Débouchés dans la recherche en Université.

Bonjour,

J'ai parlé en fin de semaine à un de mes professeurs de mathématiques à la fac sur mon ambition/projet futur...

J'ai ressenti un avis très pessimiste.

Mon inquiétude était sur les places, postes à pourvoir dans ce domaine ? (Ratio, estimation des candidat sortant de thèse ou période après post-doc).

Quelles sont les "choses" qui peuvent faire la différence ? (hormis un passage par l'ENS, et une découverte subliminale^^).

Merci et bonne soirée ! ;)
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Réponses

  • Déjà,

    ce qui peut faire la différence, c'est de ne pas confondre sublimissime (racine sublime) et subliminal (préfixe sub).
    Ensuite, il faudra être très bon de la L1 au M2 pour avoir une chance d'être pris en thèse.
    Ton prof a peut-être été seulement prudent.

    Cordialement.
  • C'est en fait assez simple.

    Il faut un bon parcours licence/master pour être pris en thèse et ensuite il faut faire de la recherche de qualité pour espérer avoir un poste (il faut aussi avoir choisi un domaine pas trop fermé, être fréquentable et ne pas être trop malchanceux). Tes professeurs te connaissent, ce sont les mieux placés pour évaluer tes chances. Dans la plupart des endroits, si tu as des chances raisonnables de pouvoir faire une thèse (ce qui est plus simple que d'avoir un poste d'enseignant-chercheur ou de chercheur) tu trouveras assez facilement quelqu'un pour t'encadrer.
  • Je suis assez pessimiste sur les perspectives à l'université: une petite dizaine de postes définitifs cette année en math pures et une quinzaine en math appliquées, une concurrence mondiale... Des dossiers plus que solides restent sur le carreau chaque année.
    J'ai même vu des candidats échouer avec un dossier plus costaud que certains MCF des jurys (comités de sélection)...

    La suite: réduction budgétaire, effectifs des étudiants qui baissent...

    Je te conseille de bien réfléchir...
  • Attention, on est très loin d'avoir les chiffres 2014, la section synchronisée n'est pas sortie.

    Si j'en crois le site de l'OP
    2013: 34 MCF en section 25
    2013: 62 MCF en section 26
  • >une concurrence mondiale....

    Ca c'est s'explique très bien !!
  • "la section synchronisée n'est pas sortie"

    Quelqu'un peut m'expliquer en quelques mots ce que cela signifie? Je croyais que c'était en ce moment.

    Merci
  • La session synchronisée, c'est un ensemble de postes qui bénéficient d'un système de voeux préférentiels (comme avant la LRU), avec un moteur commun d'affectation.
    L'essentiel des postes synchronisés sort groupé, mais il y a souvent quelques postes en avant-coureurs. Je conviens que c'est bizarre.
  • Alors ces postes? Ils viennent?
  • Mon analyse pessimiste semble confirmée: cette année il y a 20 postes en section 25 (source: site de la section 25). C'est une baisse de 40% en un an.

    A comparer avec la liste des candidats (leur nombre est à multiplier par 4 car la qualification qui donne accès aux concours dure 4 ans):
    http://cnu25.emath.fr/qualif/result2014.html
  • La baisse de l'offre est en effet très significative en MCF 25. Je ne comprend pas ta remarque sur la demande par contre.
  • Voilà qui permet de comparer rapidement sur plusieurs années :

    http://postes.smai.emath.fr/2014/OUTILS/bilans.php

    Cette année c'est effectivement vraiment pas joyeux pour les candidats en 25.
  • Bonjour,

    Désolé de réveiller le topic mais il m'intéresse.

    -> Pour faire une thèse en mathématiques appliquées, on doit passer par un master de mathématiques (recherche) parcours ingénierie mathématique ou un master de mathématiques (professionnel) parcours mathématiques fondamentales/approfondies (cela dépend des noms) ?

