V.I. Arnold

Chers amis,

j'ai la tristesse de vous annoncer le décès, survenu ce matin, de V.I. Arnold.

Mauricio

Réponses

  • Une bien triste nouvelle! C'est un grand découvreur qui nous quitte, auteur d'une oeuvre considérable.
  • Merci Mauricio pour cette information ; effectivement la perte d'un tel géant des mathématiques est tragique. Mes condoléances à sa famille, ses amis, et ses nombreux étudiants (toi y compris).

    Un peu de lecture : http://www-history.mcs.st-and.ac.uk/Biographies/Arnold.html
  • Bonsoir à tous,

    Je ne connaissais V.I. Arnold que par ses livres, qui sont formidables. Mes condoléances à tous ceux qui le connaissaient.
    Bien cordialement. :)
  • Je suis très touché, on vient de perdre un des plus grands mathématiciens de notre époque. Son tome II sur les singularités publié chez Mir est une de mes références. Je l'ai d'ailleurs ressorti encore il y a quelques jours. Son livre de problème chez Springer est aussi époustouflant.

    Anecdote personnelle: je lui avais posé une question il y a assez longtemps quand il donnait un séminaire à Ulm et il m'avait fait une réponse détaillée et par écrit la semaine d'aprés!

    Paix à son âme.
  • Une suggestion : en hommage au défunt, nous pourrions faire pour le trivium d'Arnold :

    http://michel.delord.free.fr/trivium.pdf ,

    ce que nous avions fait pour les exercices de Debarre-Lazlo. J'ai commencé à en résoudre quelques-uns dans le fichier joint.

    Jean-Yves Degos
  • :-(
    Paix à son âme.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Y-a-t-il une chapelle ardente ?
  • Mes plus sincères condoléances à sa famille, ses amis et ses élèves...

    Omega.
  • Jean-Yves Degos écrivait:
    > Une suggestion : en hommage au défunt, nous
    > pourrions faire pour le trivium d'Arnold :
    >
    > http://michel.delord.free.fr/trivium.pdf ,
    >
    > ce que nous avions fait pour les exercices de
    > Debarre-Lazlo. J'ai commencé à en résoudre
    > quelques-uns dans le fichier joint.

    Bah, ce n'est pas pour nous, c'est pour les physiciens ce truc.

    Arnold avait écrit dans son trivium : "La fabrication de problémes-types est un gros travail, mais je pense qu’il faut le faire. A titre d'essai je donne une liste de cent problèmes formant un minimum mathématique pour un étudiant en physique."

    Ils sont bons en maths les physiciens russes !
  • Brève notice de "Le Monde" de cet après-midi :

    "Le Russe Vladimir Arnold, considéré comme l'un des plus grands mathématiciens du XXe siècle, est mort subitement jeudi 3 juin en France, à quelques jours de son 73e anniversaire, ont annoncé les agences russes. "Il s'est éteint en France, où il était en mission", a déclaré une représentante de l'institut de mathématiques Steklov à Moscou, Olga Raou, citée par l'agence RIA Novosti.

    "Il est mort d'une péritonite" à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, a précisé à RIA Novosti l'un de ses amis mathématiciens vivant en France, Maxime Kontsévitch. "C'est arrivé très subitement. Il a été admis à l'hôpital hier soir [mercredi]. Il a subi une intervention chirurgicale et n'a pas survécu à l'opération", a ajouté M. Kontsévitch.

    Lauréat à de multiples reprises pour ses recherches – il reçut notamment le prix Crafoord en 1982 et le prix Wolf en 2001 –, Vladimir Arnold était arrivé en France il y a environ deux mois pour qu'on y traite ses problèmes de santé, selon M. Kontsévitch. "Vladimir Igorevitch [Arnold] était l'un des mathématiciens contemporains les plus éminents à tous points de vue", a estimé pour sa part le vice-président de l'Académie des sciences russe, Valéri Kozlov, cité par l'agence Itar-Tass. "Ses travaux contiennent beaucoup de choses indispensables aux représentants d'autres sciences" telles la physique, la chimie et la biologie, a-t-il ajouté.

    THÈSE SUR LA STABILITÉ DES MOUVEMENTS PLANÉTAIRES

    Né le 12 juin 1937 à Odessa, ville portuaire d'Ukraine, Vladimir Arnold est le co-auteur du KAM, un théorème de mécanique classique mis au point dans les années 1950 et portant les initiales de trois mathématiciens : Kolmogorov, Arnold et Moser.

