très loin des objectifs fixés en terme de poursuite en thèse, même pour l'école Polytechnique.

    2) Je suppose que pour "nommé", il faut comprendre "titularisé". C'est bien sûr une bonne chose, mais c'est insuffisant.Il faudrait une inspection, ou à minima, un tutorat.

    3) Les évaluations des enseignements par les étudiants donnent des indications intéressantes, surtout dans les réponses libres.
    Il faut améliorer l'évaluation des enseignants-chercheurs, de manière à ce que l'activité d'enseignement puisse (avec une régularité à définir) être évaluée de manière directe, par exemple avec une inspection.
    L'existence d'inspections ne nécessite pas de créer un corps d'inspection.

    4) je ne comprends pas bien ce que ça veut dire. Parle t'on de supports de cours en ligne ou d'enseignement à distance ?
  • Merci à ptolémée pour cette information. Sa citatoin ne résume par l'article. La tumeur au cerveau contagieuse de la gauche rose va vraiment finir par m'énerver, pourtant, je suis du genre calme.

    Ptolémée a tout dit en disant:
    [size=x-large]Personnellement, je trouve ça globalement positif, après, le diable est dans les détails[/size]
    Est-ce que vous vous êtes donné la peine de lire l'article en détails et de réfléchir. Quand on n'a rien à proposer, on n'invente pas des fausses réformes (surtout verbale) pour faire joli dans les médias. Est-ce qu'un jour, bon sang, mais j'en suis à implorer, un jour on pourrait avoir des ministres autrement compétents, précis et techniques que des alcoloos du dimanche "moi jte ldis Roger, chui pour ceci, chui pour cela" (suivi d'inepties habillées de lyrisme ou de faux bon sens)?????

    En dehors de vagues histoires (mais probalement factuellement dangereuses, en l'état) de "parités" et de "y a qu'à' indigents et lassant, il n'y a strictement rien d'intelligent ni de réfléchi dans "ce projet" (si on peut appeler ça un projet d'ailleurs, ça ressemble vaguement à des "voeux" et ça semble cacher sous le tapis des petits trucs qui ont l'air de rien mais qui peuvent être ultranocifs, une fois passé le moment où il font éclater de rire)

    Bon pour reprendre les points de ptolémée:

    1) un non-évènement (venu là semble-t-il pour donner l'impression qu'un truc avance: si on est loin, on aurait pu facilement penser que c'était déjà fait. Ca mange pas de pain, et le coup de "s'initier à la recherche" en dit long sur l'incompétence de la personne qui énonce ça)

    2) Le truc le plus incroyablement ridicule (et infaisable) qu'on aura du mal à relire avant longtemps. Chacun sait (même ceux qui ont de la sympathie pour la gauche) les erreurs GRAVISSIMES qui ont été commises et comment la rosisme (le rouge n'aurait pas déconner autant) a conduit au crash de l'école. Avoir le toupet d'évoquer les IUFM (qui ont bien fait rire tout le monde pendant si longtemps, et qui pourtant n'étaient pas risibles car était un paravent, un enfumage qui cachait un terrible échec), encore passe, mais... vouloir y envoyer les futurs maitres de conférence. Mais c'est une blague ou quoi. Elle sort d'où la ministre là? A-t-elle déjà vu un iufm et les "orateurs" qui y "oeuvrent"? A-t-elle idée de l'utilité (négative) et de l'indigence du blabla desdits orateurs (souvent vaguement composés d'enseignants du secondaire en mal d'un peu de reconnaissance ou de partialisation de leur tps en lycée, ou d'intellos qui ne sont pas parvenus à trouver de place ailleurs, tout à fait sympatiques la plupart du temps, mais certainement pas disposés eux-mêmes à se la raconter devant de nouveaux mdc ayant + ou - parcouru un itinéraire un peu guerrier pour faire valider thèse et retenir leur dossier :D )

    Je cite SN: Les maîtres de conf vont suivre une formation de pédagogie ? Il était temps

    Détrompe-toi, u n"y a qu'à" (aussi comique!!!!!) c'est pas un truc réjouissant, surtout quand en plus, non content de balancer un "y a qu'à", l'autur livre une pareille "concrétisation potentielle" de son "y a qu'à". Je me suis sincèrement frotté les yeux pour voir si ce n'était pas une blague (genre comme quand on voit des pastiches, etc)

    Comme dit pudiquement JLT: "le diable est dans les détails". Mais là, il se réjouit d'avance le diable :)-D

    3) Vous connaissez la technique du contre-feu? C'est la stratégie qui consiste à allumer des incendies pour que tout le monde focalise dessus. Ou à assassiner 16 personnes pour faire croire à un crime terroriste (on y mettra oppotunément l'amant de sa femme et la DCRI n'y verra que du feu). Alors en proposant ça, la ministre espère probablement rencontrer une opposition bruyante qui lui permettra de camoufler tous le ratage du reste (de la même manière que Hollande a fait exprès de faire recaler son 75%, sans dire qu'il y renonçait)

    Citation: . L'évaluation des professeurs eux-mêmes, sujet hautement polémique, a été écartée. C'est à mourir de rire tellement c'est gros: et il y en a qui gobent??????? Ce n'est pas polémique, c'est objectivement débile (et déjà fait sans faire grand bruit pour la part un peu faisable qui concerne les formations et non les enseignants). J'ai franchement la flemme de réexpliquer pourquoi le processus "d'élévation" scientifico-intellectuelle est forcément au moins partiellement conflictuel et c'est sain. Toute forme de complaisance ou d'ignorance de ce mécanisme conduit immanquablement à une convergence lente vers la destruction du processus enseignant ou éducatif: c'est ce qui est arrivé dans le secondaire, conduisant au crash que l'on sait. Fatalement (en 1 mois ou 15ans), si les deux entités sont "en négociation", c'est l'entité étudiantS qui tirera progressivement le système vers un "faire semblant" qui videra peu à peu de sa substance toute possibilité de lui enseigner: faut être vraiment débile pour pas comprendre ça. Le crash du secondaire (où ces inepties ont été testées) devrait pourtant servir d'expérience :S ... Bin nooon!