    Le premier est un master pro et le second recherche et les deux proposent une poursuite mais je cherche celui qui est une continuité logique... D'après les statistiques offertent, j'ai du mal à cerner l'objectif justement en MF 60% font une thèse contre 20% en IM qui est un master maths-appli'.
    -> Dans le cas où c'est le MF, si on ne souhaite pas continuer sur une thèse pour une raison quelconque, offre t-il des débouchés autre que l'enseignement au collège/lycée après son arrêt ?

    Je vous remercie d'avance, c'est une question importante que je me pose pour mon orientation !
    Bonne soirée.
  • Personne ? :/
  • Je suis un peu loin de tout ça maintenant, mais comme personne ne te réponds: oui le Master Fondamental est celui qui prépare le mieux à la thèse (le fait que "seulement" 60% continuent en thèse, c'est parce que les autres ont eu des résultats trop justes pour obtenir un financement et/ou trouver un directeur de thèse).

    Bien sûr, comme le débouché logique c'est la thèse, l'autre alternative sera de passer des concours (enseignement oui, mais que ça: tu peux aussi tenter ailleurs dans la fonction publique: inspecteur des finances, ingénieur météo, voir cet ancien fil http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?6,892818,892958#msg-892958 ), ou d'essayer de trouver un job dans le privé (mais sans très bonnes compétences en informatique facilement vérifiables par les recruteurs, comme des lettres de recommandations de gens qui t'on encadré en stage et ton activité github, ça sera difficile vu qu'à bac+5 tu es en concurrence directe avec des ingénieurs...).

    Un Master Pro par contre te donne plus de débouchés, parce qu'il y a un stage en entreprise, et que les cours sont à finalité professionelle. Ceux qui continuent en thèse c'est probablement en bonne partie des gens dont l'entreprise qui les a accueilli en stage leur a proposé une thèse CIFRE http://www.anrt.asso.fr/fr/espace_cifre/accueil.jsp (je ne connais pas bien).
  • Merci Ptolemee.

    C'est assez déprimant quand on relit le forum...
    J'ai l'impression que l'on peut pas continuer sur une thèse si l'on est pas dans les petits papiers d'un prof' et que dans un même temps on a pas d'argent. :/
    À quoi on peut ajouter que l'on a... 10% de chance de se faire embaucher en tant qu'enseignant-chercheur en admettant que l'on ai réussi cette première étape si difficile. :(
  • Vous pouvez quand même essayer de faire une thèse en travaillant comme enseignant (dans un collège ou un lycée) pour la financer. Ce n'est pas très académique mais certains l'ont fait.

    Pour l'embauche, il est certain que la situation actuelle n'est pas favorable quel que soit le financement.

    En tout cas, bon courage.
  • "Actuelle", peut-être que d'idi 5-6 ans la situation changera ! :)
  • Ne te fais pas trop d'illusions. En ce moment, la plupart des universités ont des difficultés financières. Avec la baisse des effectifs d'étudiants, cela justifie les gels de postes. Dans quelques années, même si les universités retrouvent l'équilibre financier, les départs à la retraite s'amenuiseront.
  • Ca fait déjà 10 ans qu'on agite devant les jeunes la carotte des départs en retraite d'une génération qui vont libérer des postes... La réalité est tout autre ! Comment le monde de la recherche peut-il continuer à faire tourner un système où les gens font 10 ans d'études et de post-doc pour les laisser complètement tomber ensuite ? La recherche tourne avec des doctorants et des post-docs, tout ça pour maintenir une caste de chercheurs nantis qui ont eu leur poste à une époque où il suffisait de se baisser pour avoir un poste sans aucun mérite comparé à maintenant.
  • @Plop>" La recherche tourne avec des doctorants et des post-docs"
    Non, en maths ce n'est pas le cas. Tu dois pasrler des domaines scientifiques telles que la bio, la chimie ou la physique où on a besoin des petites mains pour réaliser les expériences.

    "Ca fait déjà 10 ans qu'on agite devant les jeunes la carotte des départs en retraite d'une génération qui vont libérer des postes"
    JLT dit exactement le contraire pour les postes en maths. Je pense qu'il a raison.