    La thèse réalisée par Arnold sous la direction du mathématicien russe Andreï Kolmogorov (1903-1987) étudie la stabilité des mouvements planétaires. En 1974, l'Union soviétique s'était opposée à ce qu'on lui remette la médaille Fields – la plus prestigieuse récompense pour la reconnaissance de travaux en mathématiques, souvent comparée au prix Nobel –, faisant de lui l'un des mathématiciens les plus éminents n'ayant pas reçu ce prix.

    Vladimir Arnold a travaillé à l'institut de mathématiques Steklov à Moscou puis à l'université Paris-Dauphine jusqu'à sa retraite. Connu pour ses ouvrages didactiques, il est devenu membre de l'Académie des sciences de France dans les années 1980.
    "
  • A noter aussi ses travaux en geometrie symplectique, l'index de Maslov porte d'ailleurs
    souvent le nom d'index d"Arnold-Leray-Maslov.

    Eric
  • trivium pursuit écrivait:
    > Bah, ce n'est pas pour nous, c'est pour les physiciens ce truc.
    > Arnold avait écrit dans son trivium : "La fabrication de problèmes-types est un gros travail, mais je pense qu’il faut le faire. A titre d'essai je donne une liste de cent problèmes formant un minimum mathématique pour un étudiant en physique."
    > Ils sont bons en maths les physiciens russes !

    Voilà une réponse symptomatique, et le diagnostic a déjà été fait :


    Une question a été posée bien des fois, sur laquelle je ne veux pas m'appesantir, car j'y ai déjà répondu souvent dans des
    articles, dans des livres ou de vive voix ; c'est celle-ci : Les sciences ontelles plus d'importance pour l'homme que les lettres et,
    par conséquent, faut-il donner aux enfants une éducation scientifique de préférence à une éducation littéraire; ou bien, faut-il
    leur donner une éducation littéraire de préférence à une éducation scientifique.

    Voici ce que j'ai répondu invariablement : autant vaudrait se demander s'il est plus nécessaire un homme de manger que de
    dormir ; s'il est plus utile de le priver de nourriture en lui permettant le sommeil, ou de le priver de sommeil en lui permettant de
    s'alimenter.

    Je déclare que, dans un cas comme dans l'autre, les choses se passeraient en fin de compte exactement de la même manière ;
    et que le résultat serait, à bref délai, le passage de vie à trépas du bonhomme soumis à un tel régime.

    Or nous sommes depuis longtemps en train de faire à peu près la même sottise pour les deux moitiés de la jeunesse française,
    pour la catégorie des littéraires et celle des scientifiques. En pratiquant une éducation littéraire opposée à l'éducation
    scientifique, en élevant de futurs avocats qui n'auront pas l'idée de la façon dont peut fonctionner une locomotive, à côté
    desquels on pourra voir des ingénieurs possédant peut-être de très fortes connaissances mathématiques, et ignorant toute leur
    vie qu'il a existé un homme qui s'appelait Rabelais et un autre nommé Paul-Louis Courier, on instituera deux castes de demi-
    hommes, mais l'on ne fera jamais, ni une humanité, ni une société, ni une patrie.

    Il est même honteux et humiliant, dans un milieu qui se dit civilisé, de penser qu'une pareille question ait jamais pu être posée !


    Charles-Ange Laisant, L'éducation fondée sur la Science, F. Alcan 1904, p. 71

    Depuis la contre-réforme de 1970, il y a eu un progrès certain. La suppression de l'enseignement des nombres
    concrets a signifié de plus la séparation des mathématiques de "ses domaines d'application" : à côté de la
    production de littéraires sans connaissances scientifiques, l'école produit maintenant des étudiants en
    mathématiques qui ne connaissent pas la physique , des physiciens qui ne connaissent pas les mathématiques …

    Elle a donc passé du stade artisanal de la production de demi-hommes au stade industriel de la production de
    fractions d'hommes, de quarts d'hommes, de huitièmes d'homme …. qui forment ainsi l'élite diplômée de nos
    pays.

    J'essaierai de donner, en partant de l'exemple de l'école des années 1900, des éléments sur les grandeurs qui
    permettent modestement de retrouver l'unité.


    Michel Delord, 23 Novembre 2004

    La suite ici : http://michel.delord.free.fr/banff.pdf

    Jean-Yves Degos
  • Mes condoléances à ses proches. L'institut Steklov, c'est celui qui employait Perelman non ?
  • Bonjour,

    Très triste en effet, heureusement que ces grands esprits ne meurent vraiment jamais.