    4) Chaque université devra proposer ses cours en ligne, une mesure ambitieuse qui devra être financée

    loooooooooooooooooooooooooooooooool démasquée!!!!! Pour insérer ça dans la communication, faut vraiment pas être net et essayer de donner "une impression"

    Bref, ça fait très peur tout ça.

    (Et je passe sur des trucs comme "ordres seront donnés aux recteurs de veiller à ce que les IUT recrutent prioritairement machin et truc" (une sorte de discrimination positive complètement artificielle), etc.

    Je ne retirerai pas ce que j'ai dit, je ressens la nausée, non aux intentions de la gauche rose, mais à sa maladie "raisonnemental":

    a) le thermomètre indique de la fièvre. Changeons le thermomètre (recrutement des IUT, etc, voir article, flemme de citer)
    b) un problème: votons une loi l'interdisant
    c) des gens sont un peu défaillants: formons-les (qui les forme, Dieu? ... Non, de braves neurasthéniques iufmiens qui vont faire des tables rondes sur l'utilisation du crayon vert en amphithéatres :D )

    Mais franchement, ça va jusqu'où? Même quand il ne s'agit pas de sujets "brulant", ce handicap neuronal semble frapper à tout va.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @alea, tout ça est bien beau mais as-tu conscience que tu parles sur un forum et que là il "s'agirait" d'un "projet" et non d'un "débat", que ce serait plus ou moins ficelé et non pas de vagues idées "faciles" et faisant débat à croquer le dimanche quand il pleut sur les maths.net (ou autre).

    Tu vois bien qu'il y a un problème? Il y a une sorte de schizophrénie "ministérielle" à confondre "parlotte" et projet. Et dire que ce genre de projet va attérir probablement en l'état et donner un "loi-cadre" votée par le groupe PS à l'AN?

    Est-ce que je suis si seul à trouver que c'est du pur délire?

    Franchement, des fois, j'ai l'impression qu'il fudrait un loi obligeant tout ministre à avoir monté une vraie entreprise au moins une fois dans sa vie (à part peut-être le ministre de la culture). Des gamins ou des fumeurs de joints qui ont des idées pour devenir millionaire l'été au coin d'un feu, il y en a des centaines de milliers. Ceux qui le font vraiment redescendent sur Terre et s'aperçoivent vraiment que le diable est dans les détails et dans l'intendance.

    Et non pas dans "et si on inventait une machine qui fabrique le lait, comme ça y aurait plus besoin de traire les vaches?"
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Si tout se passe au mieux, (et je dis bien au mieux) alors le point1 (non-évènement) sera mis en place) et 20% par an de plus d'universités et d'enseignants mettront leur cours en ligne. Ha ha!

    Et je souhaite à tous que le reste ne soit même pas essayé, parce que ça risque de pas être beau sinon. Il ne suffit pas de dire, il faut faire.

    Par ailleurs, il y a une erreur semble-t-il qui n'est jamais mentionnée quand on parle des facs. En essence, elle ne sont pas des lieux de formation professionnelle, mais une liberté pour des "téméraires" qui ont envie de s'affranchir d'avoir le nez sur le guidon de la société et "tentent" (sans aucune garantie de réussite) d'aller vers une petite oasis de tranquilité et de relfexion scientifico-intellectuelle (dontles meilleurs ressortent avec des diplômes très reconnus et bien précis). En principe donc, les universités devraient être "au dessus" des pays qui les logent et être relativement laissées tranquilles (et financées point barre).

    Quan don lit ça, on a l'impression qu'elles ne vont plus exister longtemps et je ne sais pas par quoi au juste elles vont être remplacées, mais m'est avis que la sorte de "poumon" qu'elles constituait était indispensable.

    Bon, bin, c'est comme la fôrêt amazonienne de toute façon. Tout le monde sait qu'elle est vitale, mais bon... On la détruit quand-même.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @cc : évidemment tu te bases sur ce que tu vois au lycée et tu extrapoles, mais sur le principe, ce qui est proposé n'est pas spécialement caractéristique de la gauche "rose". Aux Etats-Unis (pays très socialiste comme tu le sais), les enseignants du supérieur sont évalués par les étudiants, et ces évaluations ont leur importance : un enseignant recevant une mauvaise évaluation n'est pas "titularisé". Certes, cela a des effets pervers et c'est pourquoi j'ai dit que je suis hostile à l'évaluation par les étudiants et préfère celle par des inspecteurs, mais cela oblige les enseignants à un minimum de sérieux.

    Sinon, pour les cours en ligne je ne vois pas ce qui te choque. Je pense pour ma part que dans un avenir proche, le concept de cours magistral en amphi risque de disparaître et sera remplacé petit à petit par des cours en ligne. Il n'y a en effet aucune raison valable pour obliger tous les étudiants à se déplacer à tel endroit de telle heure à telle heure, alors qu'il y a des moyens technologiques pour enregistrer le cours et le rendre disponible sur internet pour la planète entière. Par contre, il subsistera tout de même la nécessité d'organiser des séances d'exercices et/ou de discussion avec un prof.
  • Quelqu'un a songé à offrir à notre chère ministre L'enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes de Michéa ? Manifestement, elle ne l'a jamais lu.
  • @JLT,

    1) pour les cours en ligne, je n'ai rien contre, mais c'est rien ça. Ya même pas besoin d'en parler!!!!