    Autrement je suis entièrement d'accord avec le reste de ton message, en particulier
    "une caste de chercheurs nantis qui ont eu leur poste à une époque où il suffisait de se baisser pour avoir un poste"
    Ces gens là tu les retrouve principalement secrétaire départemental du SNESUP, voire mieux (l'exemple caricatural était l'ancien secrétaire national du SNESUP, qui venait gueuler pour des sous pour la recherche alors que lui ca faisait 20 ans qu'il n'en avait plus fait!!)

    " sans aucun mérite comparé à maintenant.": Je te rassure (ou pas ...). Beaucoup de recruté actuel ne mérite pas leur poste.
  • Il y a un peu plus de dix ans, j'étais un des signataires de cet article.

    http://postes.smai.emath.fr/avant2014/BILANS/article.pdf
  • Je partage aussi l'avis de JLT.
    Plop a écrit:
    Comment le monde de la recherche peut-il continuer à faire tourner un système où les gens font 10 ans d'études et de post-doc pour les laisser complètement tomber ensuite ?
    Avec des jeunes naïfs et rêveurs, tout est possible...


  • Je ne comprends pas ce que cela a de caricatural?

    A moins que tu veuilles dire que dès que tu es permanent d'un syndicat, tu ne dois plus te mêler de l'emploi de ceux qui ne le sont pas? :-D
  • Brigand :
    > Avec des jeunes naïfs et rêveurs, tout est
    > possible...


    Typiquement la réaction d'un chercheur bien au chaud et tranquille une fois qu'il a un poste...

    Bien sûr, c'est la faute des jeunes qui ont le toupet de faire une thèse et vouloir un travail ensuite. Qu'est-ce qu'il faut pas lire comme conneries... Quand j'étais en M2 (il y a deux ans) la majorité des profs nous poussaient à faire une thèse dans le milieu académique alors qu'ils connaissent très bien la situation... On m'a même déconseillé de faire une thèse CIFRE, parce que c'est moins glorieux et que je risquais de trouver du travail ensuite je suppose.
  • @Plop : ce ne sont pas les chercheurs qui décident du nombre de postes offerts au concours, mais le CA de l'université, qui décide en fonction de l'état financier de l'établissement. La situation de l'emploi s'est clairement détériorée depuis deux ans, avec

    * des universités en difficulté financière maintenant, et qui l'étaient pas il y a deux ans

    * un afflux de candidats étrangers (d'Italie, d'Espagne) qui ne trouvent pas de poste dans leur pays à cause d'une situation encore plus difficile et qui cherchent un poste en France.

    Des profs pouvaient ignorer la situation, ou bien feindre de l'ignorer afin de remplir les effectifs de leur M2. En ce qui me concerne mon avis est que

    * en gros, plus une thèse est "appliquée", plus elle permet de trouver un emploi

    * cependant, une thèse est un travail de longue haleine, on ne la mène au bout que si on est suffisamment motivé, et pour cela il faut s'intéresser au sujet de recherche

    * l'idéal est d'avoir un "parachute". L'agreg peut en constituer un à condition d'aimer l'enseignement, l'ennui est qu'il nécessite un M2, et qu'il est difficile de préparer une agreg simultanément avec un M2 recherche, et il est difficile de préparer l'agreg en même temps que la thèse.

    * A partir de maintenant (2014) et pour un certain nombre d'années, il sera particulièrement difficile de trouver des postes en section 25.
  • Ce n'est guère mieux en section 26. Les dernières statistiques publiées (2012) donnent 5.5 candidats par poste en section 25, 5 candidats par poste en section 26.
  • En 25, le nombre de candidats est de plus de 10 par poste: la loi LRU (reconduite a l'identique par la gauche arrivee au pouvoir) a accentue encore, par rapport a ce que la baisse des departs en retraite aurait donne, la diminution du nombre de postes.
  • Un concours avec un ratio de 1 sur 5 ou 1/10 est un concours facile.