    Un extrait de l'article proposé par notre ami Aleg:
    La thèse réalisée par Arnold sous la direction du mathématicien russe Andreï Kolmogorov (1903-1987) étudie la stabilité des mouvements planétaires. En 1974, l'Union soviétique s'était opposée à ce qu'on lui remette la médaille Fields – la plus prestigieuse récompense pour la reconnaissance de travaux en mathématiques, souvent comparée au prix Nobel –, faisant de lui l'un des mathématiciens les plus éminents n'ayant pas reçu ce prix.

    Ce passage m'inspire deux questions:
    -> Nikolaï Podgorny et Alexeï Kossyguine étaient à l'époque les deux grands chefs de l'URSS (j'ai vérifié). Pour quelles raisons se sont-ils opposés à l'attribution de cette médaille à Vladimir Arnold ?
    -> Il est donc possible qu'un Etat puisse s'opposer à l'attribution d'une récompense (scientifique) attribuée par le Comité de la Médaille Fields et que ce Comité ne passe pas outre ? Il me semble que Aung San Suu Kyi et le Dalaï Lama ont reçu le prix Nobel de la¨Paix malgré l'opposition ferme des dirigeants birmans et chinois.

    Dans un autre registre, six jours plus tôt, le 28 mai, décédait l'acteur incarnant Arnold dans la série "Arnold et Willy".

    Amicalement.
  • Bonjour Bernard.

    Le procédé est le même pour Boris Pasternak et le prix Nobel. Il suffit de dire, "Volodia, pas question de sortir avec ces voyous, ces bons à riens, ces hooligans. Tu restes à la maison !"

    Comme disait Viktor Korchnoi, en Union Soviétique, pour sourire sur les photos, tu dis pas "cheese", tu dis "visa !".

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Pour ta première question, il me semble que l'explication se trouve dans cette page. Et c'est navrant.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Bonjour Emilie,

    Merci pour tes réponses.

    Peut-être une différence sensible entre Boris Pasternak et Vladimir Arnold:
    -> Boris Pasternak apparait dans le palmares du Prix Nobel de Littérature, même s'il est mentionné "contraint de refuser le prix".
    -> Vladimir Arnold ne figure pas dans la liste des lauréats de la Médaille Fields.

    Cela ne retire rien, bien au contraire aux mérites respectifs de Boris et de Vladimir.

    [Peut-être un transfert vers Histoire des Mathématiques ?]

    Excellent week-end.
  • Il y a une autre possibilité:

    Que l'information

    En 1974, l'Union soviétique s'était opposée à ce qu'on lui remette la médaille Fields

    soit fausse.

    Il faudrait la recouper. Un boulot d'historien. Pauvre Arnold, à peine mort, le voilà entré dans le rayon histoire. Le rayon de la mort...

    avec mes condoléances,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Un de mes profs m'avait raconté que, pour Gromov, les membres russes du comité pour la médaille Fields avaient clairement reçu des menaces (un accident, c'est vite arrivé, surtout si on vote pour n'importe qui...). Du coup, sous la pression, ils avaient choisi un autre (brillant) mathématicien.
    Pour Arnold, c'est peut-être pareil.
  • J'aime cette évocation d'Arnold:

    Arnold

    Qu'il continue de susciter le débat autour de l'enseignement des math en France après sa mort constituerait un bel hommage!
  • Bonsoir(jour),
    Pour ce qui est de l'Union Soviétique au temps de sa grandeur et du rapport qui régnait alors entre son pouvoir politique et ses savants, je peux donner mon témoignage personnel (aussi modeste soit-il, il peut éclairer, néanmoins, des Occidentaux comme vous qui, pardonnez-moi de vous le dire, se prennent souvent pour le nombril du monde et méconnaissent (sciemment ou pas) la réalité de 90 pour cent du monde). L'école nationale des ingénieurs de Tunis a été fondée vers la fin des années soixante par un petit nombre de savants Tunisiens formés presque exclusivement à Polytechnique. Dès sa création, l'école a eu à faire face au problème des enseignants. La Tunisie était un petit pays d'Afrique qui venait d'arracher difficilement son indépendance après des négociations serrées sans aucune effusion de sang (il n'y a pas eu de guerre avec un million de morts comme en Algérie). Le pouvoir politique tunisien avait toujours clamé haut et fort que malgré près de 80 ans de colonisation, la Tunisie ne serait pas rancunière et ferait de la France son principal soutien et allié pour le nouveau combat qui attendait les tunisiens et qui était celui du développement du pays.
    On aurait pu s'attendre à ce que les polytechniciens Tunisiens fassent appel, comme leurs collègues des autres institutions universitaires, à des professeurs français. Pour une raison ou une autre, l'ENIT fit appel à des universitaires Russes. C'est ainsi que, pendant près de 40 ans, les meilleurs ingénieurs du pays furent formés par des enseignants Russes de très haut niveau scientifique, technique et humanitaire. J'ai eu l'occasion de suivre les cours de ces professeurs Russes. Comme beaucoup de gens habitués à la propagande Occidentale, je m'attendais à recevoir les cours de personnes ne cherchant qu'à fuir le système qui sévissait alors en Russie et je pensais que celle-ci ne nous avait envoyé que des professeurs moyens (imagine-t-on des académiciens à Tunis ?). J'étais très sceptique. Quelle fut grande ma surprise devant la qualité et la compétence de ces représentants de l'intelligentsia Soviétique. Bon, je ne vais pas m'alanguir. Ces messieurs et dames en mission ne parlaient pas d'un pays (le leur) qui, comme le décrivait l'occident, était presque sous-développé. Les Tunisiens qui ont bénéficié de leurs cours à l'ENIT se rendirent compte qu'ils avaient affaire à des savants de très haut niveau comme l'étaient les nombreux coopérants Français de la faculté des sciences toute proche qui a formé l'école mathématique de notre pays (il ne faut pas oublier que l'urss était la deuxième si ce n'est la première puissance scientifique sur terre). Un jour, intrigué par la qualité de son cours et titillé par la curiosité, j'ai osé parler à un des professeurs des dissidents comme Sakharov.Il a d'abord éludé mes questions, refusant de parler politique, puis il a fini par se lacher. Pour lui, Sakharov n'était pas un aussi grand savant que l'on disait. Ce n'était pas n'importe qui, mais leur pays aurait compté un grand nombre de savants de niveau mondial travaillant en total anonymat, dans le secret absolu. Les plus grands savants Russes n'auraient pas été ceux qui étaient récompensés par les distinctions comme les prix Nobel et Fields. Il y en aurait eu beaucoup d'autres dont on ne parlait pas... Aujourd'hui, les Russes parlent. L'un d'eux s'est écrié devant l'arrogance d'un français : "Mais, mon cher monsieur, vous parlez de la France comme d'un pays riche ! Les pays riches de ce monde ne sont pas ceux que vous croyez ! L'Inde, la Russie, la Chine sont des pays riches..." Je vous laisse méditer sur sa colère...
  • Il est vrai que l'ENIT était la chasse gardée des Russes (je m'en souviens très bien).
    A Sfax (à l'ENIS), nous avions quelques Polonais, Tchèques et Bulgares, qui arrivaient en ordre dispersé, sans esprit de domination. J'ai gardé d'eux un excellent souvenir.
  • Salut,
    Oui, Richard, il y a des gens comme toi que j'admire beaucoup et qui quittent leur beau pays pour partir en coopérants dans des pays moins nantis. En plus, tu n'as pas enseigné près de la riviera (à Hammamet ou à Sousse) où tu te la serais coulé douce (discothèques, sorties, restaus, plages...). Toi, tu as été à Sfax et Gabes dans la Tunisie profonde, tu es un homme culturellement riche et enrichissant. Chapeau, mon ami ! Ceci dit, n'oublions pas que le fil est consacré à la mémoire de Arnold : mes condoléances à sa famille... Et à son pays (qu'il n'aimait apparemment pas, allez savoir : on ne part pas en exil sans raison ?).
  • Je vous recopie le message envoyé ce matin par mon ami Emmanuel Ferrand, pour information.

    "Celles et ceux qui le souhaitent pourront donner un dernier adieu à Vladimir Igorevitch
    mardi 8 juin, de 14h a 16h, chambre mortuaire de l'hopital Saint Antoine,
    23 rue de Chaligny, Paris 12, metro Faidherbe-Chaligny ou Reuilly-Diderot.

    Merci de diffuser cette information auprès des personnes concernées.

    Amicalement, Emmanuel."
  • Je ressent une grande tristesse, j'èspère que demain j'arriverai avant 16h
    pour lui rendre un dernier hommage.
  • Merci, Lumirre et Mauricio...
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