    2) Les US ne sont pas du tout la France et je ne pensais absolument pas au secondaire. Par ailleurs aux US, les gens veulent des "vrais diplomes" paient cher leur inscription et en veulent pour "leur argent". La culture est différente: la bas, si tu te débrouilles pas tu crèves (tu fais tout toi-même), c'est dans leur culture. Des étudiants n'évalueront donc pas leur mdc de la même manière. Par ailleurs, j'ai de sérieux doute sur le fait que ce ne soit pas encadré et surtout que le système d'évaluation ne prenne pas garde de bien séparer "évaluer la formation" et "évaluer l'examen lui-même". Le problème de la culture française (et surtout gauche rose) est l'hostilité viscérale au diplôme (d'où le crash du secondaire) et le fait qu'une licence ou un master ne veuille quasiment plus rien dire.

    Dans ce contexte, avec ces points de pression , il est apocalyptique d'envisager que des étudiants "évaluent" les formations, car elles sont hélas indissociées (ce qui est d'ailleurs un gros défaut) des évaluations.

    Qu'on fasse une réforme pour réintroduire le bac*** à la fin du secondaire, des vraies licences à la fin des premières années d'études, etc, et là oui, je te dirai que ce n'est pas vraiment dangereux que des étudiants disent leur mot sur les formations. Mais actuellement ils n'ont aucun repère et je ne me fais aucune illusion sur cette nuance que je soulève de la part de la ministre car elle a déclaré un truc comme "il faut démocratiser la licence, trp de gens échouent". Tu vois le vice caché?

    Je pense qu'à un moment, faut AUSSI arrêter de faire semblant d'être naif.

    *** je signale "quand-même" aux visiteurs qu'il a disparu, parce que ça n'est pas une évidence pour les gens loin de tout ça. Il y a une cérémonie "école des fans de Jacques Martin" qui est encore appelé bac, mais qui est totalement truquée (et du coup, dégat collatéral, assez dégueulasse pour les quelques uns qui le ratent et passent pour des handicapés mentaux)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Bonjour JLT.
    JLT a écrit:
    @Steven :
    1) ne me dis pas que si tu devais enseigner un cours en L1 ça te demanderait une préparation énorme.

    D'un point de vue contenu mathématique, sans doute pas. Mais d'un point de vue pédagogique ? Trouver le moyen que le cours puisse être profitable (*) et à celui qui n'a pas voulu faire une prépa, mais aurait été pris partout, et à l'élève de S moyen, et à une ancien STI, voire un bac Pro très intéressé, mais qui n'a jamais appris ce qu'est une fonction ? Cela demande une vraie préparation.

    La préparation d'un cours efficace demande beaucoup de temps. Qui n'est pas proportionnel au contenu mathématique. Il est intéressant de lire ce que Feynmann disait de sa première année d'enseignement (il n'a plus eu le temps de faire de la recherche !). Il est vrai que c'était aux États-Unis où les enseignants du supérieurs sont évalués sur l'efficacité de leur enseignement.

    Cordialement.

    (*) J'ai bien dit profitable; je ne parle pas des résultats de l'étudiant, mais de l'efficacité du prof.
  • :)-D

    Tout ça, c'est bien beau, mais c'est du "ya qu'à". Actuellement il n'existe pas d'outil (et pour cause) pour évaluer les enseignants (déjà il n'en existe pas dans le secondaire (la cérémonie de la visite de l'inspecteur est pour faire jolie), mais c'est se foutre du monde que de dire "on va évaluer les mdc".

    En particulier, Gérard, à part rappeler qu'enseigner n'est pas facile (mais déjà tu poses dogmatiquement des choses discutables car tu sembles postuler que l'enseignant doit "attendre" n'importe qui, ce qui est une erreur terrible pour les sociétés), je ne vois pas trop ce que tu racontes à SN: en effet, essayer de faire croire que les bonnes stratégies seraient dans "la préparation d'un cours", c'est une blague. C'est

    1) pas vraiment facile à décrire

    2) au mieux dans la démarche générale

    3) éventuellement dans le tempérament de l'enseignant

    Le niveau en sciences d'un étudiant, ce n'est pas "la liste des cours" qu'il a pris (ça, c'est presque rien), mais la façon dont l'étudiant a réussi à tourner sa mentalité (on n'apprend pas les maths, ce n'est pas une liste de contenus, mais une "façon" d'appréhender la vie), éventuellement grace à l'enseignant (mais aussi seul).

    De plus, j'ai souvent constaté que les meilleurs "pédagogues" "à première vue" faisaient des dégats absolument considérables à long terme (et sur un panel assez ample, donc, je suis bien obligé de m'interroger sur le caractère paradoxal des vertus du "sucre" pédagogique)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • JLT a écrit:
    @Steven :

    1) ne me dis pas que si tu devais enseigner un cours en L1 ça te demanderait une préparation énorme.
    L'année précédente ils étaient en Terminale. Tu ne préparerais pas un cours de Terminale ?
  • @gerard0 : je précise pour ne pas risque d'être mal compris. En ce qui me concerne j'ai enseigné en L1, et d'une manière générale je considère que l'enseignement est une tâche très importante et doit être prise au sérieux. Je ne dis pas que ça ne demande aucune préparation, au contraire ça prend du temps de réfléchir quels exercices poser, etc. Donc je ne dis pas à Steven Neutral que ça ne lui aurait pris aucun temps de préparer un cours de L1, mais de là à être fatigué à travailler dur pour préparer ses cours, je ne crois pas.
    Trouver le moyen que le cours puisse être profitable (*) et à celui qui n'a pas voulu faire une prépa, mais aurait été pris partout, et à l'élève de S moyen, et à une ancien STI, voire un bac Pro très intéressé, mais qui n'a jamais appris ce qu'est une fonction ?

    Je connais bien le problème, et mon opinion est que
    - il faut passer la plus grande partie du temps au niveau de l'élève de S moyen.
    - de temps en temps donner des petits trucs en plus et des exercices plus poussés pour les plus forts
    - régulièrement dire des choses hyper-élémentaires ou faire faire des exercices hyper-élémentaires pour les plus faibles mais néanmoins sérieux.