    Ici le problème est la préférence extra-nationale (j'exagère à peine) et le nombre de faux-concours
  • Je m'en tiens au ratio nb de postes/nb de qualifiés, qui dit bien ce qu'il veut dire: 20% des qualifiés auront un poste un jour.

    Les chiffres sont là

    http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid24530/les-enseignants-chercheurs.html

    Il faut lire ces statistiques, qui sont très instructives.
  • Ouais bah vous connaissez beaucoup de formations à part la recherche où il y a 20% de gens qui trouvent un poste après ? Je trouve ça hyper choquant perso. Imaginez une école qui aurait ces résultats, elle coulerait en moins de deux ans...

    Là le système continue à tourner, on envoie des centaines de thésards au casse pipe tous les ans, sans que ca choque personne.
  • Bonjour Plop.

    Les écoles de football, y compris les centres de formation des clubs de L1 ont-ils un meilleur rendement ?

    Mais tu proposes sans doute qu'on réduise de 80% le nombre de thésards, c'est ça ?

    Cordialement.
  • Si l'argumentaire sur l'avenir de la recherche doit être réduit à une comparaison avec le football c'est triste...

    Ce que je veux dire c'est qu'on sent qu'il y a un décalage total entre le besoin en chercheurs et les thèses proposées. En tout cas en maths appliquées, des sujets de thèses avec financement ne trouvent pas de candidats... Il y a donc un gap énorme entre les offres de thèses, encore nombreuses et c'est "relativement facile" de trouver un financement, avec le nombre de postes réduit à peau de chagrin.

    La chose qui me dérange c'est quand j'en parle avec des permanents, personne ne semble trouver ça vraiment préoccupant, et les réactions sur cette discussion confirment cette impression. Mais bon je suppose que c'est la nature humaine de voir les choses par son bout de lorgnette, je ne dois pas désobéir à la règle.
  • Après une thèse, on n'est pas obligé de continuer dans le recherche. Il y a d'autres débouchés.
  • En France, énormément d'EC en maths sont en sous-services (en filière maths. Il faudra récupérer les cours de maths des autres filières).
    Donc non, il n'y a pas de besoin d'Ec en maths en France pour l'instant.
  • @Plop: il y a des trucs que tu dis avec lesquels je suis d'accord, d'autres non.

    Est-ce que les permanents mentent aux jeunes sur la situation de l'emploi dans la recherche ? J'ai l'impression que non.
    En tout cas, il y a pas mal de monde qui bosse pour que les données soient sur la table, le succès d'Opération Postes en maths, qui n'a pas d'égal dans les autres disciplines est quand même un fort indice.
    Rappelons aussi que la charte des thèses oblige à mettre les futurs thésards au courant de la situation de l'emploi.
    Après, les jeunes font ce qu'ils veulent (et ils ont le droit de prendre des risques).
    Pour le coup des thèses CIFRE, elles sont un bon moyen d'accéder à l'emploi dans le privé, pas forcément d'accéder à un emploi d'enseignant-chercheur. Ca dépend de la question qui est posée.

    Mais je dois dire que je plains les jeunes qui rentrent en thèse avec l'ambition de devenir enseignant-chercheur. Je pense que ça pourrit un peu leur thèse en les mettant prématurément dans une ambiance de concurrence, alors que le plaisir d'apprendre et de comprendre devrait primer. Pour ma part, je suis entré en thèse pour voir ce que c'était la recherche, pensant plutôt n'y faire qu'un passage. Finalement j'y suis resté. Je pense que ce chemin est celui de pas mal de gens de ma génération. Je vois bien que les choses ont changé, je ne suis pas sûr que ce soit en bien.
    Plop a écrit:
    En tout cas en maths appliquées, des sujets de thèses avec financement ne trouvent pas de candidats... Il y a donc un gap énorme entre les offres de thèses, encore nombreuses et c'est "relativement facile" de trouver un financement, avec le nombre de postes réduit à peau de chagrin.

    Dans le temps, les offres de thèses, ça n'existait pas. Un sujet de thèse n'existait que dès lors que la rencontre entre le directeur ou la directrice de thèse et l'étudiant(e) s'était faite. Pour ma part, je travaille comme ça et je n'imagine pas de faire autrement. Je vois bien que ces histoires de "sujets de thèses avec financement" amènent à subventionner des gens qui n'auraient pas eu de financement classique. Je pense que c'est un mécanisme qui est assez malsain, même si je connais des gens qui l'utilisent honnêtement.

    Après, puisqu'on met les pieds dans le plat, il y a un autre mécanisme qui est malsain, et à qui, je dois bien dire, certains forumeurs, contribuent, c'est l'exaltation de la mise en concurrence, qui amène à concentrer de plus en plus et de plus en plus précocément les meilleurs aux mêmes endroits.
    L'intérêt général n'est pas la somme des intérêts individuels. Quand on dit systématiquement (*)à un jeune qui veut devenir prof qu'il ne doit pas aller à la fac, mais en prépa, puis à celui qui est en prépa, qu'il ne faut pas revenir à la fac près de chez lui, mais au moins aller dans un magistère, eh bien oui, on construit un monde académique avec des M2 engorgés où les gens seront à couteaux tirés pour avoir une alloc' de thèse, tandis que dans d'autres endroits la sélection sera très légère.
    Et puisqu'on parle des postes qui disparaissent, une formation qui ferme, c'est facilement un ou deux postes d'enseignant-chercheur.

    Bon, Joaopa trouvera sans doute que c'est mieux pour le budget de l'Etat de ne pas payer des profs qui enseignent devant 10 étudiants. Mais je suis prêt à parier que d'autres qui ne sont pas de son avis contribuent (à leur insu) à scier l'arbre sur lequel ils sont assis...

    (*) systématiquement est un mot important dans cette phrase.
  • Ce qui est choquant, ce n'est pas le faible ratio entre le nombre de postes dans la recherche et le nombre de thèses, mais le fait qu'il est difficile de trouver des débouchés ailleurs que dans la recherche.
  • @aléa : où exactement vois-tu 5.5 candidats par poste en section 25 ?

    En 2014, il y a eu 238 nouveaux qualifiés MCF 25

    http://cnu25.emath.fr/qualif/result2014.html

    mais seulement 20 postes : http://postes.smai.emath.fr/2014/CONCOURS/MCF25.html
  • J'ai utilisé les derniers chiffres officiels 2012

    http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/statistiques/78/1/Bilan_recrutement_2012_277781.pdf

    page 79. Je préfère utiliser ces chiffres, qui évitent les doublons

    Mais d'accord, avec toi, ça s'est dégradé fortement depuis.
  • @alea: on doit être de la même génération, et pourtant de mon côté, c'était déjà comme tu le décris. Beaucoup de thésards étaient tellement inquiets pour leur avenir qu'on ne parlait plus que de postes et de commissions, si on y a joute tout ceux qui candidataient sans succès, ça ne laissait que peu de place pour les mathématiques. Il n'y avait que quelques fous pour penser qu'il était plus important de calculer un groupe de moodromie où une classe caractéristique plutôt que d'aller perdre du temps dans une conférence pour rencontrer les "décideurs".

    Je suis d'accord avec toi : il faut aller ici faire ceci dire cela, ça ne mène nulle part sur le plan scientifique. Par contre, je ne suis pas d'accord avec ce que tu dis sur l'intérêt personnel. Les mathématiques sont d'abord une science de l'individualité, on cultive son jardin et, ensuite, on peut partager et expliquer aux jeunes comment il faut faire, discuter avec d'autres jardiniers. C'est pour cela que je pense qu'un jeune doit trouver un mathématicien qui va lui apprendre le métier, que ce mathématicien enseigne dans un magistère ou dans l'arrière boutique d'une épicierie, ça n'a aucune importance. Mais il doit avoir conscience qu'à moins d'être un génie, on ne peut pas inventer les choses tout seul, il faut les apprendre.