    En pratique, cependant, les résultats ne sont pas au rendez-vous pour les deux raisons essentielles suivantes :
    - la plupart des "étudiants" ne sont pas motivés, sont incapables de réciter une définition énoncée au cours précédent, ne font pas les devoirs à la maison, bavardent/écrivent des textos en classe, refusent de prendre un stylo pour chercher les exercices pendant les TD, etc.
    - la plupart de ceux qui proviennent de sections telles que STI voire Bac Pro ont de telles lacunes en termes de "manière de penser de façon mathématique" qu'il leur est quasiment impossible de rattraper leur retard, sauf motivation vraiment exceptionnelle.
  • Entièrement d'accord avec gerard0.
    Si tu avais enseigné dans le secondaire, JLT, tu serais choqué de lire ce que tu as écrit.

    EDIT: je ne parlais pas du message de JLT juste-au dessus (posté en même temps)
  • JLT a écrit:
    mais de là à être fatigué à travailler dur pour préparer ses cours, je ne crois pas.
    Non c'est vrai, moi je donnais des cours de stats à des filières non-maths, c'est ça qui était éprouvant.

    Mais peu importe ce que moi j'ai dit, c'est ce qu'a dit le MdC qui importe : "moi j'ai rien préparé".
  • Si c'est un cours qu'il a déjà donné et s'il a été satisfait de sa dernière version, ne rien préparer pour le redonner ne me paraît pas déraisonnable. Je ne vois rien de choquant au vu des informations que tu donnes.
  • Pour mettre les points sur les i : je considère que tout cours (du CP jusqu'au M2) demande de la préparation.
  • Allez, je trolle un peu aussi.
    JLT a écrit:
    Il n'y a en effet aucune raison valable pour obliger tous les étudiants à se déplacer à tel endroit de telle heure à telle heure, alors qu'il y a des moyens technologiques pour enregistrer le cours et le rendre disponible sur internet pour la planète entière.

    Lol !! Mais ça a toujours existé, ça s'appelait "un livre". Il y a bien sûr des étudiants capables de comprendre un cours dans un livre aussi bien qu'en suivant un cours IRL, mais si c'était le cas de la majorité des étudiants, ça se saurait ! (Note bien qu'un cours filmé mis en ligne, pas plus qu'un poly ou un livre, ne répond aux questions.)

    Pour le reste du projet, je trouve que cette citation de nicolas patrois résume bien l'affaire : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?18,805072,805985#msg-805985
  • En pratique, cependant, les résultats ne sont pas au rendez-vous pour les deux raisons essentielles suivantes :

    suivi de raisons qu'on peut lire 2 posts plus hauts.

    Non, je ne suis pas d'accord avec les raisons que tu évoques, qui ne sont que des symptômes (et moi aussi, j'ai bien étudié la question).

    Enfin, si je suis d'accord avec toi quand tu dis la plupart des "étudiants" ne sont pas motivés. Mais les raisons sont les causes de cette non motivation:

    1) en ce qui concerne les maths, elles sont très mal enseignées (même et y compris par les bons exposants). J'ai déjà détaillé mon avis et le remède la dessus

    2) Aucun être humain (enfin peu) n'est motivé quand:

    2.1) il est à peu près sûr d'être reçu
    2.2) il est quasi-sûr d'être recalé
    2.3) il ne connait les règles du jeu auquel il devra gagner ou perdre

    Arrêtons le faux bac et remettons-en un vrai et de même pour les diplômes universitaires et tu verras: tout le monde sera motivé. (Mais il y aura moins de reçus, mais les reçus auront un diplôme et seront "fiables" relativement à ce qu'il veut dire)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @Nîmes-man : non, un livre n'est pas assez concis, et on ne s'exprime pas de la même manière lors d'une transmission orale que lors d'une transmission écrite.

    Ca n'a pas de sens d'aller 2h dans une salle de cours pour écouter un prof gratter une craie au tableau et recopier la même chose sur son cahier alors qu'on pourrait faire la même chose chez soi devant son écran. Et en plus, si ça va trop vite on peut mettre la vidéo en pause.
  • Bravo Nimes man! Très lucide propos de Nicolas Patrois qui serait encore mille fois mieux copié-collé ici que dans le non-sujet des vacances.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • 2) Aucun être humain (enfin peu) n'est motivé quand:

    2.1) il est à peu près sûr d'être reçu
    2.2) il est quasi-sûr d'être recalé
    2.3) il ne connait les règles du jeu auquel il devra gagner ou perdre

    Je ne comprends pas ce que tu veux dire. Certes, un bachelier Pro a de fortes chances d'être recalé en Licence de math, mais un bachelier S n'est ni "à peu près sûr d'être reçu", ni "quasi-sûr d'être recalé" ??
  • @JLT: c'est un sujet technique délicat qui concerne uniquement le cours en amphi dont tu disais qu'en sciences il avait déjà commencé à quasi-disparaitre (cours en ligne ou pas).

    La transmission de mano à mano est assez irremplaçable***, mais il est vrai qu'on ne peut pas t'objecter ça à propos des amphis :D

    *** le peu que j'ai vraiment acquis, je l'ai acquis ainsi dans des bars blindés de musique débile, j'imagine l'efficacité d'un "cours" reçu au calme (je sais pas trop ce que c'est en fait). En réalité, c'est l'interaction qui est importante. Le "jeu" (au sens logique du terme, prof-étudiant jouent leur coup alternativement, pas au sens "ludique")
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @JLT, oui je voulais pas dire "reçu" pardon, ma diplomatie instinctive m'a fait déraper: je voulais dire "sûr/nonsûr/sûrquenon de survivre"
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • P.S. Pour Nîmes-man : oui je sais bien qu'un cours filmé ne répond pas aux questions, mais je n'ai pas dit qu'il faut supprimer les séances de discussion avec les professeurs ou bien les séances d'exercices.