    Enfin si les thèses ont complètement dégénéré c'est aussi à cause des contraintes qui sont imposées aux thésards et que personnellement j'ai toujours combattu. Les anciens se sont fait les complices de ce nouveau système et ils ont, à mon avis, contribué à détruire le système qui les avait nourri. Aujourd'hui Il faut deux maximum trois ans pour faire sa thèse sinon impossible de trouver un poste, personellement il m'a fallut plus de deux ans pour trouver un sujet et deux ans pour le résoudre et je ne pense pas être particulièrement lent dans mon travail.

    Par ailleurs, les connaissances que propose les master 2 dépasse à peine l'ancien niveau master 1 voir L3 pour ce qui est de la partie "non-spécialisée". Maintenant, on forme des petits robots enfermés dans un petit domaine qui viendront combattre pour leur petit groupe de spécialistes, et l'Université tente de faire croire qu'il ne peut en être autrement, qu'on ne peut la fois savoir ce qu'est un mouvement brownien et savoir calculer un groupe d'homologie. Il faut choisir sa spécialité son labo : edp ou géométrie algébrique, mais comment peut-on faire des mathématiques sans savoir ce qu'est une courbe elliptique ou une série de Fourier?

    On critique souvent sur ce forum le 80% au bac, mais pour la thèse la situation est très similaire. Aujourd'hui tout le monde peut avoir sa thèse quitte à trouver un directeur de thèse pas trop exigeant. Mais la différence avec le secondaire c'est que l'enseignement secondaire est resté méritocratique pour ne pas dire qu'il est l'incarnation de l'ancien système méritocratique, ce qui n'est pas du tout le cas de l'Université qui fonctionne sur un système cooptatif. Plus le directeur de thèse est exigeant et compétent, plus il passe de temps avec ses élèves, moins il passe de temps dans les commissions et dans les conférences et moins ses élèves ont une chance d'obtenir un travail.

    Bonne fêtes de Pâques à tous !
    M.
  • Mauricio écrivait:
    > Par ailleurs, les connaissances que propose les
    > master 2 dépasse à peine l'ancien niveau master
    > 1 voir L3 pour ce qui est de la partie
    > "non-spécialisée". Maintenant, on forme des
    > petits robots enfermés dans un petit domaine qui
    > viendront combattre pour leur petit groupe de
    > spécialistes, et l'Université tente de faire
    > croire qu'il ne peut en être autrement, qu'on ne
    > peut la fois savoir ce qu'est un mouvement
    > brownien et savoir calculer un groupe d'homologie.
    > Il faut choisir sa spécialité son labo : edp ou
    > géométrie algébrique, mais comment peut-on
    > faire des mathématiques sans savoir ce qu'est une
    > courbe elliptique ou une série de Fourier?

    peux-tu être plus précis sur la question de la différence de niveau entre le M2 présent et le M1/L3 passé? peux-tu, en outre, étayer ton propos?

    je ne vois pas le problème qu'il y a à choisir entre la géométrie algébrique et les edp.. déjà que dans un domaine donné, aucun (presque sûrement) chercheur ne connaît tous ses sous-domaines.. Ces deux domaines sont vastes, et prenons l'exemple des edp:
    c'est difficile de demander à un étudiant de maîtriser les éq. elliptiques/paraboliques/hyperboliques, toutes leur ramifications (eq. reaction-diffusion/transport etc..), l'analyse numérique qui va avec (la programmation associée aussi), ET allez soyons fou, les méthodes probabilistes pour attaquer ces problèmes, ET la cohomologie étale ! ou alors ton étudiant en question a déjà 20 ans de pratique mathématique derrière lui.
  • Après, puisqu'on met les pieds dans le plat, il y a un autre mécanisme qui est malsain, et à qui,
    je dois bien dire, certains forumeurs, contribuent, c'est l'exaltation de la mise en concurrence

    Si les différentes formations ne sont pas en concurrence, alors elles peuvent ne jamais se remettre en question, et c'est la porte ouverte au n'importe quoi. Il me semble justement que certains cursus L1-L2 se sont nettement améliorés grâce à la mise en concurrence avec les prépas (en adaptant leur enseignement ou en s'inspirant des méthodes des prépas).