    En pratique, un prof passe combien de temps pendant un cours magistral à répondre aux questions ? 10 % ?
  • JLT a écrit:
    Ca n'a pas de sens d'aller 2h dans une salle de cours pour écouter un prof gratter une craie au tableau et recopier la même chose sur son cahier alors qu'on pourrait faire la même chose chez soi devant son écran. Et en plus, si ça va trop vite on peut mettre la vidéo en pause.

    Ta vidéo, quand tu la mets en pause parce que tu n'as pas compris le propos du prof, elle répond à ta question ?

    J'ai fréquenté des amphis de la L1 à la L3 (à partir du M1, dans mon université, nous n'étions pas assez nombreux pour les cours en amphi, nous étions dans une salle). Aucun des enseignants que j'ai rencontré, je dis bien aucun, ne refusait de répondre à une question (non délirante) pendant un cours en amphi.

    Cependant, je veux bien croire que j'ai eu beaucoup de chance et qu'il existe des profs qui font leurs cours en amphi en autistes, sans se préoccuper du fait qu'il y a des individus réels qui écoutent dans la salle. Je plains leurs étudiants : pour ceux-ci, effectivement, assister physiquement au cours est parfaitement inutile. Il ne me paraît nullement souhaitable de généraliser leur cas et d'imposer à tous les étudiants cette même peine.

    Edit : je ne répondais pas à ton précédent message, posté entretemps. Dans ton précédent message, tu suggères une règle de 3 qui n'a pas lieu d'être. Les 10% (ou même 1%) du temps passés à répondre à des questions peuvent débloquer la compréhension de 99% du cours dans certains cas !!!
  • @H
    Evidemment tout est possible. Mon anecdote n'était qu'une illustration de la mentalité qu'on peut trouver chez les enseignants de la fac.
    Bien sûr ceux qui fréquentent sur ce forum sont probablement des enseignant consciencieux qui ne partagent pas cette mentalité, mais iriez-vous jusqu'à affirmer qu'il n'y a rien d'anormal dans l'enseignement universitaire ?
  • J'ai édité mon précédent message.

    Je prends un cas concret pour détailler ce que je disais.

    1) Avec cours IRL :
    Lundi : cours. Je pose ma question. Je comprends le cours.
    Jeudi : TD. J'ai préparé les exercices. J'ai su en faire certains, j'ai cru savoir en faire certains, j'ai bloqué sur certains. Je viens en TD avec mes questions. Je peux aussi profiter de la séance pour comprendre les erreurs que j'avais commises sans m'en rendre compte, pendant la correction des exercices.

    2) Avec cours sur internet (si j'ai un accès internet !).
    Très longtemps avant jeudi, car le système est bien fait : le cours est mis en ligne.
    Très longtemps avant jeudi, car je suis sérieux : je regarde le cours, mais comme il ne répond pas à mes questions, je ne comprends rien.
    Jeudi : j'arrive, je n'ai rien préparé, car je n'ai rien compris au cours. J'essaie de profiter de la séance pour qu'on m'explique le cours auquel je n'ai rien compris (note que j'ai peut-être fait des blocages). Là deux cas : ou bien je tombe sur un chargé de TD qui me refait le cours, et on a au mieux perdu trois jours (et je n'ai pas eu ma séance de TD), ou bien je tombe sur un chargé de TD qui corrige le TD, et je ne comprends toujours rien.
  • @Nîmes-man :
    Les 10% (ou même 1%) du temps passés à répondre à des questions peuvent débloquer la compréhension de 99% du cours dans certains cas !!!

    C'est vrai, mais il faut reconnaître que la plupart des étudiants ne posent pas de question en cours parce qu'ils sont trop largués pour être capables de formuler une question claire. Alors que s'ils avaient pu mettre sur "pause" ils auraient pu suivre plus facilement la deuxième moitié du cours.
  • J'ai aussi été enseignant vacataire à la fac.

    Comment expliquez-vous que la fac embauche un vacataire et lui dise : "tu fais ce cours, voilà le programme", que ce programme fasse 2 lignes (les intitulés qu'on trouve dans le "livret étudiant" ou je ne sais plus quoi), et point barre ? On ne lui suggère même pas de collaborer avec l'enseignant qui fait le même cours dans l'autre partie de la filière, rien, on lui envoie un mail avec le programme qui tient sur 2 lignes, point barre.
  • JLT a écrit:
    C'est vrai, mais il faut reconnaître que la plupart des étudiants ne posent pas de question en cours parce qu'ils sont trop largués pour être capables de formuler une question claire. Alors que s'ils avaient pu mettre sur "pause" ils auraient pu suivre plus facilement la deuxième moitié du cours.

    Dans certaines disciplines, peut-être, mais pas en maths. En maths, on peut bien mettre pause pendant 10 ans, quand on n'a pas compris ce qui se passe à l'étage n, on n'accède pas à l'étage n+1.
  • Vu depuis la lorgnette de l'étudiant moyen :

    1) Avec cours IRL :
    Lundi : cours. Je nage tellement que je n'arrive pas à formuler de question. Je ne comprends pas le cours.

    Jeudi : TD. Je N'ai PAS préparé les exercices. J'attends de voir la correction du prof pour pouvoir imiter la prochaine fois.

    2) Avec cours sur internet (j'ai un accès internet, soit à la maison, soit à la fac !).
    Très longtemps avant jeudi, car le système est bien fait : le cours est mis en ligne.
    Très longtemps avant jeudi, car je suis sérieux : je regarde le cours, mais comme je n'ai pas tout compris, je note mes questions.
    mardi : je pose mes questions au prof, il y répond. J'ai compris le cours.

    Jeudi : séance de TD.
  • Un jour je croise une de "mes" étudiantes dans la rue, qui ne venait quasi jamais en cours parce qu'elle avait un taf à côté. À un moment de notre discussion :

    Elle: - Y'a pas un site pour ce qu'on fait en cours ?
    Moi: - Comment ça, un site ?
    Elle: - Ben c'est toujours mieux fait sur un site non ?

    Eh oui faut mettre les cours online ! En mieux !!
  • JLT a écrit:
    mardi : je pose mes questions au prof, il y répond. J'ai compris le cours.

    En maths, ça ne marche pas comme ça. Si ma question m'est venue à la 5e minute du cours de 2h, je peux n'avoir compris que les 5 premières minutes du cours (pas nécessairement, mais c'est possible). Une fois posée ma question à l'enseignant, je fais quoi ? Je retourne sur internet voir les 47 minutes suivantes du cours, jusqu'à ma prochaine question ?

    Pour révéler le fond de ma pensée, je pense qu'en fait, en mettant pause pendant 1h, on peut comprendre par soi-même (au prix d'efforts que peu d'étudiants feront)... ce qu'on aurait compris en 20 secondes si on avait pu poser sa question ! L'évolution vers moins d'échanges humains me semble une négation pure et simple de ce qu'est l'enseignement. J'ai bien compris que tu avais un autre point de vue, dont j'espère qu'il est biaisé par ta pratique quotidienne de l'enseignement plutôt que par idéologie. Si j'ai raison sur la cause du biais, tu déchanteras vite quand ton système sera mis en place (un idéologue, par contre, ne change pas de point de vue quelle que soit la réalité à laquelle on le confronte).
  • Si ma question m'est venue à la 5e minute du cours de 2h, je peux n'avoir compris que les 5 premières minutes du cours (pas nécessairement, mais c'est possible). Une fois posée ma question à l'enseignant, je fais quoi ? Je retourne sur internet voir les 47 minutes suivantes du cours, jusqu'à ma prochaine question ?

    Oui, tu as tout à fait raison sur ce point. Bon, en résumé :

    1) Lors du cours traditionnel, poser des questions peut permettre de débloquer immédiatement des étudiants. Mais inversement, ceux qui pour une raison ou une autre (fatigue, distraction, autres) ont décroché à la 5e minute et n'ont pas osé poser de question au bon moment n'arrivent plus à rattraper le train en marche et se contentent de copier bêtement les signes qui ornent le tableau.

    2) Lors du cours en ligne, on ne peut pas poser de question immédiatement, ce qui peut faire perdre une heure entière à re-visionner le cours après être allé voir le prof. Par contre on peut mettre sur pause si ça va trop vite, revenir en arrière pour chercher une définition si on ne l'a plus en tête, etc.

    Lequel des deux effets l'emporte sur l'autre... ?
  • En maths sup on recopiait le tableau et le soir on essayait de comprendre (on = moi et mes camarades sauf deux ou trois).
    Le rôle de l'enseignant c'est de faire en sorte que son cours soit plus riche que le cours en ligne.
    Bonne nuit, pour ma part je continuerai à refaire le monde un autre jour.
  • J'enfonce quelques portes ouvertes:

    1) Faire un bon cours demande énormément de préparation peu importe le niveau. Par bon cours, j'entends un cours qui fait assimiler le maximum de notions de façon adaptée au public qu'on a en face de soi. La préparation n'est pas du tout proportionnelle au niveau du cours comme la plupart des gens le pense. En fait lorsqu'on a une formation mathématique poussée, enseigner les fractions demande nettement plus de préparation que d'enseigner le théorème des valeurs intermédiaires ou la théorie des séries numériques par exemple.

    2) La grosse différence entre un prof de lycée et un prof de CPGE ou un maitre de conf est simple. Un prof de lycée qui n'intéresse pas ses élèves ou dont une explication est approximative ou qui n'arrive pas à maintenir leur attention se trouve automatiquement sanctionné parce qu'il va passer 5 heures de merde par semaine avec sa classe voire aura les parents ou l'administration sur le dos. Au pire, un prof de fac verra ses cours désertés ou s'ennuiera face à des étudiants amorphes.

    Dans le secondaire, les élèves qui ne s'investissent pas emmerdent le monde et les profs qui ne bossent pas leurs cours le payent cash. En fac, les élèves qui ne s'investissent pas se plantent et le prof qui ne bosse pas peut s'en laver les mains.

    Bref l'exigence pédagogique est bien plus grande dans le secondaire ce qui est normal puisque les étudiants sont censés avoir plus de maturité.


    3) Les étudiants ne sont capables d'évaluer leurs enseignants que de façon très marginale.

    J'ai assisté à un cours de fac deux cours de stats en parallèle.

    Le premier cours était donné par un grand ponte qui débitait son cours magistral parfaitement abstrait d'un ton monocorde de façon certe rigoureuse mais sans transmettre grand chose de la structure de la théorie de ses intuitions, motivations ou de ses principes. Les TD étaient totalement déconnectés du cours, la chargé de TD reprenant souvent tout à la base en donnant les "recettes" à chaque séance.

    Le second cours était donné par une jeune prof, le cours était riche et varié et les TD étaient pensés pour mettre en pratique et approfondir le cours.

    Les échos que j'ai eu des autres étudiants est qu'ils n'avait rien à redire du premier cours même s'ils ne comprenaient rien en amphi. En revanche, beaucoup se plaignaient beaucoup du second.
  • Bonjour,

    La discussion a peu de chance de converger : il y aura toujours des étudiants pour qui l'une ou l'autre des méthodes est meilleures et certains qui y arriveront de toutes façons, avec ou sans profs, avec ou sans internet, et avec ou sans livres.

    la question qui est posé est la disparition des CPGE telles que nous les connaissons et souvent avons pratiquées. Or il se trouve que le résultat n'est pas mauvais car les entreprises ne rechignent pas à embaucher des gens qui sont passés par ce cursus ce qui est finalement le juge de paix : une formation a beau être bien notée par les étudiants, si elle n'offre aucun débouché c'est quand même un problème...