    Mais bien évidemment, on trouvera toujours des pontes ne voulant jamais se remettre en cause et cherchant à absorber la concurrence : les universités ont déjà absorbé les IUT, et cherchent à absorber les prépas, comme ça on arrivera à un système qui ne se remettra plus jamais en question.
    Dans le temps, les offres de thèses, ça n'existait pas. Un sujet de thèse n'existait que dès lors que la rencontre entre le directeur ou la directrice de thèse et l'étudiant(e) s'était faite. Pour ma part, je travaille comme ça et je n'imagine pas de faire autrement. Je vois bien que ces histoires de "sujets de thèses avec financement" amènent à subventionner des gens qui n'auraient pas eu de financement classique. Je pense que c'est un mécanisme qui est assez malsain, même si je connais des gens qui l'utilisent honnêtement.

    Pour être totalement honnête, il faudrait aussi préciser que le système "Un sujet de thèse n'existait que dès lors que la rencontre entre le directeur ou la directrice de thèse et l'étudiant(e) s'était faite" est un mécanisme qui amène à subventionner des gens qui n'auraient pas eu de financement par l'autre système.
  • Bonjour, je suis l'auteur initial du topic.

    Grossièrement, je suis en première année de mathématiques à la fac : il ne serait donc pas sage d'envisager de faire un master recherche et une thèse plus tard ? Dans 8-12 ans, la situation sera identique ?

    Merci d'avance.
    Cordialement, Gregi.
  • Mais bien évidemment, on trouvera toujours des pontes ne voulant jamais se remettre en cause et cherchant à absorber la concurrence : les universités ont déjà absorbé les IUT,
    Ta perception des choses est étrange. Les IUT sont une concurrence pour les facultés de sciences, et n'ont aucun compte à leur rendre.

    @Gregi: Vu la pyramide des âges des enseignants chercheurs, je dirais au doigt mouillé qu'on a encore 4 années très dures, mais que d'ici 8 ans, ça ira mieux, sauf bien sûr si la désaffection des sciences s'aggrave.
    Après, ce sera de toutes façons difficile: en régime moyen , il y a un peu moins de places de MCF en maths (100 places par an) que de places dans les Ecoles Normales Supérieures en maths (120 places par an).
  • Il me semble justement que certains cursus L1-L2 se sont nettement améliorés grâce à la mise en concurrence avec les prépas

    Je ne crois pas. Les cursus de L1-L2 se sont améliorés grâce à la baisse des effectifs des étudiants qui a augmenté le taux d'encadrement. Il a ainsi été possible de supprimer les cours en amphi dans beaucoup d'universités pour les remplacer par des cours-TD.
  • Que signifie "se sont améliorés" dans la phrase:

    ?

    Vu la deuxième partie de la phrase je me demande si c'est vraiment une amélioration. B-)-
    (tout recul social est toujours enrobé dans de l'améliorationisme ou du modernisme)
  • Je crois qu'il veut dire
    * cours avec de petits effectifs (au lieu de cours en amphi)
    * suivi plus régulier (avec des interrogations écrites et orales fréquentes).

    Ceci n'a été rendu possible que "grâce" à la baisse des effectifs des étudiants.
  • JLT:
    Moi je ne pense pas que ce soit le fond de sa pensée. Mais j'imagine qu'on va vite être éclairé. B-)-
  • Gregi: Vu la pyramide des âges des enseignants chercheurs, je dirais au doigt mouillé qu'on a encore 4 années très dures, mais que d'ici 8 ans, ça ira mieux, sauf bien sûr si la désaffection des sciences s'aggrave. Après, ce sera de toutes façons difficile: en régime moyen , il y a un peu moins de places de MCF en maths (100 places par an) que de places dans les Ecoles Normales Supérieures en maths (120 places par an).

    Merci, c'est rassurant ! Avec tout ces avis, c'était inquiétant pour ceux qui aimeraient aspirer à ces postes !
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