    Il est quand même curieux que dans notre beau pays une formation qui donne satisfaction doive être réformée, et ce pour se rapprocher d'une autre formation qui elle connait des problèmes...


    Quand à la pédagogie dans le supérieur, le pédagogue est l'esclave qui accompagne les enfants au sens étymologique (c'est à dire celui qui les conduisait à l'école). Que l'on doive accompagner les enfants, soit, mais les étudiants! Une façon de former des Tanguy? Pourquoi pas demander aux professeurs au collège de France une validation à L'IUFM? Ou aux moniteurs d'auto école? ou même aux parents, puisque ceux ci sont censés accompagner les enfants...

    Quant à l'évaluation par les étudiants si celle ci est classique aux US c'est surtout parce que les étudiants sont des "clients" qui payent leur cours et veulent un retour sur investissement. Leur évaluation ne porte pas sur la tête du prof mais surtout si le fait de suivre ce cours valorise leur CV en proportion de ce qu'ils ont payé. A la limite un prof qui a écrit des bouquins réputés, qui donne des conférences internationales, qui est consultant dans de grandes entreprises sera très apprécié même si son cours est vide ou se contente de recopier ses bouquins au tableau. Plus on est proche d'Erdos, mieux c'est pour le CV....
  • @afk
    De nos jours il y a des étudiants qui font le zouk en L1, voire en L2.
    À l'époque, j'ai enseigné à des DEUG STPI dans ce style.
  • diego a écrit:
    le résultat n'est pas mauvais car les entreprises ne rechignent pas à embaucher des gens qui sont passés par ce cursus ce qui est finalement le juge de paix
    La grille de lecture que tu proposes n'est pas probante: en sciences, on peut écrire exactement la même chose de l'Université. Il y a du boulot pour les gens qui ont une formation en sciences, où qu'ils l'acquièrent.
    diego a écrit:
    Il est quand même curieux que dans notre beau pays une formation qui donne satisfaction doive être réformée, et ce pour se rapprocher d'une autre formation qui elle connait des problèmes...
    Le principal problème des facs de sciences, c'est qu'elles manquent d'étudiants, ce qui est une conséquence inévitable de l'augmentation du ratio (capacité d'accueil des formations régulées)/(nombre d'étudiants en sciences).
    A un moment donné, l'enseignement secondaire ne produit tout simplement plus assez de vrais scientifiques (*) pour alimenter deux systèmes concurrents.

    (*) vrais=qui veulent poursuivre en sciences
  • Petite intervention sur le dialogue JLT / Nîmes-Man sur les cours en ligne. A mon sens, si on indique aux étudiants qu'il faut poser des questions sans avoir honte et qu'on les encourage, alors le cas décrit par Nîmes-Man (avoir une question dès le début de la vidéo qui bloque la compréhension de toute la suite) devient quasi-impossible, car il y aura bien quelqu'un pour poser une question similaire pendant le cours (il n'y a pas 50 questions différentes possibles sur un truc de Licence; par ailleurs, rien n'empêche l'enseignant de faire des commentaires là où il sait que quelque chose a été délicat l'année d'avant pour les étudiants...).

    Et du coup, un cours en ligne devient très utile, aussi bien pour les absents que pour les présents qui veulent revoir un passage. Voici un exemple anglais que je trouve réussi avec un simple PC et une webcam http://explainingmaths.wordpress.com/g14fun-functional-analysis-2009-10/ (voir par exemple ce chapitre vers la fin où l'enseignant est bien rôdé au matériel http://wirksworthii.nottingham.ac.uk/webcast/maths/G14FUN-09-10/FUN-190310/ ) On a effectivement l'impression de suivre le cours, et franchement je vois pas quel genre de financement ambitieux il faudrait, juste quelques disques durs (éventuellement un technicien chargé de gérer les PC et la mise en ligne, si des enseignants de lettres sont un peu technophobes, mais c'est tout).
  • Tout à fait, Ptolémée,

    et on remplace tous les profs de prépa par un seul fichier à consulter sur Internet. Jolie économie !

    [Mode Troll on]
    Ah non ? C'est ceux des facs seulement ? Les meilleurs étudiants ont besoin d'être aidés ? Pas les plus faibles ?
    [Mode troll off]

    Cordialement.

    NB : j'ai un peu peur de ne pas avoir trollé.
  • diego a écrit:
    Quant à l'évaluation par les étudiants si celle ci est classique aux US c'est surtout parce que les étudiants sont des "clients" qui payent leur cours et veulent un retour sur investissement. Leur évaluation ne porte pas sur la tête du prof mais surtout si le fait de suivre ce cours valorise leur CV en proportion de ce qu'ils ont payé. A la limite un prof qui a écrit des bouquins réputés, qui donne des conférences internationales, qui est consultant dans de grandes entreprises sera très apprécié même si son cours est vide ou se contente de recopier ses bouquins au tableau.

    Mon impression n'est pas du tout la même. Aux Etats-Unis, une grande partie des enseignements est donnée par des "inconnus" (thésards, post-docs, etc.), et les enseignants sont notés par les élèves en fonction d'une grille de notation pédagogique ("clarté d'expression", "équité", "souci de la réussite de tous", "disponibilité", etc ; je ne me souviens plus du tout des termes exacts mais l'idée y est). Une notation correcte est indispensable pour pouvoir être "titularisé" par la suite. Par contre, les gens qui ont déjà un poste permanent s'en fichent un peu des notes données par les étudiants.
  • @ptolemee : oui c'est un peu à ce genre de choses que je pensais. En France on est encore à la traîne par rapport à d'autres pays.
  • Ça manque d'ambiance par ici. Un fil comme ça devrait déchaîner les passions.

    A) Dans le premier message de ptolemee http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?9,807967,807967#msg-807967 il y a plein d'erreurs. Je corrige :

    1) rapprochement entre les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et les universités (les prépas ça marche bien, la fac ça marche pas, donc par souci d'égalité cher au PS, foutons en l'air les prépas) :

    L'une des premières conséquences sera "l'inscription automatique à l'université des étudiants en CPGE" qui seront donc obligés de payer les frais d'inscription à la fac, sans contrepartie, c'est tout bénef. Faire cracher les élèves de prépa est manifestement une idée fixe de Mme Fioraso. Évidemment comme toujours les riches s'en foutent, les pauvres aussi vu qu'ils sont boursiers, ce sont les classes moyennes qui prennent.

    Chaque classe prépa – qui resteront (?) dans les lycées – sera rattachée asservie à une université par une convention unilatérale. Cela permettra aux enseignants en sous-service de l'université qui ne connaissent rien aux prépas et s'en foutent d'ailleurs de donner des cours dans les deux établissements piquer la place de ces salauds de profs de prépas. En contrepartie les profs de prépas viendront corriger les copies des profs de fac. "Les proviseurs seront incités à proposer à leurs élèves des cours à l'université sous peine d'être mutés au lycée David Douillet de Trifouilly-les-Oies.

    Les élèves de CPGE seront ainsi immédiatement initiés à la recherche", souligne la ministre.

    avancer pas à pas rentrer dans le tas, la difficulté étant de convaincre les professeurs de prépas d'enseigner à l'université de retourner dans le secondaire avec 30% de salaire en moins".

    2) La pédagogie n'a pas été oubliée : pour être nommé maître de conférences, il faudra avoir suivi une formation dans les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ex-IUFM). On leur apprendra le constructivisme, le socio-cognitivisme, que le cours magistral c'est mal, que les démarches d'investigation c'est bien, que les notes c'est mal, que les compétences c'est bien, etc. Après avoir foutu en l'air les enseignements primaire et secondaire, le PS va joyeusement foutre en l'air le supérieur.

    3) Les étudiants évalueront leurs formations sur notetonprof.gouv.fr, ces évaluations seront publiques et les enseignants mal notés seront cloués au pilori, entièrement nus, et flagellés par leurs élèves.

    L'évaluation des professeurs eux-mêmes, sujet hautement polémique, a été écartée (ben tiens).

    4) Chaque université devra proposer ses cours en ligne, une mesure ambitieuse qui devra être financée ce qui ne posera pas de problème, le gouvernement a toujours plein de fric pour le "numérique" mais malheureusement pas pour payer correctement les profs qu'est-ce que vous voulez ma bonne dame c'est la crise.

    B) C'est marrant cette conception que vous avez d'un cours. Moi quand je fais cours, les élèves me posent parfois des questions, mais c'est surtout moi qui leur pose des questions, tout le temps, pour m'assurer qu'ils ont bien compris et pour maintenir leur cervelle en état d'activité. J'explique les notions, je leur fais conjecturer les théorèmes si possible, et je leur demande des idées pour les démontrer. Et chaque fois que c'est possible je leur donne un petit exercice d'application directe à chercher eux-mêmes sur papier, pour les faire manipuler les objets mathématiques que j'ai introduits. Si je faisais cours comme à la fac, les élèves s'endormiraient ou foutraient le bordel au bout de cinq minutes.26776
  • J'ai appris - je ne sais plus où, surement dans une formation en didactique - que si tu mets de la couleur dans tes cours, tu es mieux compris.

    Eh bien là, avec du (gros) rouge, je comprends beaucoup mieux cette réforme. Merci Juge Ti !

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • @Juge Ti: difficile de distinguer le lard du cochon là-dedans...
  • Une bonne partie du message de Juge Ti est visiblement trollesque mais je réponds à son dernier paragraphe qui m'a l'air sérieux :
    Moi quand je fais cours, les élèves me posent parfois des questions, mais c'est surtout moi qui leur pose des questions, tout le temps, pour m'assurer qu'ils ont bien compris et pour maintenir leur cervelle en état d'activité. J'explique les notions, je leur fais conjecturer les théorèmes si possible, et je leur demande des idées pour les démontrer. Et chaque fois que c'est possible je leur donne un petit exercice d'application directe à chercher eux-mêmes sur papier, pour les faire manipuler les objets mathématiques que j'ai introduits. Si je faisais cours comme à la fac, les élèves s'endormiraient ou foutraient le bordel au bout de cinq minutes.

    Voici ce que ça donne du côté fac :

    - quand j'ai face à moi des étudiants de prépa agreg, cette méthode marche bien. Même s'ils n'arrivent pas à répondre à mes questions, au moins le fait de réfléchir permet de mieux apprécier la réponse.

    - En L2 : ce sont toujours les mêmes qui répondent aux questions. Les autres ont plusieurs tableaux de retard. Je donne régulièrement des petits exos d'application directe à chercher sur papier. Un petit groupe les cherche, les autres rattrapent les 3 tableaux de retard. Au bout de 10 minutes de temps de recherche, ces derniers ont généralement commencé à recopier l'énoncé de la question. Quelques-uns ont même fini de recopier l'énoncé et en profitent pour jeter un coup d'oeil sur leur portable.

    - En L1 : c'est un peu comme en L2 mais pire car certains n'ont pas de stylo et n'écrivent rien pendant tout le cours, et refusent de chercher des exercices même les plus élémentaires (par exemple effectuer un algorithme d'Euclide). Quand on les force vraiment (par exemple en les envoyant au tableau), on s'aperçoit qu'en fait ils ne comprennent rien.
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